17 mai 2019
Traversée de la LGV
Entrée de Deviat (16) : le talus obstrue la vue sur le village - Prise de vue : site 14 station n°1 2018 @Cerema Sud-Ouest
Le tracé de la ligne à grande vitesse (LGV) entre Tours et Bordeaux a fait l'objet d'un observatoire photographique des paysages. Ce suivi met en évidence une insertion de la plateforme ferroviaire seule, globalement bien assurée. Une réflexion reste à approfondir à proximité de zones bâties et sur l’insertion des équipements annexes.

Le Cerema a mis en place un observatoire photographique pour évaluer, sur le long terme, l’intégration dans le paysage de la plateforme ferroviaire de la ligne à grande vitesse Sud Europe Atlantique entre Tours et Bordeaux.

 

Passage dans le massif du Bois de Montbourg
Passage dans le massif du Bois de Montbourg - Prise de vue : Site 10 station n°12, en 2018

Vérifier l’intégration dans le paysage de la LGV par la photographie

Dans le cadre du suivi environnemental réalisé le long de la ligne à grande vitesse Sud Europe Atlantique (LGV SEA) entre Tours et Bordeaux, le Cerema a mis en place à la demande de LISEA, concessionnaire de la ligne Sud Europe Atlantique, un observatoire photographique des paysages (OPP).

Celui-ci est constitué de plus de 300 stations photographiques, réparties sur 12 sites, positionnées de façon à suivre l’évolution des paysages.

Ont été privilégiés, les secteurs :

  • fortement remodelés

  • très sensibles (sites protégés, monuments historiques, vallées)

  • à proximité de zones urbanisées

L’objectif de l’OPP est, à l’échelle du projet, de s’assurer de l’efficacité des mesures retenues, de suivre la capacité de résilience des paysages et d’une manière plus large, d’assurer un retour d’expérience en vue d’améliorer l’insertion paysagère des projets d’infrastructures à venir.

L’OPP a démarré fin 2013, avant ou simultanément à la phase de terrassement.

En 2018, un an après la mise en service de la ligne, cinq campagnes photographiques ont été effectuées : 3 en période hivernale (période arbres dénudés, soleil rasant) et 2 en période estivale (période de feuillaison, lumière zénithale).


 

Méthode d’analyse des clichés photographiques

Au niveau de chaque station, chaque cliché est comparé aux précédents et lorsque cela était possible, à des photos antérieures au démarrage du chantier (études d’impact, Google street…).

L’analyse a porté principalement et de façon distincte sur :

  • l’insertion de la plateforme ferroviaire (ligne ferroviaire, talus de remblai, viaduc) ;

  • l’intégration des équipements ferroviaires et annexes que sont les éléments nécessaires à l’alimentation électrique ou la sécurité (pylônes, caténaires, murs anti-bruits, clôtures, barrières de sécurité…) ;

  • les effets cumulés d’infrastructures : raccordements routiers, ouvrages de franchissement de la LGV,...

Pour chaque nouveau cliché ont été en particulier observées :

  • les modifications apparues depuis la campagne antérieure: émergence d’un talus, implantation de pylônes et de caténaires, murs anti-bruits, massifs plantés… ;

  • les conséquences en termes d’organisation du paysage (point focal, orientation du regard ...) et de composantes telles que l’échelle (monumentale ou intimiste), les lignes (horizontales, verticales, obliques), les couleurs (chaudes, froides), les textures (métalliques, végétales …) ;

  • les conséquences induites en termes de ressenti, en comparaison au paysage initial : par exemple l’apparition de contrastes au sein d’un paysage initialement harmonieux, ou au contraire l’harmonisation d’un paysage confus et difficile à appréhender...

 

Premiers Éléments d'analyse

L’insertion de la plateforme ferroviaire, seule (hors équipements), respecte généralement assez bien en vision lointaine, les lignes dominantes du paysage.

Les viaducs, réalisés pour franchir des vallées permettent de conserver une certaine transparence.

 

Entrée de Déviat : le talus obstrue la vue sur le village
Entrée de Deviat (16)  : le talus obstrue la vue sur le village - Prise de vue : site 14 station n°1, en 2018

 

La modification du paysage, et de sa perception, est nettement plus prononcée à proximité d’habitations, de hameaux ou villages situés en zone rurale : les talus de remblais, même de dimension réduite, peuvent masquer des éléments forts, structurants du paysage (vue sur une entrée de village, sur un clocher).

Enfin, l’installation d’une ligne ferroviaire induit la mise en place de pylônes, câbles, clôtures, murs anti-bruits, ouvrages de franchissements constitués de matériaux clairs (béton) ou métalliques. Ceux-ci sont nettement visibles, en particulier en paysage rural. En effet, les couleurs et matériaux employés introduisent des contrastes importants, accentués par une disposition souvent très régulière qui dessine un rythme visuellement très fort.

 

Franchissement de la vallée de la Boëme depuis chez Desville
Franchissement de la vallée de la Boëme depuis chez Desville : impact visuel fort des équipements annexes.
Prise de vue site 11 station n°14, en 2015

 

L’observatoire des paysages le long de la LGV SEA montre l’attention qu’il est nécessaire de porter, dans le cadre de la création d’une infrastructure linéaire de transport, non seulement sur l’insertion de la ligne elle-même, mais également sur la prise en compte des éléments structurants d’un paysage et sur l’insertion des équipements annexes.

 

vues sur le hameau du Libourdeau