Les politiques publiques portent des objectifs ambitieux en termes de décarbonation des territoires, et les mobilités représentent un potentiel de réduction important des émissions de gaz à effet de serre. Les collectivités peuvent favoriser l’usage des modes de transport alternatifs aux énergies fossiles, tout en garantissant la mobilité sur leur territoire.
mobiliser un éventail de solutions
C’est en proposant et en favorisant un mix de solutions alternatives à la voiture individuelle au détriment de celle-ci que les collectivités peuvent accompagner la décarbonation des mobilités. Transports collectifs, modes actifs, urbanisme, logistique sont autant de sujets sur lesquels les collectivités disposent de moyens d’action, et peuvent aussi expérimenter des solutions.
Ce cahier présente plusieurs types de démarches permettant de réduire l’impact environnemental des mobilités. Pour chaque thématique, le cahier présente des recommandations et des ressources documentaires :
- L’articulation entre urbanisme et transports
- Le management de la mobilité
- Le développement des modes actifs pour les courtes distances
- Les systèmes de transports collectifs et l’intermodalité
- Le covoiturage
- La réduction et l’optimisation de l’usage de la voiture
- La logistique urbaine
- La transition énergétique des motorisations
Extrait du cahier
2 Question à l'auteur du cahier
Pierre Chaniot, Directeur adjoint du département mobilité au Cerema Méditerranée et auteur du Cahier, aborde le rôle des territoires et les travaux du Cerema en matière de mobilités décarbonées, dans une interview en 2 questions:
L’organisation semble être le mot-clé dans l’action des territoires en matière de décarbonation des mobilités. Est-ce un changement d’habitudes ?
L’organisation des mobilités est un point central dans les démarches de décarbonation, car les acteurs sont multiples et leurs actions doivent être coordonnées. Depuis la loi d’orientation des mobilités, les Autorités Organisatrices de la Mobilité (EPCI à fiscalité propre ou par défaut la Région) sont les chefs d’orchestre de ces démarches. Elles sont responsables du déploiement des services de mobilité sur un territoire. Or, ces services évoluent toujours sur une infrastructure, qui est le support des mobilités (route, rail, fleuve…) Les autorités organisatrices doivent donc dialoguer avec les gestionnaires d’infrastructures pour favoriser l’usage des services de mobilité décarbonée via l’adaptation de l’infrastructure.
Par exemple, la mise en place d’une ligne de covoiturage suppose la création d’arrêts et d’une signalisation dédiée. Cela ne peut s’opérer sans le soutien du gestionnaire d’infrastructure. De même, dans le cas des modes actifs, si l’AOM peut réaliser un schéma directeur cyclable, elle doit échanger avec les communes gestionnaires de voirie afin de mettre en œuvre les aménagements cyclables et de réduire les discontinuités des itinéraires cyclables.
Le binôme constitué par les services de mobilité décarbonée d’une part et les infrastructures qui les favorisent d’autre part est donc la clé de voûte de la décarbonation des mobilités. Il revient à l’AOM d’organiser et de structurer ce binôme.
Cela demande une connaissance de l’écosystème des mobilités et des compétences en ingénierie, que le Cerema peut apporter en matière de conseil, d’orientations stratégiques, de réalisation d’études en vue de développer les mobilités décarbonées.
Quels travaux le Cerema mène-t-il actuellement auprès des territoires en matière de décarbonation des mobilités ?
Le Cerema accompagne les territoires dans leurs projets de décarbonation par l’action de ses directions territoriales et participe à la diffusion des connaissances nécessaires via ses activités d’animation technique et la plateforme Cerema Doc.
Sur les différents aspects de la décarbonation des mobilités, si je reprends la structure du cahier, le Cerema travaille sur les moyens d’éviter les mobilités carbonées en accompagnant l’articulation des politiques d’aménagement et de mobilité, et en favorisant l’apaisement des circulations afin de faciliter les mobilités actives (marche, vélo). La réalisation d’enquêtes mobilité certifiées Cerema (EMC²) peut par ailleurs permettre de mieux connaître les déplacements d’un territoire et de cibler les déplacements qui pourraient être évités ou effectués selon un autre mode.
Le Cerema travaille également sur le changement des pratiques de mobilité, via par exemple l’aménagement de voies réservées aux transports en commun ou au covoiturage sur les routes structurantes. Plusieurs guides viennent d’être publiés à ce sujet.
La conception des pôles d’échanges multimodaux,, l’accompagnement au déploiement des lignes de covoiturage, la décarbonation de la logistique (via le programme InTerLUD+), le développement des modes actifs (réalisation de schémas cyclables, accompagnement des collectivités pour la mise en place de politiques cyclables et d’aménagements), la ville apaisée (limitation des vitesses en ville à 30 km/h pour promouvoir un urbanisme plus qualitatif et sécurisant pour les modes actifs)… sont d’autres sujets pour lesquels le Cerema met son expertise au service des collectivités.
Pour conclure sur le volet lié au changement des pratiques de mobilités, je souhaiterais ajouter que changer les mobilités, c’est concilier sobriété et technologie. Par exemple, des carrefours à feux intelligents peuvent donner la priorité aux transports collectifs au détriment de la voiture individuelle et améliorer ainsi leur attractivité en augmentant leur vitesse commerciale.
Enfin, pour favoriser la transition énergétique des motorisations, nos directions territoriales Méditerranée et Ouest ont récemment accompagné les syndicats d’électricité d’Ile-et-Vilaine et des Bouches-du-Rhône pour appuyer le développement des véhicules électriques en élaborant leurs schémas directeurs des IRVE, les bornes électriques. La direction territoriale Est a de son côté apporté son expertise à la métropole du Grand Reims pour la conseiller dans le choix de la motorisation décarbonée la plus adaptée aux contraintes opérationnelles de sa flotte de bus.
Cette expertise déployée auprès des territoires est ensuite capitalisée et le Cerema produit des guides et fiches méthodologiques, propose des webinaires pour partager les connaissances avec les acteurs, diffuser des retours d’expérience. Le 23 mars 2023 nous avons par exemple organisé un webinaire sur le thème "La décarbonation des mobilités : enjeux et leviers".