Le 25 juillet 2014, de violents orages ont lourdement impacté le territoire de la Communauté de Communes de Convergence Garonne (CDCCG), en Gironde. Ces pluies diluviennes ont entraîné des inondations par ruissellement, catastrophiques et de grande ampleur, avec des dégâts matériels conséquents.
Caractériser le risque ruissellement sur le territoire
Sur ce territoire, 4 communes, en rive droite de la Garonne, sont particulièrement concernées par l’aléa ruissellement : Paillet, Lestiac-sur-Garonne, Rions et Cardan.
Afin de mieux gérer le risque ruissellement, la CDCCG a missionné le Cerema pour réaliser une étude qui vise 3 objectifs :
- Qualifier précisément l’aléa ruissellement et analyser les enjeux présents sur le territoire ;
- Évaluer le risque ruissellement et élaborer un zonage du risque ruissellement ;
- Émettre des dispositions réglementaires et des préconisations de gestion de ce risque ruissellement, à intégrer dans le PLUi.
Ainsi, la communauté de Communes se donne l’objectif d’associer des règles d’utilisation des sols visant à la fois la protection des biens et des personnes et au développement équilibré des communes.
Dans cette perspective, le Cerema a déployé une méthodologie de cartographie du risque ruissellement, à l’échelle des 27 communes du périmètre d’étude.
Méthodologie déployée
Pour répondre aux objectifs d’étude, cette méthodologie de cartographie du risque ruissellement repose sur 4 grandes étapes en s'appuyant sur une description du phénomène de ruissellement qui identifie les zones de production, les zones de transferts et les zones d'accumulations (IRIP-INRAE).
1/ Modéliser l'aléa
La première étape consiste à modéliser l’aléa ruissellement. L’évènement de référence retenu pour cartographier l’aléa inondation sur le territoire d’étude est une pluie modélisée d’occurrence centennale. Cet aléa de référence a été déterminé via une simulation mathématique en utilisant le modèle numérique Telemac 2D. Ce modèle représente la transformation pluie-débit sur chacune des mailles du modèle.
La pertinence des résultats produits par ce modèle a été vérifiée par rapport aux inondations connues, notamment l’évènement du 25/07/2014, avant de faire une représentation de l’aléa de référence.
Le modèle Telemac, qui se base sur plus de 2,3 millions de mailles, a permis en tout point du territoire d’étude de fournir la hauteur atteinte par l’inondation mais aussi la vitesse d’écoulement des eaux de ruissellement.
Ces 2 paramètres du phénomène de ruissellement sont ensuite croisés et permettent de construire une grille de l’aléa de référence de l’inondation par ruissellement.
2/ Identifier les enjeux
La seconde étape consiste à considérer les enjeux présents sur le territoire. Les enjeux sont les personnes, les biens, les activités ou l’environnement directement menacés par l’aléa de référence.
Cette étape permet de mener une analyse des enjeux vulnérables au phénomène ruissellement.
2 grands types d’enjeux sont identifiés en référence aux données du PLUi :
- Enveloppes Urbaines (Zone Actuellement Urbanisée) : zones de bâti, centre-bourg, des espaces urbains étendus, zone urbaine construite, zone industrielle construite, zones d’activités, parkings, terrains de sport,
- Hors Enveloppes Urbaines (Zone Non Actuellement Urbanisée) : zones naturelles et agricoles, friches agricoles, bâti isolé, prairies et forêts, cultures, hameaux, parkings, terrains de sport, urbanisation lâche, etc.
3/ Cartographier le risque ruissellement dans une perspective réglementaire
La troisième étape permet de caractériser le plus précisément possible les enveloppes du zonage risque ruissellement à portée réglementaire sur l’ensemble des communes du territoire.
En s’inspirant du zonage issu du PPRi Nord-Ouest de Lille 2005, le zonage a été établi, dans un premier temps, suivant une grille de croisement entre les classes d’aléa et les enjeux issue du PLUi (enveloppes urbaines théoriques).
Cependant, le zonage produit, relativement complexe pour les collectivités et qui reposait sur une classification suivant les zones de productions, de transferts et d'accumulation a fait l'objet d'une retranscription pour une lecture simplifiée, tout en en conservant les principes originels.
Le zonage réglementaire simplifié regroupe ainsi les zones d’interdictions, d'autorisations sous conditions ou de prescriptions particulières.
4/ Déterminer les prescriptions réglementaires
La quatrième et dernière étape, consiste à émettre des dispositions réglementaires transposables dans les règlements des PLUi. La rédaction de ces dispositions a été faite sur la base des éléments disponibles et principalement en appui sur le règlement du PPRi Nord-Ouest de Lille.
D’une manière générale, ces dispositions respectent 3 grands principes :
- ne pas augmenter le risque, en interdisant toute nouvelle construction dans les zones les plus exposées au risque,
- préserver les zones d’accumulation et d’écoulement actuelles pour ne pas aggraver les inondations,
- pour les zones aménagées, réduire la vulnérabilité aux inondations de l’existant et des constructions futures.
Enfin, pour chaque niveau de risque, les dispositions se déclinent suivant des :
- Objectifs généraux,
- Principes d’actions et principales recommandations,
- Mesures PLU pour projets et aménagements (constructions, occupations, utilisation des sols),
- Autres mesures dans le PLU pouvant contribuer à la réduction du risque ruissellement.
Résultats et perspectives
Exemple de cartographie du zonage réglementaire
Extrait de la cartographie, à l’échelle du 1/ 5500 du zonage réglementaire sur Paillet.
D’une manière générale, on retrouve le risque fort préférentiellement dans les thalwegs (écoulements à fortes vitesses) et dans les zones de plaine de la Garonne (accumulation du ruissellement et fortes hauteurs d’eau).
Extrait de dispositions du zonage réglementaire
Il est présenté ci-après, un extrait de dispositions du zonage réglementaire concernant le Risque fort en zone rouge.
Dans cette zone s’applique le principe d’inconstructibilité total hors gestion de l’existant.
Il est appliqué un code couleur indiquant dans quel contexte le dispositif réglementaire ou l’objectif s’applique.