9 décembre 2021
Bruit de chantiers
Geoffrey POT
Organisé par le Cerema Normandie-Centre dans le cadre de ses Conférences Techniques Territoriales, ce webinaire a réuni, le 16 novembre 2021, plus de 50 participants, élus et techniciens de collectivités, représentants de l’État et établissements publics. Les chantiers d’infrastructures de transports terrestres sont sources de multiples nuisances (emprise de l’espace public, poussières, vibrations, odeurs, …). Pour limiter leur impact, il est nécessaire de les anticiper.

L’intégration de la dimension environnementale au plus tôt et tout au long de la vie d’un projet doit permettre d’améliorer la situation. La nuisance la plus souvent citée par les riverains concerne le bruit. Il y a donc un véritable enjeu à la prise en compte de cette source de gêne, notamment pour les chantiers en milieu urbain. 

La réglementation existante

Le Cerema a dressé un état des lieux de la réglementation actuelle sur le bruit des chantiers d’infrastructures de transport. Il a rappelé les différentes sources réglementaires : code de l’environnement, code de la santé publique, code du travail et directive européenne pour les bruits émis par les engins de chantier. Contrairement aux bruits émis dans l’environnement par les infrastructures de transports, les bruits de chantiers ne sont pas régis par des seuils de niveaux sonores à ne pas dépasser. Néanmoins, un chantier public ou privé, ne respectant pas certaines conditions de fonctionnement, peut être soumis à une contravention de la cinquième classe.

 

Bruit des chantiers : comment les mesurer ?

Le Département de Seine Maritime et le Cerema ont présenté conjointement les résultats d’un partenariat R&D ayant pour objectif de développer un protocole pour mesurer le bruit et la gêne sonore ressentie par les riverains de chantiers routiers. Les deux acteurs ont exposé la méthodologie mise au point ainsi que les premiers résultats obtenus pour les phases les plus bruyantes de deux chantiers tests.

Une combinaison d’indicateurs acoustiques innovants a été employée afin d’aboutir à la création d’une note globale de confort acoustique sur 5 points. L’objectif de cette étude est de proposer une méthodologie de mesure des bruits de chantier qui puisse être reproduite sur différentes typologies de chantiers d’infrastructures de transports terrestres du département présentant un enjeu lié au bruit, et plus largement à plusieurs collectivités au niveau national.

🔗 Une belle histoire de partenariat avec le Département de la Seine-Maritime.

Après un état des lieux de la réglementation sur les vibrations (risques de dommages aux structures et gênes aux riverains), le Cerema a ensuite présenté les résultats de suivis acoustiques et vibratoires de deux chantiers :

  • un chantier d’allongement d’écluse sans coupure de la navigation,

  • un chantier pour la réalisation d’un passage pour personnes à mobilité réduites (PMR) sous les voies d’une gare.

Différentes techniques d’enfoncement de pieux et palplanches ont été mesurées et caractérisées en termes d’acoustique et vibrations : le vibrofonçage, le battage et le verinage. Du point de vue acoustique, le battage est la technique la plus bruyante devant le vibrofonçage et le verinage, nettement moins impactant pour les riverains mais très peu utilisé en France.

La start'up COM’IN est intervenue par la suite pour exposer sa solution de maîtrise des impacts environnementaux des chantiers. Leur solution s’appuie sur 2 éléments complémentaires :

  • le monitoring basé sur un réseau de capteurs intelligents (bruits, qualité de l’air, vibrations, etc) dont les résultats et alertes de dépassement de seuils sont transmis sur une plateforme accessible par les opérationnels du chantier,

  • l’information et la communication auprès des riverains via une application web ou mobile.

Le capteur acoustique multi-sources est capable de reconnaître les 30 sources de bruit les plus fréquentes sur un chantier mais également de les localiser. Le capteur Méduse 360° ajoute la visualisation de la source.

Puis, l'entreprise SNCF Réseau a pris la parole pour un retour d’expérience concernant l’application de la solution COM’IN dans le cadre d’un chantier de suppression de passage à niveau. L'entreprise a souligné l’intérêt de la solution qui est adaptable à la carte au besoin de la maîtrise d’ouvrage.

Bruit des chantiers : comment les limiter ?

Le Cerema a exposé les différents moyens d’action pour limiter le bruit et la gêne ressentie par les riverains de chantiers. Au-delà des solutions techniques connues, la présentation a insisté sur la prise en compte du sujet bien en amont du chantier (consultation des entreprises et organisation du chantier), et l’importance d’une bonne information et communication auprès des riverains. Un plan de sensibilité au bruit permettra de déterminer les zones sensibles du site d'implantation du chantier. Ce plan peut s'établir en fonction de différents critères comme la sensibilité des locaux et la présence de sources de bruit existantes. Il permettra de mieux gérer l’implantation des matériels bruyants fixes ainsi que les déplacements liés au chantier.

▶ Maîtrise du bruit des chantiers de construction des infrastructures de transports terrestres.

le coût des effets de santé du bruit de chantier

Le Commissariat Général au Développement Durable et France Stratégie ont présenté de concert les résultats d’un groupe de travail qui s’est intéressé au coût des effets de santé du bruit de chantier. L'objectif est de concevoir un jeu de valeurs monétaires facilement utilisable par un porteur de projet pour évaluer le coût, pour la santé, du bruit de la phase chantier, dans le cadre d’une évaluation socio-économique ex ante de son projet.

 Ainsi, les présentateurs font part de leur réflexion prospective en matière de résorption des nuisances sonores et de compréhension de la place du bruit parmi les différents problèmes qui affectent la qualité de vie.


▶ Replay du webinaire à venir ◀