La Région Hauts-de-France et la Métropole Européenne de Lille ont recherché des solutions temporelle et/ou organisationnelle pour limiter l’engorgement sur la route et dans les transports en commun aux heures de pointe. En 2015, grâce à un comité partenarial élargi qui a d’abord établi un diagnostic, deux territoires (zone d’activités de la Haute Borne – 4 cantons à Villeneuve-d’Ascq, Centre Hospitalier Régional Universitaire de Lille) ont accepté de tester concrètement des solutions. Le Cerema Nord-Picardie et le cabinet Flexineo ont accompagné l’ensemble de la démarche.
En 2016, durant un mois, les salariés des deux sites volontaires se sont prêtés à une expérimentation sans précédent. Pour évi- ter l’heure de pointe, ils ont testé de nouveaux modes de déplace- ments, pris en main les outils d’information en temps réel et/ ou modifié l’organisation de leur journée (décalage des horaires, télétravail…). Parallèlement, ils ont rempli un journal de bord afin de consigner leurs impressions et prendre du recul sur leurs habitudes.
Des freins principalement liés au poids de la routine
L’expérimentation a permis de montrer que les changements de mode de déplacement ou d’organisation étaient particulièrement difficiles. Selon les salariés volontaires appelés « chrono-testeurs », « faire bouger » les horaires, c’est provoquer une perturbation collective des systèmes d’organisation. Il faut réinterroger les routines et négocier avec son cercle professionnel, familial, scolaire et parascolaire. L’effort que cela implique est, pour certains, trop important. D’autres chrono-testeurs ont évoqué le regard des autres comme limite au test de nouvelles solutions. Arriver plus tard ou partir plus tôt du travail, télétravailler, prendre le métro avec un vélo pliant, sont autant de solutions qui n’ont pas été adoptées car elles impliquent de se distinguer des pratiques habituelles et collectives.
Des leviers puissants dès que l’on accompagne le changement
En dépit des freins exprimés, des chrono-testeurs ont passé le cap et changé leurs pratiques. L’accompagnement et le conseil personnalisé dispensés tout au long de l’expérimentation ont facilité les choses. En raison de sa durée limitée et de son caractère collectif, le principe même de l’expérimentation a permis « d’oser le changement ». Par ailleurs, le principe ludique d’auto-évaluation de ses performances, grâce au prêt d’un podomètre, a particulièrement séduit les participants.
En conclusion, l’expérimentation a mis en exergue l’importance de l’accompagnement au changement pour assurer la réussite de ce projet. La poursuite de celui-ci s’axera donc prioritairement sur une communication à destination des salariés et des employeurs pour poursuivre la sensibilisation. L’organisation d’évènements de type challenge ou « expérimentation éclair » pourra également susciter de nouvelles vocations de « chrono-testeurs ». Enfin, l’encouragement d’une démarche de compagnonnage de la part de ces derniers est une piste à retenir pour démultiplier les effets de cette première expérimentation.
● Contacts : Métropole européenne de Lille : Laure Gasperi Région Hauts-de-France : Benoit Guinamard)
● Correspondante locale Cerema Nord-Picardie : Nathalie Pitaval