Afin de mieux gérer ces collisions, il est important de connaitre le nombre d’animaux tués et de localiser les endroits où le risque est le plus élevé.
En partenariat avec l’Unité Mixte de Service Patrimoine Naturel*, le Cerema a mené une étude comparative sur les méthodologies de comptage afin d’en évaluer l’efficacité. Saluée par la communauté scientifique, cette étude débouche aujourd’hui sur une version améliorée du protocole de comptage des collisions.
Les collisions entre faune sauvage et véhicules sont facteurs d’accident et ont un impact fort sur la biodiversité.
Le nombre d'animaux tués sont recensés tant pour en connaitre l'effectif que pour cibler les lieux où le risque est le plus élevé, appelés points noirs de collision entre la faune et les véhicules. Ce recensement permet de mettre en place des mesures comme les corridors qui assurent aux animaux une traversée en sécurité.
Qui recense les animaux morts sur les routes ?
A titre d’exemple, 37 000 chouettes effraies sont tuées chaque année sur les 11 000 kilomètres d’autoroutes françaises.
Aujourd’hui, ce sont les patrouilleurs chargés de l’entretien des routes qui recensent pendant leur activité le nombre d’animaux morts sur les routes. Ce type de méthode est employée couramment partout dans le monde et présente l’avantage d’un relevé quotidien.
Si la méthode parait fiable pour la grande faune (sangliers, cervidés), pour la petite et moyenne faune, cela parait moins évident car plus difficile.
Mais, comment être sûr que ce comptage est fiable? Est-ce la bonne méthode?
Une étude comparative pour améliorer la méthode de comptage
Mis en place en 2018 à l’initiative de la Direction des Infrastructures Terrestre du Ministère de la Transition écologique et Solidaire, le protocole standardisé de recensement par les patrouilleurs n’avait jusqu’alors jamais été évalué. Il était donc important d’en faire un état des lieux et d’en évaluer la fiabilité.
Pilotée par le Cerema et l'Unité Mixte de Service Patrimoine Naturel (UMS PatriNat), une étude comparative a été mise en place, appelée "Etude comparative des méthodes de relevés de cadavres d'animaux sur les routes » (COMERCAR).
Cette étude compare les résultats obtenus par les patrouilleurs à ceux obtenus par un écologue lors d’un relevé en voiture. L’objectif était de vérifier la fiabilité des deux méthodes et de dégager une éventuelle complémentarité.
L'étude démontre que les deux méthodes de comptage sont complémentaires : si elles positionnent les principaux points noirs aux mêmes endroits, le double comptage améliore la fiabilité des résultats de cartographie des points noirs de collisions. L’ajout de l’inventaire par un écologue permet de mieux détecter la petite faune moins bien repérée par les patrouilleurs.
Une méthode de hiérarchisation des points noirs a également été proposée en distinguant la quantité d’espèces et leur protection réglementaire afin d’établir une vision plus juste des espèces impactées. La taille de l’animal est également indiquée car les plus grosses espèces présentent un enjeu de sécurité routière.
Des résultats salués par la communauté scientifique
Présentée le 6 juin 2019 par le Cerema lors du colloque Infrastructures de Transports Terrestres, ECOsystemes et Paysages (ITTECOP) à Sophia-Antipolis, l’étude comparative a été saluée par la communauté scientifique.
Ses points forts : être opérationnelle immédiatement et fondée sur la rigueur scientifique.
Au niveau européen, elle sera diffusée et va servir de fondement pour harmoniser les méthodes de comptage pour le prochain guide européen sur l’écologie et les infrastructures routières.
L’Espagne et la Suède vont l’adopter en appliquant ce double protocole de relevé de cadavres faune sur les routes par les patrouilleurs sur 4 ans et par des écologues sur 1 an.
En France, les départements des Pyrénées-Atlantiques et du Maine-et-Loire l’ont déjà mise en place.
Le Ministère de la Transition Ecologique et Solidaire réfléchit actuellement pour la généraliser sur l’ensemble du territoire.
* L'Unité mixte de service Patrimoine naturel assure des missions d’expertise et de gestion des connaissances pour ses trois tutelles: le Muséum national d’Histoire naturelle, l’Agence française pour la biodiversité et le CNRS. Son objectif est de fournir une expertise fondée sur la collecte et l’analyse de données de la biodiversité et de la géodiversité, et sur la maitrise et l’apport de nouvelles connaissances en écologie, sciences de l'évolution et anthropologie.