"Avec une centrale nucléaire et d’importants projets de méthanisation, j’appartiens à un territoire d’énergie. Aussi c’est passionnant de découvrir ce parc dont je ne soupçonnais pas la grandeur mais aussi de constater toute l’ingénierie mobilisée. Il faut diversifier les sources d'énergie. Ce sont les grands défis d’aujourd’hui. " souligne Jérôme Lheureux, président de la communauté de communes de la côte d’Albâtre (27 931 habitants, 63 Communes), territoire voisin de Fécamp où avait lieu le 12 septembre dernier une visite du parc éolien offshore qui est en cours d’installation, au large de cette ville normande.
A l’initiative du Cerema, des élus locaux, des représentants de différentes directions de l’établissement et des services de l’État, soit une quarantaine de personnes, ont pu découvrir les 23 premières éoliennes déjà installées. Situé entre 12 et 24 km au large de Fécamp, ce parc comprendra au total 71 éoliennes espacées d’un km les unes des autres et alignées dans le sens du courant. Exploitées par EDF énergies renouvelables, elles produiront de l’électricité au fil de leur installation, avec l’objectif d’une mise en service intégrale à l’hiver 2023-2024.
4 éoliennes mises en place en 5 jours
A l’extrémité nord du parc, se dresse la plateforme d’installation des éoliennes qui se transforme en navire pour aller chercher à Cherbourg tous les mâts et les composants des éoliennes qui y ont été préassemblés. Ainsi 4 éoliennes peuvent être mises en place en 5 jours puis une nouvelle rotation a lieu soit 10 h de navigation. Fabriquée par l’usine des Chantiers de l’Atlantique, à Saint-Nazaire, la sous-station électrique raccordée par câble, va récolter l’électricité produite par les éoliennes. Cette liaison est de 50 km dont 18 km en mer, jusqu’au port de Fécamp et 32 km à terre jusqu’au site de Sainneville-sur-Seine. La présence visuelle des éoliennes offshore dès qu’un rayon de soleil se profile à l’horizon fait partie des découvertes de cet après-midi-là.
« Je ne soupçonnais pas que l’impact visuel fut si fort. J'ai été particulièrement intéressé par le côté spectaculaire du chantier. C'est une installation industrielle majeure », considère Jean-Frédéric Jolimaitre directeur environnement du Département du Calvados, « c’est encourageant que nous y arrivions enfin, car les premières études ont commencé en 2007. »
Des campagnes de pêche scientifique, pendant 3 ans
Les débats publics ont lieu en 2014 et tous les recours ont été purgés. Néanmoins, l’installation d’éoliennes soulève des inquiétudes de la part des pêcheurs mais aussi par rapport à l'impact écologique sur la biodiversité. "Nous devons aujourd'hui considérer que l'aménagement d'un tel parc est une urgence. Et des compromis doivent être trouvés. Dans le département voisin du Calvados, au large de Courseulles-sur-Mer, un parc similaire verra le jour, en 2026. Une association vient de se constituer en opposition à cette infrastructure au titre de l’impact visuel néfaste engendrées depuis les plages du débarquement." détaille-t-il.
A Fécamp, une concertation a eu lieu avec les usagers de la mer, avec les pêcheurs en particulier en amont de l’installation. Les éoliennes sont disposées suivant des alignements définis avec ces professionnels pour limiter l’impact sur leurs activités. Les pêcheurs peuvent traverser le parc selon leurs besoins. De plus, des campagnes de pêche scientifique seront réalisées pendant trois années qui suivent sa mise en service, pour surveiller les effets potentiels des éoliennes.
"L'éolien en mer est une nouvelle infrastructure, d’où la crainte de perturbation de la pêche. Nous travaillons à mieux connaitre l’impact de l’éolien sur l’activité halieutique, pour localiser les zones d’implantation. Nous avons édicté une règle de co-usage, le parc n’étant pas fermé à la pêche, qui permet de dépasser les possibles conflits" précise Nicolas Ferellec, responsable de l’éolien en mer au Cerema.