La Commune de La Chapelle-Saint-Luc, traversée par des voies ferrées dont une partie sont désaffectées, souhaite réhabiliter 53 hectares de friches ferroviaires qui coupent la ville en deux, pour les transformer en liaisons douces inscrites au schéma directeur des itinéraires cyclables. Pour cela, l’Agence Nationale de la Cohésion des Territoires et la ville ont entrepris une démarche avec plusieurs partenaires dont le Cerema, pour mener une expertise transversale destinée à proposer rapidement des solutions d‘aménagement.
Le territoire de la commune qui jouxte Troyes s’articule autour d’une zone industrielle qui est la plus importante du département, d’un secteur d’habitat de grands ensembles, d’un secteur centre-ville et d’un secteur "Vieille Ville" qui se caractérise par de l’habitat presqu’exclusivement pavillonnaire. Les objectifs poursuivis à travers la mise en œuvre de ces aménagements de liaisons douces sont :
- Relier les différents secteurs de la ville, rétablir la porosité entre les deux parties de la ville en garantissant la sécurité aux croisements avec la route,
- Faciliter les déplacements de la population vers les équipements communaux et assurer la lisibilité des cheminements,
- Améliorer le cadre de vie aux abords de la liaison douce en recréant des espaces publics attractifs en lien avec les modes actifs en préservant la végétation existante et les traces de l’activité ferroviaire et industrielle du lieu. .
L’expertise menée par le Cerema a concerné la valorisation des friches existantes, elle est un préalable à la définition des modalités de mise en place de mobilités douces.
Quels enjeux écologiques et paysagers ?
L’objectif de cette expertise est d’apporter les compétences pluridisciplinaires du Cerema à la démarche, pour réaliser un diagnostic du site et des enjeux et définir des solutions adaptées. Les visites de terrain ont permis d’observer la configuration des friches ferroviaires concernées et d'écouter les besoins. La rencontre et les échanges avec les élus et les services techniques ont été l'occasion de recueillir les attentes, notamment en termes de végétalisation et d’accessibilité. Les options en termes de cheminement des vélos et piétons ont été examinées en tenant compte des intersections avec la voirie.
L’étude a aussi porté sur les enjeux écologiques et paysagers. Certaines sections de friches ont été gagnées par une végétation importante et variée qui constitue un refuge pour la faune, avec cependant la présence de quelques espèces exotiques envahissantes qu’il faut résorber.
Sur 800 mètres de longueur, la végétalisation d’un des sites peut faire fonction de corridor écologique pour certaines espèces, d’autant plus si des espaces a proximité sont également végétalisés, et rejoindre le réseau de la trame verte et bleue communale.
En termes de paysage, les différents atouts présents sur le parcours ont été identifiés : les points de repère visuels comme le château d’eau, les éléments de patrimoine arboré, ferroviaire ou bâti comme la Malterie-Musée de la mémoire chapelaine. Il s’avère que les deux secteurs de friches étudiés permettent un cheminement dans des ambiances différentes, à travers trois séquences : une section bordée par une végétation dense et la voie ferrée, une section présentant un aspect de clairière ouverte sur un terrain de végétation clairsemée avec des traces de l’ancienne ligne ferroviaire et une troisième section plus "champêtre" et surélevée qui s’écarte de la voie ferrée, bordée de haies arbustives.
Sur ce parcours, le Cerema a identifié trois grands axes pour la transformation de la friche ferroviaire :
- S’appuyer sur l’existant et ses caractéristiques pour accueillir de nouveaux usages dans un cadre de vie quotidien de qualité,
- Mettre en scène une succession d’espaces en s’appuyant sur la mémoire du lieu, la structure végétale et les ambiances existantes,
- Valoriser les points de vue et le confort des usages et des riverains en cohérence avec les aménagements futurs, en utilisant des matériaux sobres en harmonie avec le site.
Les services écosystémiques rendus par la végétation ont aussi été intégrés au diagnostic : les arbres existants doivent être préservés autant que possible, notamment pour leur apport en termes d’adaptation au changement climatique (réduction du phénomène ilots de chaleur et ombrage, gestion des eaux pluviales, abri pour la biodiversité…)
"La commune de la Chapelle Saint-Luc a fait appel au Cerema après une mise en contact par la Banque des Territoires. La commune se demandait comment il était possible de préserver la biodiversité existante tout en intégrant le projet de requalification des emprises SNCF.
Nous ne souhaitions pas faire table rase de la végétation existante mais au contraire la mettre en valeur. L'expertise et le savoir-faire du Cerema ont permis à la commune de trouver des solutions".
Katell Lombart - Responsable des projets structurants communaux de La Chapelle Saint-Luc
Des recommandations pour mettre en œuvre un projet cohérent de liaison douce
Le rapport rendu à l’issue de cette expertise présente les grands objectifs opérationnels pour réinvestir les espaces ferrés et valorisant les caractéristiques des lieux, en précisant pour chacun les enjeux à l’échelle de la commune et de l’agglomération, les leviers d’action et les bénéficiaires :
- Développer une liaison douce inter quartiers,
- Concilier reconquête végétale et nouveaux usages. L’enjeu est de passer d’un état de friche peu pénétrable, à un cadre accueillant permettant la circulation et offrant quelques haltes. Des recommandations pour l’entretien de la végétation, le choix des revêtements, la scénarisation du site et sa gestion sont présentées,
- Construire un récit commun de l’histoire de La Chapelle-Saint-Luc, notamment de son passé industriel, et de son devenir.