Une ville lisible pour tous
L’enjeu de cette fiche est de sensibiliser les décideurs et concepteurs de la ville à l’importance de la lisibilité urbaine pour garantir une ville accessible à tous. Une ville peu lisible, où il est difficile de se repérer, peut constituer un facteur de repli sur soi, de perte d’autonomie, voire de "non mobilité" pour les personnes les plus fragiles.
La lisibilité urbaine permet de construire son itinéraire et trouver son chemin, en s'appuyant sur des repères.
Lorsqu’elle fait défaut, certaines personnes vulnérables (seniors, personnes déficientes cognitives ou visuelles, etc.) peuvent ressentir une telle anxiété qu'elles renoncent parfois à se déplacer seules et perdent en autonomie.
A contrario, un environnement urbain peut offrir des appuis, des aides pour s’orienter et contribuer ainsi à faciliter le déplacement de tous. Rendre la ville lisible, c’est améliorer le bien-être des usagers, leur sentiment de sécurité, et ainsi favoriser la sociabilisation et la capacité à se déplacer.
Observer des personnes à mobilité réduite pendant leurs déplacements permet de révéler les ressources qu'elles mobilisent, les "indices urbains" qui jalonnent leur parcours et de mettre en évidence les manques, les difficultés posées par certains aménagements.
La méthode des parcours commentés
L’organisation de "parcours commentés" a été expérimentée par des équipes pluridisciplinaires du Cerema, afin de mieux caractériser la lisibilité urbaine du point de vue de publics sensibles (des personnes touchées par des déficiences sensorielles ou cognitives, parfois motrices). Cela prend la forme de mises en situation d’usagers à qui il est demandé de réaliser un trajet à pied puis de trouver un équipement structurant, qui s’accompagnent d’une observation et d’une analyse comportementales.
Ces parcours permettent de comprendre comment les personnes se comportent à différentes étapes de leurs déplacements: quelle est leur stratégie de déplacement? Comment perçoivent-ils les différents espaces (voies, trottoirs, passages piétons, noeuds et carrefours...)? Quels sont leurs points de repères? Quelles sont les sources d'inconfort ou même de danger?
A Grenoble, puis à Lille, le Cerema a organisé et analysé une vingtaine de parcours à pied avec des personnes fragilisées, principalement par des déficiences sensorielles ou cognitives, parfois motrices. Les personnes devaient dans un premier temps, à partir de la gare (à Grenoble) ou d'une station de métro (à Lille), rejoindre un quartier récent. Il leur fallait ensuite trouver un équipement (école, cinéma, etc.) lors de leur arrivée dans ce quartier.
Les équipes du Cerema ont observé les personnes pendant leurs déplacements, consigné les ressources mobilisées, cartographié leurs parcours. Elles les ont aussi questionnées et ont analysé leur ressenti.
Des pistes pour améliorer la lisibilité des aménagements
Cette fiche présente plus précisément la méthode utilisée pour ces "parcours commentés". Elle propose quelques pistes pour concevoir une ville plus ergonomique dans laquelle l’accès à l’ensemble des fonctions urbaines, comme se repérer ou se déplacer, est facilité pour tous.
Ces expérimentations ont permis de faire apparaître les aménagements les plus délicats à appréhender (espaces vastes, trottoirs encombrés, etc.) et d'identifier quelques pistes pour faciliter le repérage de tous. La dernière partie de la fiche donne des éclairages sur les recommandations pouvant être mises en œuvre.
Qu'il s'agisse de Grenoble ou de Lille, les collectivités ont partagé ces résultats avec les commissions locales d'accessibilité, dans une logique d'amélioration continue de la qualité d'usage des aménagements.