16 janvier 2019
Lynx mâle ayant dispersé en 2015 dans le sud du Massif des Vosges depuis le Doubs où il avait déjà été photographié
Lynx mâle ayant dispersé en 2015 dans le sud du Massif des Vosges depuis le Doubs où il avait déjà été photographié -Crédit photo : CROC 2016
Le Cerema est partenaire d’un projet de recherche destiné à éviter, réduire et compenser la mortalité du Lynx en raison du risque de collisions avec les véhicules. Le projet de recherche ITTECOP ERC-Lynx vise à maintenir et améliorer la connectivité écologique entre les habitats du Lynx boréal en France. L’enjeu est de créer un outil de modélisation aidant les techniciens et décideurs à l’échelle des territoires concernés à la mise en œuvre des politiques d’aménagement en particulier, la Trame Verte et Bleue.

Favoriser le maintien de la population de lynx

Les infrastructures de transport terrestres (ITT), aussi bien routières que ferroviaires, contribuent au morcellement de l’habitat du Lynx boréal, une espèce protégée. Elles constituent un frein à la dispersion des individus qui est indispensable au maintien de la population. De plus, les collisions sont l’une des principales causes de mortalité du Lynx dans le Jura (cœur de la population française de lynx), où vivent entre 80 et 120 individus.

Lynx boréal
Lynx boréal - CC-BY-SA Mpiet

Ce projet, qui s’inscrit dans la continuité d’un projet ITTECOP (Infrastructures de transports terrestres, écosystèmes et paysages) antérieur portant sur la viabilité des populations des Lynx et la caractérisation des collisions, regroupe le Centre d’Ecologie Fonctionnelle et Evolutive (CEFE) du CNRS, le Cerema, le Centre de Recherche et d’Observation sur les Carnivores (CROC) et l’Office National de la Chasse et de la Faune Sauvage (ONCFS). Il associe également de nombreux acteurs locaux[1].

Les deux objectifs principaux du projet, d’une durée de deux ans et demi (2018-2020), sont :

  • Le maintien d’une connectivité écologique fonctionnelle entre les habitats favorables du Lynx, et la mise en œuvre de mesures correctrices permettant d’éviter, de réduire ou compenser le risque de collision.
  • La création, l’utilisation et l’appropriation d’un outil innovant et robuste en vue de renforcer la mise en œuvre de politiques publiques d’aménagement du territoire telle la Trame Verte et Bleue et ses déclinaisons régionales.

Cet outil permettra de prédire les risques de collision et la viabilité des populations de Lynx en fonction de scénarios d’aménagement (par exemple : doublement d’une voie, création, modification ou suppression d’un passage à faune ou d’un corridor, création d’une chaussée, augmentation de la vitesse, requalification d’un itinéraire, pose de clôtures…).

Il constituera une aide à la décision dans le choix, la localisation et l’entretien de mesures correctrices prioritaires, sur lesquelles orienter les efforts d’aménagement et de financement.

 

Un modèle pour une interface évolutive

capture d'écran du site du projetL’outil d’aide à la décision est élaboré à travers une série d’ateliers de co-construction destinés à mettre en commun les nombreuses connaissances nécessaires. Il se présentera sous la forme d’une interface avec une carte reprenant différents paramètres qui doivent pouvoir évoluer (intensité du trafic routier, pourcentage de forêt, démographie…).

Au-delà de sa contribution dans les ateliers à la démarche de co-construction de l’outil, le Cerema, en collaboration étroite avec ses partenaires, travaillera plus spécifiquement en 2019  sur :

  • L’amélioration de la qualité des variables "transports" du modèle, par la collecte d’informations sur les tronçons les plus accidentogènes du massif du Jura en particulier (départements du Doubs, du Jura et de l’Ain) et leur exploitation en vue d’une analyse fine des causes des collisions.
  • Le bilan des mesures correctrices déjà existantes comprenant, pour exemple, l’efficacité des éco-passages et la proposition de leur adaptation ainsi que de nouvelles mesures à engager de manière concrète.

Cette problématique et les pistes d’actions qui en découleront sont actuellement discutées dans le cadre du Plan National pour la Conservation du Lynx (PNCL), piloté par la Société Française pour l'Etude des la Protection des Mammifères (SFEPM) pour le WWF France, ainsi qu’à l’échelle régionale dans le Programme Lynx Massif des Vosges (PLMV) coordonné par le CROC. Elles devront également être intégrées au Plan National d’Action Lynx dont l’élaboration se fera sous le pilotage de la DREAL Bourgogne Franche Comté et de l’ONCFS.


[1] Etat (CGDD, DGITM) et plusieurs de ses établissements publics (DREAL, DDT, ONF, ONCFS et AFB …), collectivités (Région, Services routes et/ou environnement des conseils départementaux (Doubs, Jura)), Concessionnaires d’ITT (SNCF réseau, APRR, EIFFAGE, VNF), espaces naturels protégés (PNR, Réserve naturelle), association locale de protection de la nature (centre de soin ATHENAS, LPO, …), de chasse (FDC, …), chercheurs (Université de Besançon, …)