Etudier le recyclage des agrégats d’enrobés
Financé partiellement par les crédits européens FEDER / Interreg [1], le projet ORRAP (Recyclage optimal des agrégats de béton bitumineux dans les chaussées à faible trafic) se veut trinational en associant des partenaires allemands, suisses et français [2].
Alors que les politiques publiques tendent à favoriser l’économie circulaire et le recyclage des matériaux issus du bâtiment ou des infrastructures, la réutilisation des agrégats d’enrobés (AE) issus du fraisage des chaussées bitumineuses ou de décroutage de parking ou trottoirs représente un enjeu particulier.
Le projet ORRAP, qui a démarré en novembre 2016 et prendra fin en octobre 2019, vise à étudier la possibilité d’utiliser à froid ces agrégats d’enrobés issus de l’entretien du réseau routier, en couche de fondation, pour des chaussées à faible trafic. Le procédé envisagé a déjà été développé en Suède où l’utilisation d’AE dans des couches non liées est encouragée.
En effet, si, en France, les AE nobles sont massivement réutilisés en recyclage à chaud pour la fabrication de nouveaux enrobés, les AE de moins bonne qualité (provenant de réseaux secondaires essentiellement) ou contaminés par des HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques) ne peuvent actuellement pas être réutilisés suivant ce procédé pour des raisons législatives ou techniques.
Favoriser le recyclage sur place
L’objectif du projet ORRAP est d’étudier la possibilité d’utiliser des AE, à température ambiante, en couche de fondation, pour des chaussées à faible trafic poids-lourds en lieu et place des matériaux granulaires (GNT), et d’élaborer une méthodologie.
L’étude comporte quatre étapes principales :
- L’analyse des pratiques et des cadres légaux sur la base de bibliographie et d’interviews afin de préciser la cible de l’étude ;
- L’étude des propriétés des AE en laboratoires (compactabilité, résistance à l’orniérage, comportement mécanique…) dans un but de modélisation ;
- Une expérimentation en taille réelle (en Suisse) ;
- Une étude d’opportunité et d’impact de la méthode sur les plans techniques, environnementaux et économiques.
Le Cerema [3] est présent dans plusieurs volets de ce projet :
- L’analyse du cadre légal en France ;
- La caractérisation d’agrégats d’enrobés et leur étude paramétrique en laboratoire ;
- L’étude technico-économique et environnementale ;
- L’étude du déploiement de la technique dans la région Alsace ;
- La rédaction d’un guide technique sur les modalités de mise en œuvre de cette technique ;
- La communication (articles, journées techniques d’information).
Un guide technique pour la mise en œuvre
Le recyclage des AE à froid permettra de réduire l’utilisation de ressources non renouvelables, diminuera l’impact environnemental de ces infrastructures au niveau de la production des ressources, de leur transport et des espaces de stockage.
En utilisant des AE sans ajout de liant bitumineux et à température ambiante, le taux de recyclage serait considérablement augmenté, les impacts environnementaux seraient réduits (émissions de CO2, consommation d'énergie et des ressources naturelles), et des matériaux jusqu’alors trop souvent destinés à la décharge ou retraités suivant des filières onéreuses (ex : AE avec un taux de HAP compris entre 50 et 500 mg/kg) pourraient être valorisés. Ainsi, des gains écologiques et économiques importants pourraient être réalisés pour les organes de gestion des routes communales ou départementales à faible trafic, qui représentent environ 50% du réseau routier dans la région du Rhin supérieur.
L’étude débouchera notamment sur la rédaction d’un guide technique reprenant des préconisations pour la mise en œuvre du recyclage des agrégats d’enrobés dans les chaussées à faible trafic au niveau des couches de fondation. Il pourra être accompagné de consignes quant à l’adaptation des méthodes de dimensionnement afin de prendre en compte ce nouveau type de structures.
[1] Le budget total du projet s’élève à 1 482 714 €.
[2] Le consortium regroupe cinq partenaires principaux (l’INSA de Strasbourg (pilote du projet), le Cerema, la Hochschule Karlsruhe Technik und Wirtschaft, la Fachhochschule Nordwestschweiz et l’EMPA), et une quinzaine de partenaires associés.
[3] Cerema Est / Laboratoire de Strasbourg