
Rassemblant les acteurs de la mobilité et les acteurs académiques, le congrès ATEC-ITS, placé sous le thème "Mobilités pour tous et partout ? Quelles transitions et transformations ?", a permis de discuter des multiples évolutions et défis liés à la mobilité de demain. Les thématiques abordées incluaient notamment la transition écologique, les nouveaux outils numériques, ainsi que des retours d’expérience sur des innovations en cours.
L’ATEC ITS France devient Mobil’inPulse, amorçant une nouvelle trajectoire alignée avec les défis environnementaux, sociaux et économiques. Annabelle Ferry a également été nommée vice-présidente du Collège 1 (secteur public) pour Mobil’inPulse, affirmant le leadership du Cerema dans cette transition.
Mobilités et territoires
Coût du carbone : Émissions de CO2 et coût des mobilités, quelle stratégie de mobilités mettre en place et comment ?
Une étude récente du Cerema/Laet financée par l'Ademe sur les évolutions des émissions de GES de la mobilité des français sur 25 ans (analyse des 3 dernières enquêtes nationales transports du SDES 1994-2008-2019), présentée par Nicolas Nuyttens, a révélé une augmentation de + de 20% de ces dernières. Cette augmentation est due à une augmentation de + de 12% de la population et une augmentation de + de 7% des émissions moyennes individuelles. Si le nombre des déplacements est resté relativement constant, c'est la longueur des déplacements individuels qui a beaucoup augmenté (+ de 18%).
Les données de l'EMC² de Grenoble 2020 ont montré que si la part maximale des déplacements (40%) se situe dans la classe de distances de 1 à 5 km du centre de Grenoble, la part maximale des émissions de GES (50%) se situe elle dans la classe de distances de 10 à 50km. Ces résultats se retrouvent sur les autres territoires couverts par une EMC².
Pour appuyer les territoires dans la mise en œuvre de leur stratégie de décarbonation (diagnostic, priorisation des enjeux/leviers d'actions, scénarios et projections, évaluation des solutions), le Cerema déploie un programme bas carbone comportant un volet mobilités. L'objectif est de poursuivre la construction d'outils et méthodes appropriés à chaque type de territoire : depuis le territoire sans données de mobilités (usage de données en opendata des navettes domiciles-travail mob pro de l'INSEE, tableur de comparaison de solutions de mobilités à partir de leurs coûts et émissions de GES évitées) jusqu'au territoire doté d'un modèle de déplacements (couplage avec l'outil CopCerema pour les émissions), en passant par les territoires disposant de données d'enquêtes (EMC², transport domicile-travail, marchandises).
Sécurité routière vélos et véhicules intermédiaires
Les spécialistes du Cerema ont réalisé quatre interventions lors de cette session. Thomas Durlin du Cerema Territoires et Ville a présenté les travaux en cours sur la circulation sûre des véhicules intermédiaires, dans le cadre du projet Extrême Défi. Il a notamment abordé les enjeux liés à la ré-émergence de ces véhicules et les mesures de sécurité mises en place pour garantir une cohabitation sereine avec les autres usagers de la route, un sujet qu'il a approfondi lors d’un webinaire sur ce sujet : "La ré-émergence des véhicules intermédiaires : de quoi parle-t-on ?".
Mélanie D’Auria Llexa, du Cerema Centre Est, a ensuite pris la parole pour partager son étude sur la croisée de données entre les pratiques cyclistes et les accidents dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Valérie Battaglia (Cerema Méditerranée) et Alexandre Depetris (Cerema Territoires et Ville) ont présenté le projet Zebra, qui utilise l’intelligence artificielle pour sécuriser les passages piétons, en mettant l’accent sur les solutions innovantes pour améliorer la sécurité des piétons
Enfin, Guillaume Rognon (Cerema Centre Est) a collaboré avec une équipe de Michelin et le Conseil départemental du Puy-de-Dôme pour analyser conjointement les données sur les accidents et le comportement des cyclistes, avec un focus particulier sur le réseau routier du Puy-de-Dôme.
SERM et cars express : booster les transports collectifs
Depuis la loi du 27 décembre 2023, une première étape de mise en œuvre du programme SERM (Services express régionaux métropolitains) a été franchie avec la labellisation par le ministre chargé des Transports Patrice Vergriete de 24 projets de SERM en juin et juillet 2024. C'est dans ce contexte de forte actualité que Gerome Charrier (Cerema) et Anne-Céline Imbaud de Trogoff (SGP) ont animé une session entièrement dédiée à ces projets majeurs de structuration es territoires, en présence d'Edouard Parant, coordonnateur national des SERM.
Tous les modes de transport et services de mobilité ont été abordés :
- le ferroviaire par Mott MacDonald avec la présentation de la célèbre Elizabeth Line londonienne,
- les cars express par les chercheurs de l'ENPC et du CIRED avec un benchmark des niveaux de performance de lignes dans différents pays,
- les lignes de covoiturage par Ecov avec la présentation d'un outil de modélisation du potentiel pour ces services,
Enfin, le projet de titre unique, visant à développer une solution billettique simple et utilisable sur tous les territoires national, et à fortiori dans les SERM.
Les échanges ont mis en avant à la fois les enjeux de gouvernance et de financement de ces projets complexes. Mais aussi la nécessité d'une approche centrée sur le service rendu aux usagers à court, moyen et long terme, pour guider ces projets de grande envergure.
Le Cerema a réuni toutes les informations concernant les SERM sur une page web :
Les 3èmes rencontres de l’observatoire des MaaS
Le Cerema a organisé les rencontres 2025 de l’observatoire des MaaS, en partenariat avec la DGITM et le soutien de la FNTV, l’UTPF, l’ADCET, Syntec-Ingénierie et Mobil’in Pulse.
Ces rencontres ont ainsi été l’occasion de prendre un temps de recul sur les projets "MaaS" déployés en France depuis quelques années. Ont notamment été présentés différents retours d’expériences de territoires :
- L’intégration du stationnement et du réseau de bornes de recharge électrique dans la plateforme MaaS de Montpellier Méditerranée Métropole
- Les enjeux du MaaS du Syndicat Mixte des Mobilités de l'Aire Grenobloise, d'un point de vue organisationnel, technique et vis à vis des usagers.
- L’offre de post-paiement digital déployée par le syndicat Mixte Atoumod en Normandie
Pierre-André Horth, chercheur au Cerema (laboratoire MATRIS ) a présenté travaux issus de sa thèse publiée à l’automne 2024. Il a notamment présenté son analyse du potentiel du décloisonnement de la mobilité par les services numériques de mobilités appelés MaaS en prenant le cas d’usage du territoire des Hauts-de-France.
Pierre Gréau, Chef de projet MaaS au Cerema, a présenté les différents chantiers en cours au sein de l’observatoire :
- La mise à jour de l’inventaire des plateformes déployées en France
- Le lancement d’un groupe de travail avec Mobil’In Pulse sur l’Open-payment
- La poursuite des réflexions du groupe de travail MaaS et voiture
- Le groupe de travail sur les facteurs d’optimisation des plateformes Maas Territoriales
Deux tables rondes ont ensuite été animées : La première pour échanger vis-à-vis des enjeux et leviers d’optimisation des plateformes MaaS territoriales avec Deborah Tourmente, Responsable de projets nouvelles mobilités à la Métropole Rouen Normandie, et Jean Bachmann, coordonnateur Mission MaaS et Services Innovants à la Métropole Montpelier Méditerranée.
La seconde pour dialoguer sur les enjeux d’interopérabilités entre systèmes territoriaux, régionaux, nationaux avec Ghislain Delabie, directeur de projet à la Fabrique des Mobilités, Claire Heidsiek, Directrice Territoires Innovation et Nouvelles Mobilités à la région Grand-Est, Maxime Siret Intrapreneur – Chef de produit numérique transport.data.gouv.fr, et Jorge Gonzalez, Responsable d'études Systèmes d'information des services de mobilité à la DGITM.
Ont ainsi été présentés :
- Le retour d’expérience de la région Grand-Est vis-à-vis du déploiement de la plateforme CB2D
- Les travaux menées par la DGITM sur le point d’accès national avec transport.data.gouv.fr, notamment ceux sur le registre de points d’arrêt de transport, .
- Le projet de plateforme nationale d’interopérabilité prévue dans le cadre du projet Titre Unique de Transport porté par la DGITM.
Pour en savoir plus, consultez le compte-rendu des rencontres de l’observatoire des Maas :
Mobilités connectées et automatisées : les dernières avancées
Déploiement des équipements C-ITS et perspectives d’intégration en urbain
Cette présentation par Cristina Buraga, Renan Perrot et Jean-Philippe Méchin revenait sur l'intérêt des Systèmes de Transport Intelligents Coopératifs pour la gestion du trafic. Les projets coopératifs de Systèmes de Transport Intelligents Coopératifs (C-ITS) en France répondent au besoin d'améliorer la sécurité routière et la gestion du trafic grâce à des équipements connectés, qui facilitent les communications entre les véhicules, les gestionnaires d'infrastructure et les usagers.
A travers les premiers retours en France, la communication met en avant les réussites techniques du déploiement des équipements C-ITS, ainsi que la mise en exploitation par les gestionnaires appuyée par les équipes du Cerema. L’accent est mis sur les nouveaux cas d’usages développés dans les environnements urbains et métropolitains, notamment sur le site Méditerranée dans le projet InDiD.
Cela concerne l’étude de sélection des sites d’installation appropriés aux besoins de gestion et sécurité du trafic sur le réseau de la DIRMED, ainsi que les cas d’usages réalisés et testés sur les sites de la ville d’Aix-en-Provence et la Métropole Aix-Marseille-Provence. En parallèle, un site de démonstration du Cerema Méditerranée permet de vérifier la fiabilité et l’interopérabilité des communications entre les différents composants, afin d’explorer des cas d’usages spécifiques pour les partenaires du projet et d’offrir une plateforme de tests avant déploiement à grande échelle.
Présentée dans le grand salon, la session a rassemblé un public nombreux, dont les partenaires du projet, mettant en avant le rôle clé du Cerema Direction Territoriale Méditerranée dans l’accompagnement des gestionnaires.
Régulation du trafic
Open data de la signalisation routière : le Cerema accompagne les collectivités
Jean-Philippe Méchin a présenté le travail du Cerema auprès des collectivités en matière de données sur la signalisation. Les collectivités territoriales sont confrontées à une hausse du trafic sur certaines routes locales depuis l’arrivée d’acteurs comme Waze, qui ne respectent pas les règles de l’art du calcul d’itinéraire. Dans les années 90 / 2000, les cartographes comme Teleatlas et Navtech utilisaient la norme internationale GDF, classant les routes selon leur fonction : transit international, national, régional ou simple desserte locale. Les calculateurs d’itinéraire comme Here, TomTom ou ViaMichelin tenaient compte de cette hiérarchie, préservant ainsi la sécurité et limitant les nuisances pour les riverains.
L’arrivée de nouveaux acteurs a bouleversé cet équilibre, générant des détournements de trafic à travers des zones résidentielles, exposant les habitants et les infrastructures à des flux inadaptés, notamment de poids lourds ou de vacanciers en transit. Pour y remédier, la directive européenne STI impose aux gestionnaires d’infrastructure de partager des données harmonisées sur la signalisation routière, les classes de routes, les itinéraires de déviation et les événements affectant la circulation. L'ensemble doit être fournit de façon uniforme avec un même format d'échange à travers l'ensemble de l'Union Européenne via les points d'accès nationaux (PAN). Pour la France c'est le site transport.data.gouv.fr qui constitue ce PAN ou NAP en anglais.
Dans ce cadre, le projet européen NAPCORE et son extension NAPCORE X ont établi des règles d’harmonisation des Points d’Accès Nationaux (PAN), dont transport.data.gouv.fr pour la France. En tant qu’acteur clé du consortium réunissant 27 pays ainsi que la Suisse, la Norvège et le Royaume-Uni, le Cerema accompagne les collectivités dans cette transition. Grâce à CereMap 3D, il accélère la production des données pour atteindre l’objectif fixé par la directive : couvrir les 980 000 km du réseau routier français d’ici fin 2027.
Vers une gestion augmentée des routes et du trafic
Présidée par Frédéric Fabre (Cerema) et rapportée par Patrick Gendre (Cerema), la session a rassemblé une cinquantaine de participants, malgré l’horaire matinal. L’échange a été dynamique, notamment autour de la plateforme AVATAR.
La présentation de AVATAR (Analyse et Visualisation Automatique de données de Trafic Routier) par Émilie Butel (Cerema) et Olivier Tronck (Neovya) a suscité un vif intérêt, si bien qu'une seconde démonstration a été programmée dès le lendemain.
Développée pour collecter, analyser et partager les données de trafic routier des gestionnaires (État, métropoles, départements), AVATAR intègre un module d’intelligence artificielle permettant d’identifier et de corriger les données erronées. L’outil se déploie progressivement aux 11 DIR, aux métropoles (Strasbourg, Lyon, Nantes) et aux départements, avec une interconnexion aux principaux fournisseurs de données de trafic.
Les discussions ont porté sur plusieurs points :
- Fiabilité des données : AVATAR identifie les données reconstituées via des indicateurs, bien que la documentation puisse être améliorée.
- Détection des anomalies : basée sur des seuils définis, en considérant les données des gestionnaires comme référence.
- Calcul du TMJA (Trafic Moyen Journalier Annuel) : réalisé directement par AVATAR et accessible via API, uniquement pour les capteurs permanents.
Cette session a confirmé l’intérêt croissant pour des outils numériques optimisant la gestion du trafic routier et facilitant l’interopérabilité entre acteurs.
Anticiper et organiser la logistique urbaine pendant les Jeux Olympiques et Paralympiques : les outils JOPTIMIZ
Lors de cette session, Marie Couvrat-Desvergnes, accompagnée de l’équipe InterLUD et de Jean-Philippe Elie (LLC), a présenté les outils numériques développés dans le cadre des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Ces 4 outils, intégrés dans la plateforme JOPTIMIZ, visent à anticiper les flux de livraisons et à organiser la logistique urbaine pendant l’événement.
La Ville de Paris, représentée par Kelly Dufour, a également partagé son retour d’expérience sur les préparations en cours et les actions de soutien pour la mise en œuvre de ces outils. L’objectif à terme est de déployer ces solutions à l’échelle des collectivités françaises.
Voies réservées au covoiturage : passer à la vitesse supérieure
Présidée par Bruno Levilly et rapportée par Alexis Bacelar, cette session a couvert l’ensemble des enjeux liés aux voies réservées au covoiturage (VR2+), attirant jusqu’à 45 participants. Les interventions ont permis de présenter :
- Trois évaluations a posteriori sur des voies existantes (Lyon, Grenoble, Aubagne).
- Une évaluation a priori en amont d’un projet de VR2+.
- Le projet national TRAPEZE, qui combine infrastructure, services et gestion dynamique du trafic pour encourager le covoiturage.
- Une évaluation de capteurs permettant de comptabiliser le nombre d’occupants dans les véhicules.
Mathieu Luzerne et Julien Verdier ont souligné la dynamique croissante du développement des voies réservées, avec des gains de temps de parcours et de vitesse clairement visibles pour les usagers. Bien que ces infrastructures soient encore récentes, des améliorations sont nécessaires, notamment pour limiter la fraude et mieux accompagner les usagers.
Les discussions ont mis en lumière plusieurs enjeux :
- Fluidité du trafic, y compris sur les voies adjacentes.
- Réduction de la fraude, encore difficile à évaluer en l'absence de radars de contrôle-sanction sur certaines sections (exception faite de l’A502, où elle est limitée à 15-20 %).
- Communication et accompagnement, jugés essentiels pour une bonne appropriation des aménagements par les usagers.
Sur le projet TRAPEZE, une question clé concernait le contrôle des AIG (Autosolistes d’Intérêt Général) : ces conducteurs ayant proposé du covoiturage sans trouver de passager pourraient être autorisés à emprunter les VR2+. Un travail est en cours avec la DGITM pour définir leur statut et travailler sur leur acceptabilité auprès des autres usagers.
Évaluation des voies réservées sur M6/M7 à Lyon
Victor Boulanger a présenté l’étude menée par le Cerema depuis 2020 sur les voies réservées au covoiturage et aux transports en commun de la métropole de Lyon. L’évaluation porte sur plusieurs aspects :
- Sécurité des déplacements,
- Appropriation par les usagers et exploitants,
- Impact sur la circulation et les transports en commun.
Les premiers résultats seront affinés suite à la mise en place de la vidéo-verbalisation sur ces sections. Les échanges ont montré que, si ces projets étaient complexes il y a quelques années, les référentiels techniques, méthodologies simplifiées et retours d’expérience permettent désormais un déploiement plus aisé.
Etudier les comportements et améliorer la sécurité des usagers
Comprendre et mesurer les comportements cyclistes : un enjeu clé pour les mobilités durables
Les enjeux environnementaux et sociétaux imposent d'adapter les infrastructures et d'analyser les comportements des usagers. Cristina Buraga, Jérémie Bossu et Valérie Leray ont présenté un état de l'art des technologies de mesure des déplacements, comparant les mobilités actives aux trafics motorisés. L'objectif est d'aider les gestionnaires à choisir les dispositifs les plus adaptés aux contextes d'implantation et aux types d'usagers (vélos, piétons, trottinettes), en tenant compte de leurs performances et contraintes d'utilisation.
Une seconde intervention, portée par Cristina Buraga et Valérie Leray, a détaillé la méthodologie d’évaluation des capteurs de comptage des modes doux. Cette approche, développée par le Cerema, repose sur des tests en conditions réelles menés en partenariat avec les collectivités. L'évaluation métrologique et fonctionnelle permet d'apporter des recommandations techniques pour mieux accompagner les décideurs dans leurs choix d'équipements et l'analyse des données collectées.
Illustrée par des expérimentations sur la Coulée verte en Île-de-France, cette présentation met en lumière l'importance d'outils fiables pour une meilleure gestion des mobilités cyclables et la structuration des données de transport multimodal.
Les difficultés liées à la détection des modes doux et la caractérisation des comportements des usagers ont été abordées, et la méthodologie a été détaillée à travers des exemples concrets. Les dispositifs proposés par les industriels sont évalués sur la base d’indicateurs de mesure, utilisant des données individuelles et agrégées, pour permettre une analyse précise des performances.
Des expérimentations menées avec les collectivités locales ont permis de tester ces dispositifs sur le terrain et de fournir des recommandations techniques aux gestionnaires. Ces travaux visent à éclairer les choix des décideurs et à adapter les systèmes de mesure aux besoins spécifiques des territoires, illustrés par des tests réalisés sur la Coulée verte en Île-de-France.
Lors de l'événement, le Cerema a présenté un projet clé visant à améliorer la sécurité et l’efficacité de la mobilité cycliste dans les intersections urbaines. En collaboration avec l'IFPEN (Institut Français du Pétrole et des Énergies Nouvelles), l'équipe menée par Hakim Ouaras a travaillé sur la calibration des modèles microscopiques qui simulent les interactions entre cyclistes et véhicules. L’objectif était de concevoir un modèle précis, utilisant des données variées comme celles des GPS, boucles magnétiques et vidéos, pour mieux comprendre et anticiper les comportements sur les routes.
L’étude se distingue par l'intégration d’une méthodologie innovante qui optimise les données collectées pour une simulation réaliste dans SUMO. Les premiers résultats sont prometteurs, montrant une correspondance solide avec les données réelles, ce qui permet d’envisager l’application de solutions ITS avant leur mise en œuvre sur le terrain.
Enfin, l'équipe souligne que des améliorations sont possibles, notamment avec l’ajout de facteurs externes comme les conditions météorologiques et le comportement des piétons, pour rendre cette modélisation encore plus fiable et adaptable à d’autres environnements urbains.
Modéliser l'usage du vélo et le report modal
Dans le cadre de la planification de la mobilité durable, Julien Harache et Marlene Bourgeois (Cerema) ont abordé les difficultés rencontrées par les modèles statiques de déplacements pour modéliser une forte croissance de la part modale du vélo. Ces modèles, qui se basent sur les données des enquêtes de mobilité certifiées Cerema (EMC²), ne parviennent pas à anticiper les ruptures de tendance nécessaires pour projeter des scénarios futurs.
En réponse à cette limitation, le Cerema a développé une méthode interne permettant d’estimer le potentiel de report modal vers le vélo. À partir des résultats de l’enquête mobilité 2009, l’équipe a calculé ce potentiel pour le territoire de Nice Métropole Côte d'Azur. Ce calcul a ensuite été utilisé pour calibrer les scénarios prospectifs et atteindre l’objectif ambitieux de 10% de part modale vélo à moyen terme, fixé par la collectivité.
L’étude a permis de projeter un potentiel de déplacements cyclables à l’horizon 2035, lequel a été spatialement intégré sur un réseau cyclable simplifié. Ce travail a révélé les enjeux liés à une augmentation aussi significative de la part modale du vélo et a ouvert la réflexion sur les conditions nécessaires pour réussir une politique de mobilité alternative à l’autosolisme.
Etudier les usagers vulnérables
Dans cette session consacrée aux modes doux et inclusifs, Thomas Durlin (Cerema Territoires et Ville) et David Doucet (Cerema Normandie Centre) ont présenté les avancées du projet ATUVVU (Analyse Technique de l'Utilisation de la Vidéo Urbaine pour les Usagers Vulnérables), portant sur l’analyse automatique de vidéo pour étudier le comportement et les interactions des usagers vulnérables en milieu urbain. Ce projet s'inscrit dans une démarche visant à améliorer la sécurité de ces usagers, un enjeu crucial face à la mortalité et à la gravité des accidents.
L’intervention a d'abord porté sur les besoins spécifiques des collectivités et des gestionnaires routiers concernant l'observation des comportements des usagers vulnérables : quelles situations doivent être surveillées et pour quels objectifs. La méthodologie présentée permet d'utiliser l’outil vidéo couplé à de l’analyse automatique pour recueillir des données précieuses sur les interactions entre différents usagers et évaluer les niveaux de confort ou de risque. Les résultats de cette analyse apportent ainsi des indicateurs permettant de mieux comprendre la mobilité de ces usagers et de définir des stratégies pour améliorer leur sécurité.
Analyser l'accidentalité des cyclistes
Dans le cadre de la politique publique de développement des modes actifs qui est portée par l’État et les collectivités, l’Observatoire régional de sécurité routière d’Auvergne-Rhône-Alpes (AURA) a souhaité acquérir une meilleure connaissance des pratiques des déplacements à vélo ainsi que de l’accidentalité impliquant les cyclistes. Mélanie D'AURIA-LLEXA a présenté les premiers résultats de l'étude sur le vélo dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Le projet, mené par le Cerema, s’intéresse aux dynamiques de l’accidentalité vélo en AURA au regard de l’évolution des pratiques de mobilité.
L’analyse de l’évolution de l’accidentalité depuis 2010 révèle une augmentation faible mais continue des accidents impliquant un vélo sur la région AURA en volume et en part. Si l’usage du vélo reste faible, son image en tant que mode de déplacement se renforce, sa visibilité s’accroît, notamment dans les communes densément peuplées où son usage est deux fois plus fort que dans les communes de densité intermédiaire et 4 fois plus fort que dans les communes rurales.
La pratique du vélo représente 2 % des déplacements sur la région Auvergne-Rhône-Alpes, contre 11 % de l’accidentalité relevée entre 2019 et 2023. Ainsi, de même que ce qui est observé au niveau national, la pratique du vélo présente un réel enjeu de sécurité routière dans la région.
Les analyses s’articulent autour des caractéristiques des accidents et des victimes à vélo d’un côté et des déplacements et des usagers cyclistes d’un autre. Une comparaison permet également de faire ressortir des éléments de risque.
Pour ne citer que quelques résultats : en moyenne, un déplacement à vélo dure 17 minutes pour une distance parcourue de 2,7km. Les hommes, les personnes de 55 ans ou plus ou les déplacements pour un motif promenade-loisirs présentent une sur risque d'accident. L’étude n’est pas encore finalisée. Elle sera mise en ligne sur le site du Cerema au premier semestre 2025.