Cet article fait partie du dossier : Foncier économique : les travaux du Cerema
Voir les 21 actualités liées à ce dossierLes zones et périphéries commerciales et urbaines sont devenues des espaces monofonctionnelles confrontés à la dégradation de leur attractivité (une baisse de leur rentabilité par mètre carré) et à un développement de la vacance des magasins hébergés dans de nombreuses galeries commerciales sous les effets conjugués du développement des achats en ligne et de la suroffre commerciale depuis un quinzaine d’années.
Quels outils pour une évolution cohérente des zones commerciales ?
L’adoption de la loi Climat & Résilience a apporté une première réponse législative à ce phénomène en durcissant les conditions de création de nouvelles surfaces commerciales sur l’ensemble du territoire puisque celles-ci sont désormais sujettes à des autorisations d’exploitation particulières afin d’éviter leur expansion et l’artificialisation des sols supplémentaires.
L’Institut pour la ville et le Commerce qui réunit des entreprises, des centres de recherche, établissements publics et des collectivités, et dont le Cerema est adhérent, organise un cycle d’ateliers sur le recyclage foncier à destination des acteurs de l’aménagement et du commerce. Le Cerema est par ailleurs partenaire de l’Institut pour la Ville et le commerce sur ce cycle d’ateliers déjà organisés en 2021 à Paris et à Poitiers. Une prochaine session aura lieu le 23 juin à Metz.
La journée du 5 avril à Lyon était destinée à partager les points de vue et retours d’expérience sur le thème "Le devenir des zones commerciales au prisme des défis environnementaux et logistiques", à travers un atelier co-animé par Nicolas Gillio et Pascal Madry, directeur de l'Institut pour la ville et le commerce.
Lors de cet atelier plusieurs acteurs publics et privés sont venus témoigner de leurs projets et de leurs opérations afin de recycler le foncier commercial en lien avec le développement de la logistique urbaine durable sur les territoires.
Hélène de Solère, pilote au Cerema le programme InTerLUD (Innovations Territoriales et Logistique Urbaine Durable) a présenté la démarche et ses enjeux. L’objectif d’InTerLUD est d’accompagner des intercommunalités pour définir et mettre en œuvre un plan local d’organisation des circuits logistiques de manière à décarboner le transport de marchandises et réduire les flux de circulation. L’’importance de la concertation avec les différents acteurs de logistique urbaine a été soulignée.
David Poudret de la CCI Lyon-Roanne-Tarare a présenté une étude sur l’évolution des comportements d’achat des ménages, notamment leurs déplacements dans les zones commerciales et le profil des consommateurs qui les fréquentent.
Deux études de cas de réhabilitation de zone commerciale
Les métropoles de Grenoble et de Lyon ont apporté leur éclairage sur l’usage des outils de la planification urbaine et des orientations stratégiques par l’intermédiaire d’Axelle Violleau (Grenoble) sur la zone commerciale de Comboire, puis du cabinet Etixia pour celle de Clermont-Ferrand.
Deux opérations de requalification de zones commerciales visant à mieux les insérer dans la ville ont été présentées :
- Comboire à Echirolle près de Grenoble où l’espace est contraint (zone de montagne, zone inondable…): la zone commerciale sera rénovée grâce à une planification inscrite dans le PLUi. Une étude de réhabilitation de l’espace public de cette zone a été menée, pour un réaménagement en profondeur à partir d’une réflexion collective, intégrant les modes actifs, des espaces publics de qualité végétalisés, des espaces de convivialité, des services, la requalification d’une esplanade…
- A Clermont-Ferrand, le projet de réhabilitation est orienté vers la multifonctionnalité, la complémentarité avec le centre-ville et le développement durable. Des usagers, habitants du quartier proche et acteurs économiques ont été sollicités, pour dessiner l’identité d’un espace agréable à vivre avec beaucoup de végétation et une mixité de fonctions au-delà du commerce (co-working, crèche, pôle médical, poste, activités sportives…).
D’autres témoignages tels que ceux du groupe Frey et de Nhood, filiale d’aménagement et de promotion de Ceetrus, ou encore de la commune de Montigny les Cormeilles et de l’EPA Sénart ont mis en évidence les pratiques et les difficultés pour engager des opérations de ce type. Plusieurs années sont nécessaires pour amorcer la mutation de ces espaces et répondre aux besoins des habitants et des usagers sur ces zones qui ont longtemps été présentées comme l’archétype de la "France moche".
Le Cerema travaille depuis quelques années déjà sur la restructuration et la mutation des périphéries commerciales puisqu’il a été en assistance à maitrise d’ouvrage du MTE pour l’appel à projet "Repenser les périphéries commerciales" entre 2019 et 2020, puis, il a intégré le groupe de travail présidé par le Préfet Rollon Mouchel-Blaisot sur les entrées de ville commerciales dans le cadre de la mission qui lui a été confiée par le cabinet de la Ministre de la Cohésion des Territoires.
Enfin, le Cerema réalise différentes missions de R&D pour des opérateurs privés engagés dans la requalification de zones commerciales (Etixia, Nhood) et des collectivités. La recherche d’un meilleur équilibre entre centre-ville et périphérie, le développement des circuits courts et la montée inexorable du e-commerce sont les principales tendances face auxquelles les collectivités cherchent des solutions et pour lesquelles le Cerema peut apporter une expertise (logistique urbaine, ingénierie territoriale, gestion des espaces publics, revitalisation, identification des friches).
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