11 juin 2019
Terminal à conteneurs du port du Havre.
Arnaud Bouissou - TERRA
Le Cerema publie la synthèse des 8e Assises du port du Futur, qui se sont tenues du 25 au 28 septembre 2018. Un événement qui réunit les acteurs du domaine portuaire, pour échanger et partager les expériences autour des solutions innovantes et de l'avenir des ports français.

Logo Port du FuturA travers des séances plénières et des ateliers, les Assises du port du futur visent à partager une vision sur les ports français. Organisées par le Cerema et un réseau de partenaires [1], elles permettent également de promouvoir l'innovation dans le domaine portuaire. 

L'édition 2018 des Assises recouvrait plusieurs thématiques, toutes développées dans le document de synthèse:

 

Vision prospective du secteur portuaire français et européen

En matière d'enjeux pour les ports français, la question principale aujourd'hui est: comment faire aujourd'hui des développements portuaires massifs permettant de rester compétitifs dans un contexte d'incertitude économique? Paul Tourret, directeur de l’Institut Supérieur d’Économie Maritime de Nantes Saint-Nazaire (ISEMAR) a proposé un état des lieux de ces enjeux, dans un contexte de forte concurrence.

Ces enjeux portent sur la gouvernance, le développement spatial et le développement du foncier logistique, les évolutions du secteur industriel, l'investissement, les hinterlands et l'intermodalité, les enjeux en termes environnementaux (énergie, nuisances, gestion des sédiments...), l'écologie industrielle avec les acteurs locaux, et le concept de "smart port".

 

Partage d'expériences et réactions: quelle gouvernance pour les ports français?

Table ronde lors des assisesCette table ronde a montré que pour leur développement, les ports doivent s’ouvrir de plus en plus à l’ensemble de leurs parties prenantes et saisir les opportunités de coopération.

Pour répondre aux clients d’aujourd’hui et de demain, un port doit s’appuyer sur la communauté portuaire : l’autorité portuaire, la sécurité portuaire, les collectivités, l’État, les logisticiens et industriels de la place et citoyens.

Cette coopération permet de porter un projet commun au service de l’ensemble de la communauté et des clients à venir. L’enjeu principal réside dans la capacité à construire cette place portuaire.

Une logique de coopération, allant au-delà des frontières régionales voire nationales, doit émerger en prenant en compte toutefois les enjeux relevant de la politique commerciale du port, et ceux liés aux missions régaliennes. Il est par ailleurs noté qu’une solidarité entre les ports au niveau européen est notamment attendu par le ministère pour faire face aux conséquences du Brexit.

 

L'innovation pour les pôles de compétitivité (trophée innovation Port du Futur)

Présentation de FLUIDSLe trophée Port du futur était ouvert aux entreprises et laboratoires de recherche qui ont développé des solutions innovantes portées par un couple concepteur-utilisateur, s'adressant aux ports et à leurs partenaires dans l'ensemble de leurs activités. Huit projets ont été sélectionnés pour cette seconde édition.

La société MGH SAS dans la catégorie "innovation portuaire", pour le projet Green Pilot. Celui-ci vise à remplacer la propulsion thermique des pilotines (bateaux pilotes)par un système électrique.

BlueCargo Inc. a remporté le trophée Port du futur 2018 dans la catégorie "Innovation logistique" pour son projet BlueCargo qui propose aux opérateurs de terminaux portuaires et manutentionnaires une solution d’optimisation de la zone de stockage des conteneurs de marchandises.

Enfin, le "prix du public" a été remporté par la société AMME, avec le projet FLUIDS, une solution innovante et décarbonée de logistique urbaine pour la messagerie qui articule les modes fluvial et terrestre. FLUIDS propose un bateau entrepôt dédié en mesure d’assurer les étapes de préparation de tournées, d’accueillir les équipes logistiques, ainsi que de transporter les vélos-cargos utilisés pour le dernier kilomètre.

 

Des ports dynamiques pour répondre aux défis de demain

Cette table ronde a été l'occasion de présenter différents projets portuaires (Grand Port maritime de La Rochelle, Établissement Public Régional port de Sète Sud, projet commun entre la Région Bretagne, l'agglomération de Lorient et la SEM du port de pêche pour développer une filière des produits de la mer, Grand Port Maritime Guadeloupe Caraïbes, HAROPA Ports de Paris).

Les échanges ont fait émerger le constat que les ports ne pourront pas trouver seuls les réponses à l'ensemble des défis de demain. Il apparaît que l’importance pour le port du 21 e siècle est d’être au service du territoire, des entreprises comme des habitants, d’où la nécessité de connaître leurs besoins pour proposer des projets véritablement inclusifs, apportant une valeur ajoutée réelle et s’inscrivant dans des projets de territoire.

 

Construire et dynamiser son hinterland 

Terminal au Port de Rouen
Terminal au port de Rouen

Cette table ronde portait sur l'hinterland, et plus particulièrement sur sa construction et sa dynamisation. Plusieurs visions de l’hinterland, toutes très complémentaires ont été abordées au cours de cette table ronde. Plusieurs grands points se sont dégagés:

  • La nécessité d’une vision à l’échelle d’un territoire qui permet de fédérer les acteurs d’un hinterland autour d’une réalité géographique et économique, débouchant ensuite sur des projets collectifs.
  • L’importance pour les ports de créer des relations durables avec leurs clients ou avec les plateformes terrestres a été soulignée plusieurs fois, plateformes terrestres ou clients deviennent alors des relais qui permettent de développer l’hinterland vers des villes et des régions insoupçonnées.
  • Ne pas cloisonner l’hinterland des ports français strictement au territoire national.

 

Innovations pour concevoir des infrastructures respectueuses de l'environnement

La conception des infrastructures évolue grâce à l'innovation, dans un contexte de développement durable.

Différentes techniques qui permettent de répondre aux enjeux du développement durable ont été abordées au cours de cette table ronde, autour des questions de matériaux, de solutions technologiques d'entretien et de suivi des infrastructures, de contrôle de la qualité de l'eau, d'habitats artificiels pour les poissons, de nouvelles infrastructures, de logistique ou encore de modes d'organisation.

 

Solution innovantes de traitement et de valorisation des sédiments de dragage

Dragage de sédimentsLe traitement des sédiments de dragage (25 millions de tonnes par an) est une priorité dans le cadre de l'économie circulaire et de la réduction de la consommation des ressources. 

Par ailleurs, les régions doivent aujourd'hui élaborer un plan de gestion des déchets, et le dragage peut aussi être traité dans le cadre des documents stratégiques de façade. 

En matière de valorisation des sédiments, le Cerema a développé un référentiel pour les matériaux alternatifs destinés à la construction des infrastructures comprenant un chapitre relatif aux sédiments.Un référentiel similaire est en projet pour les travaux maritimes. Un autre guide publié récemment porte sur l'échantillonnage des sédiments marins et fluviaux.

Des solutions de valorisation des sédiments ont été présentées au cours de cette dernière table ronde:

  • Le port de Rouen valorise les sédiments déposés à terre, soit en les réinjectant dans les filières économiques (remblai, béton...), soit en déposant les sédiments trop fins pour être valorisés dans des carrières en fin d'exploitation, avec une couche de tourbe par-dessus.
  • Le port de Toulon a crée un centre de traitement des sédiments, équipé d’une lagune de réception des sédiments et d’une station de traitement d’eau qui permet d’éliminer toutes les eaux non liées.
  • Ont été présentés également les travaux de Port Camargue pour caractériser les pollutions des sédiments, puis leur traitement et utilisation, ainsi que le projet Sédibric, pour valoriser les sédiments sous forme de briques et le potentiel d’utilisation des sédiments de dragage pour l’industrie de la terre cuite.

Il apparaît que l'élargissement des filières de valorisation des matériaux dragués est une priorité économique, stratégique mais également physique. Se posera ensuite la question du changement d’échelle, nécessaire pour dimensionner une filière à l’échelle du gisement, ainsi que l’articulation de la filière avec les autres segments du marché, donneurs d’ordres, prescripteurs, architectes, assureurs …


[1] La Direction Générale des Infrastructures, des Transports et de la Mer (DGTIM) du Ministère de la Transition écologiques et solidaire (MTES), l’Union des Ports de France, les Pôles Mer, les Pôles de compétitivité Novalog et I-trans, le Cluster maritime français, le club territoire maritime et portuaire de la Fédération nationale des Agences d’Urbanisme.

 

Le site Port du Futur

Capture d'écran du site Port du FuturPour retrouver toutes les informations sur les éditions précédentes, celle de 2018 et l'édition 2019 des Assises du port du futur, rendez-vous sur le site web dédié. Il présente la démarche partenariale des Assises, les innovations qui ont été mises en avant et récompensées, les actualités.

La prochaine édition des Assises du port du futur aura lieu les 24 et 25 septembre à Lille, et elles seront organisées en partenariat avec le Port de Lille.

Parmi les grandes thématiques qui seront abordées de cette prochaine édition:

  • Hinterland et report modal
  • Partage d’expériences sur la logistique/distribution urbaine
  • Quel rôle pour les acteurs publics et privés dans le développement des ports ?
  • Ports distributeurs et producteurs d’énergie

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