Cet article fait partie du dossier : Dynamiques et évolutions du littoral : la synthèse des connaissances sur l'évolution du littoral
Voir les 14 actualités liées à ce dossierComprendre les mécanismes d’évolution du littoral est un préalable indispensable à la gestion et à l’aménagement durables de ce milieu particulièrement attractif et complexe.
À cet effet, le développement et le partage de la connaissance disponible sur ces phénomènes et les facteurs qui y contribuent sont une priorité de la Stratégie nationale de gestion intégrée du trait de côte et de ses programmes d’actions successifs.
Ce nouveau fascicule porte sur l'île de La Réunion et est structuré autour de 5 chapitres principaux:
- Contexte physiographique : principales caractéristiques géologiques et morphologiques, habitats naturels participant à l’évolution du littoral,
- Facteurs hydrodynamiques : principaux facteurs exogènes tels que les paramètres climatiques, les niveaux et courants marins, les vagues et l’hydrologie des principaux cours d’eau,
- Données sédimentologiques : nature et répartition des sédiments sur les côtes et les fonds marins, ainsi que leurs mouvements le long du littoral,
- Impact des activités anthropiques : principaux aménagements réalisés sur les côtes et leur impact sur l’évolution du littoral, ainsi que les mesures prises pour limiter ces impacts,
- Evolution du littoral et des fonds : bilan des tendances passées d’évolution du littoral et des fonds, ainsi que mouvements sédimentaires ponctuels liés au passage d’événements tempétueux morphogènes.
Un paysage littoral contrasté
Située au sud-ouest de l'océan Indien, l'île de La Réunion se trouve à 700 km à l'est de Madagascar et a une superficie de 2.520 km² pour un linéaire de 256 km de côtes. C'est une île volcanique aux paysages diversifiés, composé de petites falaises basaltiques, de bandes de galets, ainsi que des plages de sable blanc protégées par des récifs coraliens sur la façade ouest.
86% du littoral est resté naturel. Le bâti progresse à un rythme moins important toutefois que par le passé, alors que les espaces de landes ou des friches diminuent. Depuis les années 1970, La Réunion connaît une pression anthropique grandissante sur son littoral en lien avec l’urbanisation, les aménagements portuaires et les ouvrages de défense contre la mer.
Aujourd’hui, la population et les activités sont essentiellement concentrées sur le littoral, et plus particulièrement le long du littoral nord et ouest de l’île. Cette urbanisation a des impacts sur les milieux naturels et sur la pollution du milieu marin et des actions de protection et de préservation sont mises en place, notamment à travers des partenariats entre les collectivités et le Conservatoire du littoral.
Le projet OBSCOT (Observation et gestion de l’érosion Côtière à La Réunion) mené conjointement par l’État, le Conseil Régional de La Réunion et le BRGM a été lancé en 2013 et contribue à suivre et gérer l’érosion du littoral réunionnais, plus particulièrement sur des sites sensibles comportant des enjeux.
L'île comprend une diversité de milieux marins. Chacun constitue un type de liaison riche, fluctuante et fragile entre terre et mer et la dégradation de ces écosystèmes accentue les risques naturels et leurs conséquences. Ces habitats littoraux contribuent aux processus dynamiques côtiers et forment des écosystèmes singuliers à forte valeur patrimoniale, et jouent un rôle dans la qualité de la ressource naturelle.
Un littoral sensible
Les côtes réunionnaises évoluent par érosion et sédimentation. Sur les dernières décennies, près des six dixièmes des côtes de l’île ne semblent pas avoir évolué de façon perceptible. Cependant, ces chiffres masquent des différences très marquées selon les types de côte considérés : bien que 62,7 % des côtes meubles semblent demeurer stables ou avoir progressé, on observe que pas moins de 63 % des côtes meubles sont en érosion.
Les côtes meubles s'avèrent très mobiles d'une année sur l'autre car elles sont exposées à la houle océanique, aux cyclones et tempêtes tropicales. Bien qu'il reste de nombreuses incertitudes, les perspectives d’élévation rapide du niveau de la mer liées au changement climatique laissent craindre une fragilisation d’espaces littoraux, déjà contraints et un laps de temps insuffisant à l’adaptation des habitats naturels côtiers.
L’île bénéficie essentiellement d’apports sédimentaires d’origine fluviatile, en majeure partie transportés sous régime torrentiel par les cours d’eau ; mais aussi d’origine terrestre, liés au recul des côtes à falaises et à l’érosion du littoral, dont le matériel est par la suite remobilisé par les courants océaniques. Le guide décrit les processus à l'oeuvre sur les différentes parties du littoral.
Des tendances en termes d'évolution du trait de côte pour les différentes parties du linéaire côtier sont présentées dans le chapitre consacré à l'évolution du littoral et des fonds marins.
L'analyse de différentes données depuis 1950 sur les parties du rivages où la vitesse de recul ou d'avancée du trait de côte a pu être mesurée montre que :
- 60,7 % de l’île montre une évolution non perceptible par la méthode employée, soit inférieure en valeur absolue à 0,10 m/an,
- 15,8 % sont en avancée, dont environ 1,5 % avec des avancées supérieures à +1,50 m/an,
- 23,5 % présentent un recul : 19,4 % ont un recul inférieur à -0,50 m/an et 4,2 % avec une vitesse comprise entre -0,50 et -1,50 m/an. Cela s'observe surtout au niveau des rivages meubles sableux et des cordons littoraux.
Différents projets sont en cours pour anticiper l'évolution à venir du littoral, ainsi que pour atténuer le recul, notamment à travers la revégétalisation d'espaces sensibles comme les cordons littoraux.
Pour accéder à l'ouvrage :
Dans le dossier Dynamiques et évolutions du littoral : la synthèse des connaissances sur l'évolution du littoral