Via l’application, en marchant au bord de la mer ou au pied des dunes, le contributeur enregistre la trace GPS de son smartphone. Ces données sont ensuite transmises au Cerema, qui les traite de manière sécurisée, et les partage sur la plateforme Géolittoral.
Rivages permet ainsi de constituer une base de données de relevés du trait de côte à grande échelle, utilisée afin de déterminer si le littoral avance, recule ou reste stable.
En impliquant le grand public dans la surveillance du littoral, l'application de sciences participatives Rivages joue un rôle en matière de sensibilisation aux problématiques liées au littoral telles que l’érosion et la protection de cet espace. En 3 ans, 700 km de plages ont été parcourus, et 5.500 photos géolocalisées ont enrichi la base de données.
On dispose désormais de contributions dans toutes les régions et collectivités d'Outre-Mer dans les Antilles et l'Océan Indien, avec pour certaines îles une couverture à 100% du littoral, ainsi que d'une dizaines de pays étrangers.
En France, la façade Méditerranéenne est la mieux couverte, et le Cerema lance un appel aux vacanciers qui se trouvent dans les Landes, en Bretagne et au bord de la mer du Nord pour compléter les données.
Frédéric Pons, qui pilote le projet, explique "Une fois à la plage, il suffit de marcher le long de la mer si l'on est en Méditerranée, ou sur une autre marque du trait de côte au bord de l'Atlantique et de la mer du Nord, comme la bordure de végétation ou le pied des dunes, et de prendre des photos. Les données sont géolocalisées et apparaissent sur une carte par un trait bleu foncé. La limite terre-mer 50 ans plus tôt est quant à elle matérialisée par un trait d'une autre couleur. Cela permet de déterminer le recul ou l'avancée du trait de côte, un phénomène qui peut être évalué au niveau d'une plage ou d'une région".
Des données précises pour comprendre le phénomène de l’érosion côtière
La participation du public permettra d’obtenir un grand nombre de données en complément des approches existantes, et avec une couverture géographique et une fréquence plus importantes que lors d’une opération de terrain classique.
L’application permet d’effectuer des relevés sur tous les types de plages, qu’elles soient à faible ou à forte marée, par exemple :
- Sur une plage à faible marée comme en Méditerranée, le relevé du trait de côte s’effectue à la limite entre la mer et la terre.
- Sur une plage à forte marée, comme on en trouve en Bretagne, le relevé doit être réalisé à la limite entre la plage et la végétation, ou bien au pied des dunes.
L’application est simple à utiliser : le bouton play pour démarrer ou arrêter l’enregistrement, le bouton envoi pour envoyer le fichier. Il est possible aussi de prendre des photos pour illustrer dans quel contexte le relevé est effectué. Celles-ci seront jointes à l’envoi.
L'application RIVAGES pour relever le trait de côte avec son smartphone
Pourquoi avoir créé cette application?
De nombreuses analyses sur l’évolution du trait de côte ne sont réalisées que sur des périodes de temps courtes (quelques années). Les résultats obtenus donnent une tendance biaisée car elle ne distingue pas l’évolution à long terme de l’évolution saisonnière qui peut être parfois spectaculaire.
Rivages a pour objectif de capter cette évolution saisonnière en permettant de passer avec une fréquence élevée sur un même secteur, en complément des suivis actuels du trait de côte qui garderont leur utilité. La quantité de mesures réalisées avec Rivages viendra compléter les mesures réalisées jusqu’à présent avec les autres moyens existants.
Une première version de l’application a été lancée à titre expérimental début juillet 2016. Elle avait pour vocation de faire des relevés sur les plages à faible marée. Depuis, janvier 2017, la plupart des types de côtes peuvent être relevés et un protocole complet a été fourni aux utilisateurs.
L’utilisateur a donc le choix du type de trait de côte à relever. À ce jour, une quarantaine de participants ont réalisé près de 400 envois de relevés comprenant un peu plus de 1000 traits de côte et 900 photographies.
Et maintenant?
Amélioration de l’application
Désormais l'application permet :
- l’envoi sur un serveur (au lieu du passage par mail) pour mieux automatiser les traitements et fiabiliser le transfert des données tout en gardant la possibilité à l’utilisateur de conserver les fichiers pour son utilisation propre.
- le développement sur d’autres systèmes d’exploitation de smartphone (IOS, Windows) afin de toucher un plus large public. Des questions d’ergonomie de l’application et de facilitation du protocole de sciences participatives constituent aussi des tâches de fond du projet.
Mise à disposition des données
La mise à disposition des données est aujourd’hui effective de deux manières, une visualisation sur le site Géolittoral et un téléchargement des données brutes. L’utilisation de ces données est sous licence ouverte Etalab.
L’outil cartographique est d’une grande richesse et permet de disposer de nombreux éléments comme une visualisation par type de relevés, une visualisation par date, une visualisation avec des traits de côte effectués dans le cadre de l’indicateur national, l’information sur le type de téléphone ayant effectué le relevé…
Exploitation des données
L’application Rivages et la mise à disposition des données sous forme cartographique permet d’appréhender visuellement des évolutions. Cependant, l’objectif est d’arriver à améliorer les indicateurs existants d’évolution du trait de côte prenant en compte ces données participatives.
Le Cerema a développé le logiciel MobiTC de mobilité du trait de côte, utilisé a minima avec deux dates pour définir l’indicateur national. Ce logiciel permet de "mélanger" des données de trait de côte produites avec diverses techniques d’acquisition et de fournir des résultats se basant sur la précision relative de chaque trait de côte.
Le travail le plus important est d’estimer la précision du relevé de traits de côte effectué, et de convertir ces informations ponctuelles et fournies à la seconde en information sur des segments. La qualité sera calculée par des méthodes prenant en compte la précision estimée du point par le smartphone mais aussi la vitesse de déplacement des piétons…