Les équipes accessibilité du Cerema sont intervenues sur 4 tables rondes au cours de ces trois jours d’Assises.
Table ronde 1 - Faciliter l'usage des transports : informer sur le déploiement des aménagements et des services
Le Cerema est intervenu sur le suivi de la mise en accessibilité des réseaux de transports. Une enquête nationale a été lancée auprès des autorités organisatrices de la mobilité et des régions sur le suivi de la mise en œuvre des politiques publiques d'accessibilité des transports (SD'AP, LOM, ...).
Pauline Gauthier (Cerema Territoires et ville), en lien en amont avec Géraldine Bodard (Cerema Hauts-de-France), a présenté quelques résultats de cette enquête pour l'année 2020. Au-delà des résultats purement statistiques sur les pourcentages d'arrêts prioritaires, accessibles et sur les impossibilités techniques avérées, des bonnes pratiques réalisées dans certaines collectivités ont été présentées.
Des discussions se sont notamment tenues sur la tarification pour les accompagnateurs des voyageurs en situation de handicap, et sur les services de transports spécialisés pour personnes à mobilité réduite.
Table ronde 2 - les bases de données sur l’accessibilité de la voirie et des transports, prérequis pour l’information voyageurs à la charge des collectivités
Suite à la Loi d’orientation des Mobilités (LOM) et à l’obligation de collecte et diffusion des données accessibilité des cheminements dans un rayon de 200 mètres autours des points d’arrêts prioritaires, les collectivités disposent de quelles années pour satisfaire cette obligation.
Sous mandat de la DMA et pilotage par le Cerema, un standard de données a été approuvé par le CNIG (Conseil national de l’information géographique) permettant à l’ensemble des acteurs de disposer d’un socle de définitions et de description de l’accessibilité de la voirie. Les données sur le transport doivent, elles, être structurer suivant le profil accessibilité du format d’échange NeTEx.
Cette table ronde a été l’occasion pour le Cerema de mettre en avant l’article de décryptage de la LOM portant sur la collecte des données (lien ci-dessous).
Des perspectives ont également été mentionnées sur l'accompagnement des collectivités par le Cerema, concernant la future collecte des données d'accessibilité de la voirie et des transports, dorénavant obligatoire. En effet, le Cerema accompagne également Lorient Agglomération et la Communauté du Pays Basque sur l’expérimentation et l’implémentation des modèles de données accessibilité sur leur territoire en lien avec leurs services en charge des systèmes d’informations géographiques.
Table ronde 5 – ERP : comment collecter et diffuser l’information d’accessibilité au grand public
Le Cerema a introduit cette table ronde par une synthèse d’une étude portant sur le suivi qualitatif des Agendas d’accessibilité programmée (Ad’AP). Angélique Mathieu (Cerema Centre-Est) a donc partagé les résultats des 6 dernières années, pendant lesquelles le Cerema a mené des entretiens avec un panel de gestionnaires d’Ad’AP de patrimoine immobilier (collectivités territoriales de toutes tailles, administrations publiques et parapubliques et groupes privés).
Le Cerema a présenté les différents freins dans la mise en accessibilité des ERP :
- Des délais et des différences de traitement dans les dossiers, notamment dans la dépose des attestations et des demandes de dérogation
- La mobilisation des professionnels lorsque les travaux sont externalisés
- Le manque de ressources humaines soit dans le suivi de l’Ad’AP, soit dans la mise en œuvre des travaux lorsqu’ils sont faits en régie
Mais également, les leviers de réussite pour mener à bien son Ad’AP :
- L’établissement en amont d’une stratégie de mise en accessibilité de son patrimoine, qui s’accompagne d’un suivi et d’une mise à jour de cette stratégie en fonction du contexte locale
- L’identification d’un pilote de l’Ad’AP et de sa mise en œuvre
- La communication, premièrement en interne des services techniques et deuxième auprès des publics spécifiques et des usagers à travers les associations locales.
Cette table ronde a été l’occasion pour la DMA de présenter la plateforme Acceslibre qui a pour vocation de collecter et de communiquer les informations sur l’accessibilité effective des ERP. La DMA a également communiquer sur le dispositif des ambassadeurs de l’accessibilité.
Table ronde 7 - Quels défis et outils face aux nouvelles pratiques de mobilité dans les espaces publics ?
En introduction à cette table-ronde, Émilie Cabello, élue à Montpellier, a présenté les différentes actions de sa collectivité en faveur de l’accessibilité.
Elle a pointé l’importance de la sensibilisation : pour bien comprendre les besoins des personnes handicapées, il est nécessaire d’appréhender cette "situation de handicap" : ayant elle-même été mise en situation de déficience visuelle lors d’un parcours test, elle s’est rendue compte des difficultés rencontrées pour faire quelques centaines de mètres seulement.
Une autre action efficace consiste à échanger régulièrement avec les usagers lors des comités de liaison.
Marion Ailloud, responsable du secteur Espace public et voirie urbaine au Cerema, a rappelé les enjeux qui visent l’aménagement des espaces publics :
- un partage plus équilibré en faveur de la marche et du vélo, avec une attention particulière aux déplacements des plus vulnérables,
- des espaces adaptés aux aspirations sociétales : inclusifs, conviviaux, sobres, résilients…
- des espaces qui contribuent à l’attractivité des zones urbaines ou centres-bourgs, pour un dynamisme commercial et une meilleure acceptabilité de la densification.
Elle est revenue sur la crise sanitaire et le fort déploiement des modes actifs, en particulier du vélo mais aussi de la marche. Faut-il craindre cet essor du vélo ou au contraire estimer que cyclistes et piétons peuvent cohabiter de façon apaisée ? Les aménagements provisoires cyclables ont dans la très grande majorité des cas conduit à optimiser le profil en travers et ont souvent été aménagés sur des espaces anciennement dévolus aux véhicules motorisés (voie de circulation, stationnement), et non au détriment d’espaces piétons.
Par ailleurs, la dynamique vélo a entraîné avec elle une impulsion du sujet "marche", avec de nombreuses initiatives : extensions d’aires piétonnes, élargissements de trottoirs, aménagements sûrs et accueillants aux abords des écoles… La réalisation d’enquêtes (baromètre des villes marchables) ou l’organisation d’événements (assises de la marche en ville) sont aussi à souligner. Cette dynamique est favorable à tous les piétons, et en particulier les personnes handicapées ou à mobilité réduite.
Thierry Jammes, représentant la CFPSAA (Confédération Française Pour La Promotion Sociale Des Aveugles Et Amblyopes), partage cet avis : ces évolutions sont souhaitables pour des villes plus apaisées et moins orientées vers le "tout voiture". Toutefois, il pointe que la déficience visuelle reste un handicap peu connu alors qu’il est de plus en plus complexe pour une personne déficiente visuelle de se déplacer dans l’espace public : présence d’engins de déplacement personnel, absence de contrastes visuels, etc. Il a réaffirmé l’importance de disposer d’un fil d’Ariane tactile et visuel tout au long des itinéraires, ainsi que le manque de formation des aménageurs et concepteurs, particulièrement les architectes.
Nicolas Mérille, de l’APF France handicap a souligné l’importance de reconnaître une nouvelle "compétence" dans la matrice des acteurs. A la maîtrise d’ouvrage et la maîtrise d’œuvre, il faut ajouter la maîtrise d’usage. Ce n’est qu’en associant les usagers très en amont d’un projet qu’il peut être réussi.
L’usager n’est d’ailleurs pas seulement "celui qui se déplace" mais c’est aussi "celui qui est amené à intervenir sur l’espace public" (par exemple, les gestionnaires d’ordures ménagères). Ces principes s’incarnent dans la Haute Qualité d’Usage (HQU) ®, méthode promue en partenariat entre l’APF France handicap et le CRIDEV (centre de recherche pour l’inclusion des différences dans les espaces de vie). Il est souvent très coûteux et techniquement difficile d’adapter voire modifier en profondeur un projet.
Lorsqu’il y a une volonté de s’intéresser à la qualité d’usage en associant de près les usagers dès le départ, les différentes parties en sorte gagnantes et les élus répondent au plus près aux besoins qui leur sont exprimés par les habitants.
En lien avec ces questions de méthode, le Cerema évoque plusieurs pistes :
Sur le plan technique : traiter les interfaces entre voirie/bâti/transport, avoir une vigilance sur les contrastes visuels, sur la qualité des revêtements, etc.
Sur le plan de la méthode : associer les usagers à toutes les étapes d’un projet (recueillir leur avis, les observer dans leurs déplacements, comprendre les freins à la mobilité...), s’attaquer à la « montagne » que représente la mise en accessibilité de la voirie en définissant des priorités (comme pour les arrêts de bus par exemple), se saisir de l’opportunité des obligations de collecte des données SIG pour faire un état des lieux et proposer des actions, etc.
Sur le plan de la formation, le Cerema partage le point de vue des participants à la table-ronde : les formations – inter-entreprise pour partager les retours d’expérience ou intra-entreprise pour créer une synergie entre des collègues d’une même structure - et les actions de sensibilisation sont nécessaires.
Marion Ailloud présente différents événements dès à présent programmés par le Cerema : un webinaire le 18 octobre après-midi sur l’accessibilité des cheminements autour d’équipements structurants (dans le contexte des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024), ainsi que différentes formations :
- accessibilité et sécurité des déplacements piétons autour des chantiers urbains le 30 novembre à Rouen et le 2 décembre à Lyon ;
- une formation qui vient d’être lancée sur la marche (fin octobre, avec reconduction en 2022).
Enfin, pour les collectivités, le GT-Ravi (réseau des référents accessibilité des villes inclusives) est également un bon moyen d’échanger, de partager des retours d’expériences et de produire des référentiels communs.