Le Cerema, en tant que membre actif de PIARC, participe et intervient à chaque édition sur la partie congrès comme la partie exposition sous le Pavillon France du Comité Français.
L'objectif est de favoriser la rencontre des décideurs et experts du monde entier pour débattre des principaux enjeux et défis qui se posent au monde routier, et présenter les résultats des travaux de PIARC pour les quatre années qui précèdent.
4 thèmes stratégiques ont été retenus pour ce cycle : les administrations routières, la mobilité, les infrastructures résilientes, et la sécurité et la durabilité.
Deux enjeux sont particulièrement soulignés : la sécurité des usagers de la route et le développement des modes actifs comme le vélo. Le président du Sénat de la république Tchèque Miloš Vystrčil, souligne également l’impact du changement climatique et la nécessité d’adapter les pratiques pour une approche résiliente de la route.
« La communauté routière va se tenir la main pendant 5 jours à Prague » Patrick Mallejacq, secrétaire général de PIARC
L’association mondiale de la route, un outil puissant de partage des bonnes pratiques depuis plus d’un siècle
L’association mondiale de la route (PIARC) est une association apolitique à but non lucratif qui a été créée en 1909 après le premier congrès international de la route tenu à Paris en 1908.
Depuis 2021, Eric Ollinger préside PIARC France, le comité national français de l’association mondiale de la route. Il travaille également à la Direction des Mobilités Routières du Ministère des Transports, et dirige le département en charge de la Transition écologique, de la Doctrine et de l'Expertise Technique.
Découvrir PIARC avec l’interview d’Eric Ollinger, président de PIARC France
Quelles sont les missions de PIARC, l'association mondiale de la route ?
PIARC est le lieu d'échange de la communauté routière mondiale. Elle rassemble 125 gouvernements membres. Sa première mission est l'échange de connaissances entre les pays autour des questions d'infrastructures et de mobilités routières. Ses travaux sont organisés en une vingtaine de comités techniques qui produisent des recueils d'études de cas, des rapports et des manuels en ligne. Ils sont rythmés tous les 4 ans par le congrès mondial de la route, moment de restitution de ces travaux et de rencontre de la communauté.
Quel est le rôle des comités nationaux au sein de l'association, en particulier celui du comité français que vous présidez ?
Les comités nationaux rassemblent les adhérents d'un pays et recrutent ses représentants pour les comités techniques. S'agissant de PIARC France, c'est à la fois le lieu de promotion à l'international du savoir-faire français et le lieu de diffusion en France des bonnes pratiques internationales. Cela se traduit par des comités miroirs qui préparent les contributions françaises, et par des journées techniques et webinaires organisés en France.
Pourquoi le congrès mondial de la route est-il un rendez-vous majeur ?
Près de 4000 congressistes, dont 200 Français, sont réunis pour cette 27ème édition à Prague. C'est l'occasion pour les entreprises françaises de décrocher de nouveaux marchés grâce à leur présence sur le pavillon France de l'exposition, organisé par PIARC France. C'est aussi pour tous les congressistes l'occasion de s'ouvrir l'esprit sur les bonnes pratiques à l'international, grâce aux sessions d'une grande qualité. C'est enfin une grande fête qui permet à la famille routière mondiale de se retrouver.
Le Cerema est actif au sein de l'association depuis plusieurs années. Selon vous, quel intérêt cela représente pour l'association et le comité français ?
Le Cerema est très actif au sein de PIARC, il participe à de nombreux comités techniques au niveau mondial, avec souvent des fonctions de secrétaire francophone. Cette implication est essentielle au vu du rôle éminent qu'a le Cerema en matière de production de doctrine technique. Elle permet d'assurer que la doctrine technique française reste toujours à la pointe des pratiques internationales.
Quel message souhaiteriez-vous faire passer à la communauté routière à l'occasion de ce congrès ?
"Tous engagés pour la transition écologique" : c'est le slogan du pavillon France à Prague. Il rappelle que la route est un élément essentiel de la transition écologique, que ce soit par la décarbonation des véhicules routiers (à l'origine de 30% des émissions de gaz à effet de serre en France), par la décarbonation des chantiers, par les aménagements en faveur des modes actifs, des transports en commun ou du covoiturage, pour ne citer que quelques exemples. Il rappelle aussi que cette transition ne sera possible que par l'engagement de tous. Le pacte d'engagement de l'IDRRIM est aussi une des bonnes pratiques françaises que nous allons présenter à Prague.
Deux agents du Cerema reçoivent une mention d’honneur
Les Prix AIPC, décernés tous les 4 ans à l’ouverture du congrès sont une tradition de longue date qui vise à promouvoir l'excellence professionnelle, la recherche, l'innovation et leurs applications qui démontrent un grand intérêt et un succès dans tous les domaines de la route et du transport routier.
7 catégories sont primées :
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Jeunes professionnels (moins de 35 ans)
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Auteurs des PFR-PRI (pays à revenu faible et moyen inférieur)
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Conception, construction, entretien et exploitation des routes
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Sécurité routière
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Changement climatique et résilience
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Mobilité durable
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Meilleure innovation
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Organisation et administration
Les Prix sont décernés parmi les meilleures communications internationales, ce sont près de 118 communications qui ont été soumises pour cette édition, une participation record !
2 communications du Cerema ont reçu une mention d’honneur du jury international
Laurent Friteyre dans la catégorie « Conception, construction, entretien et exploitation des routes » pour son article sur l’étude environnementale de l’impact de l’utilisation du lait de chaux sur les eaux de surface en milieu naturel dans le traitement du phénomène de ressuage
Résumé de l’article
Le réseau routier rural français, majoritairement géré par les départements, est principalement constitué de chaussées réalisées à l’aide d’enduits superficiels d’usure.
Dans un contexte de changement climatique, la succession de canicules peut accélérer la dégradation de ces infrastructures à cause du phénomène de ressuage qui se matérialise par une remontée de bitume à la surface de la chaussée.
Une solution technique à coût modéré basée sur l’épandage d’une suspension de lait de chaux permet de prévenir et de traiter efficacement ce problème lors des fortes périodes de chaleur, en évitant notamment la ruine de la chaussée à court terme et en garantissant la sécurité des usagers lors de ces événements extrêmes.
Avant de généraliser cette pratique, les gestionnaires de ce type de chaussée se sont cependant interrogés sur l’impact environnemental de cette solution technique.
Ainsi, à la demande de la société commercialisant le produit, le Cerema a été sollicité pour réaliser une étude scientifique de ce procédé innovant.
Dans un premier temps, une analyse du produit en laboratoire a été réalisée afin de déterminer les indicateurs à surveiller lors d’un rejet vers le milieu naturel. Celle-ci a permis d’évaluer des marqueurs chimiques pertinents permettant de démontrer avec certitude la présence du lait de chaux, en particulier dans les eaux de surface.
Une deuxième phase a consisté à l’analyse des eaux de ruissellement lors de simulations de pluie de diverses intensités sur un modèle réduit de chaussée dans différentes conditions d’applications du lait de chaux. Les analyses des eaux de lessivage de ce pilote ont servi à déterminer les différents leviers pour réduire les éventuels impacts environnementaux : affinage des dosages superficiels du produit à épandre, optimisation du temps de séchage et nombre d’épandages.
La troisième phase s’est résumée à l’application du produit in situ sur une portion de route circulée, soumise au ressuage et proche d’un exutoire afin d’effectuer un suivi physico-chimique et hydro-biologique triennal d’un cours d’eau témoin. Les résultats du suivi écartent l’évidence d’un impact du produit sur la qualité physico-chimique des eaux de surface.
Ainsi, l’étude réalisée a permis de statuer sur un dosage minimal de suspension de lait de chaux qui garantit d’une part l’efficacité du traitement contre le ressuage et d’autre part un impact environnemental faible voire inexistant sur les eaux de surface situé à proximité des routes rurales, conduisant à la généralisation de cette solution dans de nombreux départements français.
Rémi Reiff dans la catégorie « Jeunes professionnels » pour son article sur l’élaboration de plans d’ actions dans la mise en place d’un programme de viabilité hivernale durable.
Résumé de l’article
Le site préférentiel d'alimentation du gisement hydrominéral d'evian est reconnu d'importance internationale et est protégé vis-à-vis des chlorures au travers d’une convention cadre relative à la maîtrise environnementale de l'entretien routier en période hivernale. Ce programme est piloté par l'Association de Protection de l’Impluvium de L’Eau Minérale evian (APIEME), expérimenté et mis en œuvre par le Département de Haute-Savoie et les 13 Communes membres de l’APIEME.
Le territoire se situe dans les Alpes sur les bords du lac Léman. La rigueur hivernale est très hétérogène, allant de « rigoureux » sur les hauts avec la présence de stations de ski, à « clément » sur les bords du lac, ce dernier exerçant une forte influence.
Afin de poursuivre la dynamique engagée depuis plusieurs années, le Cerema (Centre d'études et d'expertise français sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement) a été missionné pour accompagner les communes de l’APIEME en proposant des plans d’actions à mettre en œuvre à court et long terme pour réduire l’épandage de chlorure de sodium.
En 2021, un état des lieux et plan d’actions ont été établis sur les communes rurales de la zone d’infiltration, puis en 2022 sur les communes sur lesquelles se situent des émergences de l’eau minérale naturelle evian, plus urbanisées.
Une stratégie cohérente sur l’ensemble du territoire et qui vise à renforcer les liens entre usagers, élus et services techniques est proposée en se basant sur les forces et points de progrès identifiés : formaliser l’organisation vers une viabilité hivernale durable, avec le renforcement des plans de salage existants (épandage uniquement sur les zones à enjeux) pour les communes d’infiltration et le passage à un salage adapté (sel en grain et saumure) pour les communes d’émergence.
Les plans proposés sont composés d’une trentaine d’actions sur différents thèmes :
- Pilotage du programme
- Organisation (révision des documents d’organisation, suivi des interventions…)
- Création d’un réseau des déneigeurs durables (club viabilité hivernale, journées blanches…)
- Matériels (étalonnage, plan de renouvellement, expérimentations…)
- Matériaux (conditions de stockage, livraison, abrasifs…)
- Communication (création d’un label…)
- Formation
Un potentiel de réduction a été calculé en mesurant l’écart entre les consommations réelles de sel de ces dernières années et une consommation basée sur un salage théorique. Il fait apparaître des potentiels de réduction situés entre 50 et 70% à l’échelle de la zone d’action.
Prochain RDV à Chambéry pour le 17ème congrès de la viabilité hivernale et de la résilience des infrastructures en 2026
PIARC donne son prochain RDV à la communauté routière internationale à Chambéry pour le 17ème congrès de la viabilité hivernale et de la résilience des infrastructures du 10 au 13 mars 2026.
Le Cerema très investi sur ces 2 sujets sera particulièrement mobilisé.
de gauche à droite : David Zambon, directeur général adjoint du Cerema et directeur technique Infrastructures de Transport et matériaux, Thierry Repentin, Maire de Chambéry, Président de Grand Chambéry et membre du conseil d'administration du Cerema, et Eric Ollinger, président PIARC France