12 décembre 2019
Assises économie de la mer 2019 : salle de conférence avec nombreux participants
Le Cerema a participé les 3 et 4 décembre 2019 à Montpellier aux Assises de l’économie de la mer. Cet évènement annuel rassemble des acteurs importants du maritime. Le président de la République, accompagné de trois ministres, Elisabeth Borne (Transition écologique et solidaire), Didier Guillaume (Agriculture et Alimentation) et Annick Girardin (Outre-Mer),  a ouvert la 15e édition des Assises de l’économie de la mer.
bandeau des Assises économie mer"

Président de la République et Ministres aux Assises

Les Assises 2019 ont débuté par un discours d’Emmanuel Macron pour présenter sa vision du maritime dans les domaines de l’environnement à la pêche, des énergies marines renouvelables, de l’économie portuaire et au transport maritime. L’État agit pour protéger la biodiversité, le climat et limiter les émissions de gaz à effet de serre en conciliant écologie et économie.

La Ministre Elisabeth Borgne est également intervenue pour exposer l’engagement du Ministère de la transition écologique et solidaire pour la défense de la biodiversité marine, le développement des énergies marines renouvelables, et la transition écologique du transport maritime.

 

L’économie de la mer présentée en tables rondes, entretiens et ateliers

Elisabeth Borne au micro dans salle de conférence Assises économie de la mer 2019

Tables rondes, entretiens et ateliers autour de l’économie maritime étaient au programme de ces deux journées :

Le Cerema à la table ronde sur les énergies marines

Table ronde assises de la mer 2019

La table ronde sur les énergies marines traitait de l’essor et de l’acceptabilité de cette filière : “Les premiers chantiers d’éoliennes marines posées commencent, enfin, en France tandis que se profilent les éoliennes flottantes. Mais l’avenir de cette économie est lié à son acceptabilité. La recherche de concertation approfondie et de coactivités est une nécessité.

EDF, ENGIE, WPD Offshore, Naval Energies, RTE, le Comité national de la conchyliculture et le Cerema étaient rassemblés pour débattre de ce sujet, partager leurs expériences et présenter les projets en cours. Cette table ronde a fait ressortir les éléments suivants.

 

Des projets en construction

L’essor de l’éolien en mer est notamment souligné par l’avancement de plusieurs projets.

EDF a signé cette année des premiers contrats pour la construction du parc éolien de Saint-Nazaire. Le démarrage des travaux a fait l’objet d’un lancement officiel le 19 septembre et le parc éolien devrait fonctionner en 2022. Ce projet permettra la création d’emplois locaux, et produira l’équivalent de 20 % de la consommation électrique de la Loire Atlantique.

ENGIE fait partie du consortium du projet WindFloat Atlantic en cours d’installation au large du Portugal comprenant trois éoliennes flottantes de 8,4 MW.

Naval Energies fournira les flotteurs de la ferme pilote de Groix Belle Île. Les conditions du milieu sur cette zone correspondent aux conditions qui seront rencontrées dans 80% des cas pour l’implantation d’éoliennes flottantes. Le premier appel d’offres français est d’ailleurs prévu au large de la Bretagne. Il faut toutefois noter que le secteur de l’éolien flottant reste encore un secteur émergent qui nécessite une mobilisation des pouvoirs publics.

L’accélération et la réduction des coûts des parcs

Plusieurs dispositifs mis en place ces dernières années contribuent à l’essor de la filière : le permis enveloppe, la loi Essoc, l’objectif d’1 GW par an attribué d’ici 2014…

Le Cerema apporte un appui scientifique et technique, aux services de l’État, pour disposer, durant la phase amont au lancement de l’appel d’offre, du niveau de connaissance nécessaire sur le milieu marin. Le Cerema intervient pour produire ou suivre puis centraliser un ensemble d’études financées par l’État et RTE. Ces études sont menées dans un premier temps à l’échelle de macro-zones, pour bien identifier les enjeux du milieu puis à l’échelle des zones potentielles, délimitées à l’intérieur des macro-zones pour les appels d’offres, pour permettre aux candidats de l’appel d’offres de dérisquer en partie leurs offres.

 

parc éolien marin

 

La stratégie de la France pour le développement de l’éolien flottant, qui prévoit dans un premier temps la construction de 4 fermes pilotes et qui prépare d’ores et déjà le lancement d’appels d’offres commerciaux est importante pour l’essor de la filière. D’autres pays comme la Chine ou encore les États-Unis sont positionnés sur ce marché. Le soutien des régions pour avoir des objectifs plus ambitieux dans la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie ou encore pour le développement des ports pour l’installation et la maintenance des projets contribue à rendre la France compétitive au niveau mondial dans ce domaine.

Pour dimensionner le réseau électrique afin d’accueillir l’électricité produite par les parcs éoliens en mer des investissements seront nécessaires. Le schéma décennal de développement du réseau RTE présente ces évolutions. Depuis l’appel d’offres de Dunkerque, le rôle de RTE dans les projets éoliens en mer a été clarifié. RTE est désormais chargé de la mise en place de la sous-station en mer permettant ainsi d’adapter les plates-formes pour mutualiser le raccordement des parcs de différents porteurs de projet. L’État qui souhaite donner une visibilité pluriannuelle pour le lancement des prochains projets favorise ainsi la baisse des coûts pour l’ensemble de la filière.

Enfin, l’étude de l’Agence internationale de l’énergie parue en novembre 2019 prédit que l’éolien en mer sera la première source d’électricité en Europe d'ici 2040. Cette trajectoire est déjà visible puisque depuis 2010 l’éolien en mer connaît une croissance annuelle en Europe de 30 %. Plusieurs États ont déjà des objectifs ambitieux : par exemple l’Angleterre prévoit 30 GW d’ici 2030 et les Pays-Bas 12 GW. L’éolien en mer est une technologie fiable, abordable et propre pour s’intégrer dans le mix électrique d’une transition énergétique vers une économie décarbonée.

 

Un espace partagé au bénéfice de l’ensemble des acteurs

La distance d’environ 1 kilomètre entre chaque ligne d’éoliennes permet de créer un espace partagé au sein des zones d’implantation des projets. Il est alors indispensable de travailler avec les acteurs locaux pour définir les implantations des éoliennes et le passage des câbles.

EDF a mené un essai en mer avec les pêcheurs simulant l’implantation d’éoliennes et démontrant qu’il est possible de pratiquer les activités de pêche au sein d’un parc. Ce sera in fine les services de l’État qui définiront les pratiques de pêche et passages autorisés. L’objectif est bien d’assurer une cohabitation des usages et de développer des projets en comptabilité avec d’autres activités. Les discussions et travaux avec les associations locales peuvent amener le porteur de projet à modifier son projet pour s'intégrer au mieux dans le milieu existant.

Les sous-stations en mer installées par RTE permettront également le développement de co-activités pour établir des plate-formes multiusages qui pourront bénéficier à d’autres acteurs afin par exemple, de recueillir des données, d’effectuer des essais de technologies, d’accueillir des drones, de développer de l’aquaculture…

L’éolien en mer peut aussi être vu comme une opportunité de développement économique pour d’autres activités comme la conchyliculture afin de s’installer plus au large, le littoral étant déjà fortement occupé. En Allemagne, des tests sont menés pour effectuer du captage de moules et d’huîtres au sein des parcs.

Le développement de l’éolien flottant permettra de créer de la valeur locale en étant compétitif sur le marché mondial pour produire des flotteurs à grande échelle. Des ports pour l’installation des parcs seront alimentés par une chaîne d’approvisionnement développée sur l'ensemble du territoire.

Dialoguer et donner de la visibilité

Pour planifier les projets éoliens en mer, le Cerema a développé un outil d’aide à la décision constitué de données géographiques descriptives du milieu marin et de méthodologies d’analyses de ces données. À partir de cet outil, différentes informations peuvent être cartographiées : le gisement, les zones de potentiels techniques et les postes de raccordement RTE, les activités et usages (trafic maritime, activités de pêche, zones militaires…), les enjeux environnementaux (zones Natura 2000, parcs naturel marin, densités d’espèces, suivis d’individus…). Les données peuvent par exemple être classées en enjeux d’exclusion, forts, modérés. Des analyses multicritères plus poussées permettent d’identifier des zones plus ou moins sensibles avec l’implantation des projets.

Cet outil mis à jour pour chaque exercice de planification fourni, de manière objective et transparente, une connaissance de plus en plus exhaustive du milieu. Les données sont visualisables sur Géolittoral, le géoportail mer et littoral du Ministère de la transition écologique et solidaire dont l’administration est assurée par le Cerema. À plus long terme, cet outil pourra être complété en capitalisant les données de suivi du milieu au sein et à proximité des parcs pour établir un retour d’expérience des projets. Acquérir des données en mer est généralement plus complexe et plus coûteux qu’à terre mais est indispensable pour :

  • planifier le développement des projets ;
  • dérisquer les sites d’implantation d’énergies marines et dimensionner les projets à la fois d’un point de vue technique mais aussi en lien avec les autres enjeux du milieu ;
  • effectuer le suivi des impacts potentiels et vérifier l’efficacité de mesures environnementales ;

    imposées par la réglementation.

Les industriels recommandent de privilégier des échanges continus avec les acteurs. Il est important de donner de la visibilité et de rappeler ce que représente la filière. France Nature Environnement développe actuellement un outil intitulé “Eoloscope marin” qui vise à tirer vers le haut la qualité des projets et de la concertation. Le dialogue avec l'ensemble des parties prenantes est ensuite maintenu durant toute la vie d'un projet.