11 mai 2020
Route vide aux Etats-Unis
Durant la crise sanitaire, le Cerema contribue aux échanges internationaux sur l’impact du Covid-19 dans le domaine routier. L'Association mondiale de la route (PIARC) a organisé des visioconférences pour répondre aux questionnements, guider les pratiques et tirer des enseignements sur les stratégies de gestion mises en oeuvre. Dans cette première partie, un tour d'horizon des enjeux et réponses à l'international en matière de gestion des infrastructures.

Organisées par l’association mondiale de la route (PIARC), ces sessions en visioconférence permettent de partager les retours d’expérience en temps quasi réel, de répondre aux questionnements, de guider les pratiques mais surtout de tirer des enseignements précieux. 

Même s’il est reconnu que les stratégies de gestion évoquées dans ces échanges ne sauraient dicter des futures pratiques, elles remettent en question les approches traditionnelles et développent la résilience. Le Cerema propose un dossier en deux parties sur ces retours d'expériences.


Le Cerema, au cœur des échanges internationaux lors de la crise sanitaire

infographie des webinairesAlors que la pandémie touche la quasi-totalité des régions du globe, les impacts peuvent être très différents d’un pays à l’autre

Le PIARC, dans son rôle fédérateur de la communauté routière mondiale, a mobilisé de nombreux experts, dont le Cerema, pour échanger autour des principaux enjeux auxquels sont confrontés les gestionnaires et administrations routières dans le monde.

 

Garantir la santé et la sécurité

Bien que ce principe s’applique à l’ensemble de la population, particulièrement aux personnel soignants en première ligne, les travailleurs du monde routier sont également concernés : transport de marchandises, transport en commun, transport aérien, réseau routier, chantiers et interventions d’urgence...

Qu’ils soient sur le terrain ou dans des bureaux, le respect des gestes barrières demande de s’organiser et de revoir les procédures et les habitudes.

 

Maintenir l'activité et la continuité de service

C’est une nécessité à la fois pour répondre aux besoins primaires des populations et pour maintenir l’économie à flot.

Même si le télétravail est généralisé et permet ainsi d’assurer la continuité de certains services, les ressources restent très limitées si on tient compte de la proportion des postes non télétravaillables, des employés qui sont touchés par le virus, et de la disponibilité de ceux qui gardent leurs enfants. Les entreprises et administrations doivent également soutenir les plus vulnérables, notamment quand il s’agit de missions en contact direct du public ou d’autres employés, mais aussi veiller au moral du personnel.

La gestion des ressources dans la durée est une caractéristique essentielle de toute gestion de crise, de même qu’une priorisation pertinente des missions qui doivent rester assurées.

Etablir un ordre de priorité entre les activités essentielles et non essentielles est aussi indispensable pour définir un plan de maintien de l’activité. On voit ainsi l’émergence de nouvelles pratiques de maintenance ou d’exploitation et une augmentation massive du recours aux outils numériques et collaboratifs adaptés au télétravail, parfois dans des organisations qui ne s’y étaient pas préparées avant cette crise.

Un autre point clé souligné au cours de ces partages d’expérience est la nécessité de maintenir les liens stratégiques entre les ministères, les administrations routières, les opérateurs et les partenaires de la chaîne d'approvisionnement.

 

Adapter l’offre de transport aux besoins essentiels

panneau dynamique alerte covid en bord de routeLa tendance est à la réduction importante des transports, tant au niveau national qu’international. La priorité est de maintenir les liaisons critiques et les flux de marchandises essentiels tout en régulant la circulation des personnes.

Une grande partie des pays ont connu des fermetures ou des réductions très importantes dans les transports publics. Les opérateurs routiers ainsi que les autorités organisatrices de la mobilité ont un rôle à jouer en apportant des solutions visant à éviter les déplacements non essentiels (par exemple, l'utilisation des panneaux à message variable).

Les impacts économiques, sociaux et environnementaux sont et seront particulièrement analysés.

Tous les acteurs constatent des effets majeurs (positifs ou négatifs) et très variés : diminution des recettes notamment liée à la baisse des taxes ; réduction de la pollution terrestre ou marine ; renforcement des contrôles de sécurité. Sur ce dernier point, le rôle des organisations est de garantir et maintenir les règles de sécurité des usagers de la route : vitesse, nombre de personnes à bord des véhicules… On note par exemple une très forte augmentation des grands excès de vitesse sur de nombreux réseaux routiers.

Elles peuvent également jouer un rôle en assurant des services appropriés aux transporteurs de marchandises (aires de service avec restauration notamment).


Maintenir la collaboration entre les acteurs

L’infrastructure routière a un rôle à jouer dans le soutien aux entreprises, en particulier pour ce qui concerne les biens périssables ou essentiels. Les gestionnaires routiers se doivent d’entretenir leurs relations avec les clients, les partenaires de la chaîne d'approvisionnement, les entrepreneurs, les petites et moyennes entreprises…

Maintenir leurs propres activités est aussi un enjeu et un défi notamment quand il s’agit du respect des obligations contractuelles, de la mise en œuvre des contrats de concession ou de la gestion des coûts supplémentaires et des retards.

Maintenir les relations entre les clients et les parties prenantes implique notamment de :

  • Fournir des informations précises et en temps utile du point de vue de l’usager
  • Prendre des mesures cohérentes et efficaces dans un contexte administratif complexe
  • Équilibrer la planification technique et l'exécution selon les directives des autorités
  • Gérer les relations avec les médias et communiquer les messages clefs.

 

 

Garantir la sécurité des données

Dans certains pays, les entreprises et les administrations font face à une augmentation des cyber-attaques.

Les changements de comportement des agents en première ligne et les situations de télétravail plus ou moins bien préparées constituent des failles de sécurité que les opérateurs ne peuvent se permettre, surtout quand il s’agit des services d’urgence, de l’armée ou encore des administrations.

 

Les 4 principes incontournables de la gestion de crise

Certains rapports réalisés par les comités techniques du PIARC s’appuyant sur les meilleures pratiques internationales permettent de mettre en évidence quelques éléments clefs pour gérer une crise:

  1. Couverture d'un des guidesCoopération, coordination, communication: La coopération et la coordination sont essentielles dans la gestion des catastrophes et il en va de même dans le cadre de la gestion de la continuité des activités en cas de pandémie. Le sujet de la gestion de l'information est au cœur de ces notions de coopération et de coordination. Le PIARC a publié un rapport "Gestion de l'information sur les catastrophes à l'intention des administrateurs des routes".
  2. Efficacité, efficience: Une gestion efficace et efficiente est un processus continu et dynamique dans le temps, avant, pendant et après l'apparition d'un danger et de ses conséquences. Ces concepts s’appliquent à n’importe quelle situation de crise. Un rapport du PIARC, "Gestion des risques pour les situations d'urgence", est disponible.
  3. Anticipation : Il est nécessaire de décrire les principes généraux d'une approche axée sur la sécurité et des recommandations techniques et opérationnelles pour la protection contre une série de menaces (physiques, informatiques…). Une situation de pandémie est considérée comme une menace : non intentionnelle, non dirigée et imprévue, mais aussi raisonnablement prévisible. Le PIARC a publié à ce sujet le rapport "Sûreté des infrastructures routières" en 2019.
  4. Connaissances : Une bonne compréhension et un traitement approprié de la sécurité des infrastructures routières sont non seulement importants pour la sauvegarde des infrastructures elles-mêmes, mais aussi pour la protection des valeurs sociales et économiques, etc. Deux rapports du PIARC couvrent ce sujet: "Méthodologies et stratégies d'adaptation pour accroître la résilience des routes au changement climatique" et "Sûreté des infrastructures routières" 2015.

 

Retrouvez la seconde partie de ce dossier: