1 février 2021
Ru du Maldroit, affluent de la Mauldre.
Wikimedia Commons
En vue de sa prise de compétence GEstion des Milieux Aquatiques et Prévention des Inondations (GEMAPi), le Cerema a apporté un appui technique au Comité de Bassin Hydrographique de la Mauldre (COBAHMA) sur la connaissance de l’aléa inondation, la prise en compte des zones humides dans la gestion intégrée du risque inondation et l’utilisation de ressources alternatives en eau. Le partenariat a été initié en mai 2017 et s’est déroulé sur trois semestres avec une équipe pluridisciplinaire (hydrologie, aléa inondation, hydrobiologie, zones humides, …) du Cerema Île-de-France.

Le COBAHMA couvre l’ensemble du territoire de la Mauldre, bassin versant de 403 km² pour un linéaire de cours d’eau de 35 km. Le bassin versant est constitué des sous-bassins versants du ru de Gally, du Maldroit, de la Mauldre supérieure (Mauldre amont, Lieutel et Guyonne) et de la Mauldre aval.

Carte du bassin de la Mauldre
Figure 1 : Carte du bassin de la Mauldre

Le COBAHMA, EPTB (Etablissement Public Territorial de Bassin) porteur du SAGE (Schéma d’Aménagement et de Gestion de l’Eau) de la Mauldre, était l’établissement pressenti comme porteur des nouvelles compétences GEMAPI sur le bassin versant de la Mauldre.

Ce cours d’eau, affluent de la Seine dans l’Ouest de l’Île-de-France, présente un territoire à dominante rurale et agricole, mais néanmoins soumis à une forte pression d’urbanisation, dans sa partie Est notamment. Le bassin versant présente un profil particulier avec une tête de bassin urbanisée et une partie aval plus rurale.

L’étude réalisée par le Cerema s’articule autour de trois sujets :

 

1. Étude de l’impact des inondations sur le territoire et les milieux aquatiques – caractérisation de l’aléa

L’aléa inondation par débordement est une question prépondérante pour les communes du bassin qui ont subi en mai 2016 la plus forte crue connue de la Mauldre (au moins cinquantennale). Outre le débordement des cours d’eau, le ruissellement urbain ou agricole est également important, provoquant régulièrement des inondations localisées. Ainsi, la caractérisation de ces deux types d’aléa à l’échelle du bassin versant constitue un socle nécessaire pour une politique efficace de gestion du risque inondation.

Un premier diagnostic territorial a été réalisé sur la base d’une étude de l’évolution du territoire au cours du siècle passé, la constitution d’une base de données des ouvrages hydrauliques ainsi qu’une étude historique des évènements de crue. Ce diagnostic a ensuite été suivi d’une étude de l’aléa inondation par débordement et par ruissellement au moyen de méthodes semi-automatisées développées par le Cerema, à savoir :

  • Exzeco pour modéliser l'aléa ruissellement,
  • CARTINO 1D pour l'aléa débordement (voir Figure 2).

 

emprises inondables et hauteurs modélisées avec CARTINO pour une crue centennale
Figure 2: Emprises inondables et hauteurs modélisées avec CARTINO pour une crue centennale - Cerema

 

2. Rôle des zones humides à l’interface entre milieux aquatiques et protection contre les inondations

Le deuxième sujet a concerné la prise en compte des nombreuses zones humides dans la gestion intégrée du bassin versant. Le bassin versant compte près de 167 zones humides potentielles, identifiées dans le SAGE. Ces espaces naturels constituent un atout important dans une région aussi urbanisée que l’Île-de-France. Leur gestion et leur préservation font partie des priorités du SAGE. Promouvoir le rôle de ces espaces notamment en matière de protection contre les inondations apparaît comme un axe essentiel de la prise de compétence GEMAPI.

La question du rôle des zones humides dans la gestion des inondations a été abordée dans le partenariat à l’échelle de quatre zones et avec un point de vue systémique et qualitatif (impact de scénarios d’aménagement sur les fonctions rendues, dont celles hydrauliques).

La Figure 3 présente un exemple de graphique illustratif des résultats sur les fonctions rendues. Le changement d’échelle au bassin versant et des approches plus quantitatives apporteraient une importante plus-value et sont apparus comme une attente.

Exemple de graphique illustratif des résultats
Figure 3 : Exemple de graphique illustratif des résultats - Cerema

 

Le second sujet de cet axe porte sur une analyse socio-économique des dommages liés aux inondations. L’utilisation de la récente méthode d’évaluation des dégâts d’inondation du Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire (MTES) a apporté des éléments d’analyse grâce à sa caractérisation originale des enjeux sur la base de dommages "tangibles" et "intangibles". La diminution des incertitudes au niveau du diagnostic des dommages mis en œuvre constituerait là aussi un développement intéressant.

 

3. Impact de l’utilisation des ressources alternatives en eau

Le dernier sujet s’est concentré sur l’intérêt de ressources alternatives en eau (eaux pluviales urbaines et eaux usées traitées) pour réguler les régimes hydrologiques du bassin.  Cet axe de travail présente un caractère exploratoire marqué. Il a proposé des réflexions sur les impacts de politiques d’utilisation des eaux pluviales et des eaux usées traitées sur le bassin versant de la Mauldre, plus particulièrement sur le régime des cours d’eau en périodes d’inondation mais aussi d’étiage.

La réutilisation des eaux pluviales constitue une alternative à l’utilisation d’eau potable pour de multiples usages domestiques (irrigation de jardin, lavage, chasse d’eau...) mais également agricoles ou industriels (irrigation, lavage...). Néanmoins, les simulations réalisées sur les sous-bassins versant du Ru d’Élancourt et du Maldroit suggèrent que le développement des techniques de récupération des eaux pluviales n’aurait qu’une incidence très limitée sur le régime hydrologique de ces cours d’eau (tant sur les débits d’étiage que ceux associés aux fortes pluies) à moins que des politiques très volontaristes ne soient mises en œuvre pour systématiser l’adoption de cette pratique.

Les cours d’eau du bassin versant étant soumis à de fortes pressions anthropiques (activités agricoles et rejets des eaux usées principalement), leur qualité physico-chimique est relativement dégradée. Lors des épisodes pluvieux intenses, les réseaux unitaires présents sur une partie du bassin versant provoquent régulièrement le by-pass des stations d’épuration. À l’étiage, près de 80 % du débit de la Mauldre et du ru de Gally est constitué des effluents de stations d’épuration. Les rapports entre le débit traité et les débits caractéristiques (débits moyen annuel et d’étiage mensuel) ont été estimés au niveau de chaque station d’épuration : sur le parc des 21 stations, huit ont un rejet supérieur à 30 % du débit d’étiage naturel et quatre de ces stations ont même un rejet supérieur à 30 % du débit moyen naturel. Si des projets de réutilisation concernent ces stations, une attention particulière devra être apportée en termes d’impact sur le cours d’eau.