Méthode natioanle d'évaluation des zones humides
Méthode natioanle d'évaluation des zones humides
© Onema, mai 2016
Le Cerema a développé, en partenariat avec l’UMS Patrinat AFB – MNHN – CNRS, une extension sur système d’information géographique pour appliquer la Méthode Nationale d’Évaluation des Fonctions des Zones Humides (MNEFZH) laissant entrevoir une appropriation plus facile , un temps réduit d'utilisation et une objectivité accrue des évaluations réalisées.

L’Agence française pour la biodiversité (ex-Onema), l’UMS PatriNat (AFB – CNRS – MNHN) et leurs partenaires ont publié en juin 2016 la MNEFZH. Elle est appliquée en métropole pour veiller au respect de la réglementation en vigueur durant la mise en œuvre de la séquence Éviter-Réduire-Compenser en zones humides. Elle permet d’évaluer si les pertes fonctionnelles sur un site impacté sont compensées par les gains fonctionnels sur un site de compensation après la mise en œuvre des mesures compensatoires.

L'analyse des données localisées pour décrire un site

Appliquer cette méthode requiert de mobiliser des données relevées sur le terrain (par ex. linéaire de fossés, habitats présents) et des informations géographiques spatialisées disponibles à l’échelle nationale. Les informations géographiques permettent de décrire objectivement l’environnement du site impacté et du site de compensation. En effet, la réglementation en vigueur requiert que les sites impactés et de compensation soient à proximité, dans un environnement physique et anthropique similaire. La méthode permet donc de le vérifier en décrivant :

  • les pressions agricoles, urbaines et industrielles dans la zone contributive du site impacté et du site de compensation. La zone contributive est l’étendue spatiale d’où provient vraisemblablement l’essentiel des écoulements alimentant les sites. Les activités qui y sont exercées ont notamment une forte influence sur les fonctions hydrologiques et biogéochimiques des sites (par ex. apports de sédiments et nutriments). La zone contributive de chaque site est délimitée par l’observateur avec une procédure manuelle sur SIG (ou semi-automatisée) indiquée dans la méthode. La BD TOPO© de l’IGN et le Registre parcellaire graphique sont ensuite mobilisés pour y décrire les pressions. Par exemple cela peut consister à vérifier qu’un site impacté n’est pas en aval d’une zone boisée, alors que le site de compensation correspondant est en aval d’une activité agricole importante.

  • le paysage des sites impacté et de compensation. Le paysage est délimité par un polygone d’un rayon de 1 km autour du périmètre de chaque site. La composition du paysage a une forte influence sur les fonctions « habitat » des sites (par ex. colonisation possible par des espèces). Une description visuelle du paysage par l’observateur ainsi que la BD TOPO© de l’IGN sont mobilisés pour y décrire les habitats et les corridors. Par exemple, il peut s’agir de vérifier qu’un site impacté n’est pas dans un paysage urbain de plateau (alimenté principalement par les pluies), alors que le site de compensation correspondant serait dans un paysage rural et alluvial (associé à un cours d’eau).

QGIS et le pouvoir des extensions

L’ensemble des données géographiques à mobiliser tout au long de la méthode doit faire l’objet de traitements géomatiques (découpage, calcul de surface ou de linéaire, etc.). Ces derniers peuvent prendre plusieurs heures, notamment pour des agents spécialistes des zones humides mais pas forcement à l’aise avec un logiciel de géomatique comme QGIS. Le caractère répétitif de ces traitements – à réaliser pour chaque site – n’ajoute aucun attrait.

À partir de ce constat, le Cerema a proposé à l’AFB et l’UMS PatriNat de développer une extension QGIS permettant d’automatiser une grande patie du travail géomatique. Initialement prévue pour QGIS 2.16 et 2.18, l'extension a aussi été réécrite pour QGIS 3 (elle fonctionne actuellement avec la dernière version QGIS 3.4.1).

L’interface de l’extension se compose ainsi de 5 onglets ayant chacune une fonction spécifique :

  • l’onglet « Créer une base » permet l’automatisation de l’essentiel des traitements spatiaux demandés par la méthode ;

  • l’onglet « Afficher les questions » permet de lire les calculs répondant à l’essentiel des questions posées par la méthode ;

  • l’onglet « Afficher le projet » permet d’afficher, sous un format projet Qgis, .qgs, des couches qui servent d’illustration et de contrôles post-traitements par photo-inteprétation ;

  • l’onglet « Rechercher une couche » permet de rechercher et d'afficher l’ensemble des couches créées par l’automatisation (onglet « Créer une base »).

Afin de faciliter son utilisation, l’extension propose un certain nombre de vérifications avant le lancement des traitements :

  • vérification du format des chemins ;

  • vérification de la géométrie des couches en entrée ;

  • vérification de la table attributaire du RPG (Registre Parcellaire Graphique) qui évolue au fil des millésimes ;

  • vérification de l’encodage de la BD TOPO® utilisée.

erreur spatiale (afb)
Vérification de la géométrie des .shp d'entrée
erreur encodage (afb)
Vérification de l’encodage de la BD TOPO® utilisée

 

 

 

 

 

 

 

 

sqlite et spatialite : une base de donnée géographique embarquée

L’extension MNEFZH utilise Spatialite, extension spatiale de SQLite disposant des fonctionnalités des données géographiques.

Dans l’onglet «Créer une base », après avoir rempli les champs demandés et appuyer sur le bouton « OK », l’extension crée donc une base de données SQLite au format .sqlite dans le dossier choisi à la ligne « Sélectionner un dossier pour l’analyse ». L’outil va ensuite créer l’ensemble des couches spatiales utiles à l’analyse et les stocker dans la base de données.

créer une base  (afb)
Création de la base et chaîne de traitement spatiaux

L’avantage du format SQLite est multiple :

  • toutes les couches créées sont stockées dans un seul et même fichier (.sqlite) qu’il est possible de déplacer, de supprimer ou de transférer à d’autres personnes ;
  • la base de données créée est accessible en dehors de l’extension MNEFZH et peut-être lue dans QGIS ou dans un autre client SQL ;
  • les traitements annexes sont facilités.

À partir des couches créées lors de l’analyse et stockées dans la base SQLite, l’outil permet ensuite (via l'onglet « Afficher les questions ») de réaliser les calculs et de les stocker dans une table (non spatiale) nommée « résultats », elle-même stockée dans la base. L’onglet « Afficher le projet » permet de charger dans QGIS les cinq couches principales de l’analyse. Elles sont affichées en respectant la sémiologie demandée par le guide de la MNEFZH. Enfin, dans l’onglet « Rechercher une couche », en renseignant le chemin de l’analyse souhaitée, l’outil liste l’ensemble des couches qui ont été créées ; il suffit alors de sélectionner une ou plusieurs couches puis de cliquer sur « charger la couche sélectionnée » pour les afficher, en un clic, dans la fenêtre carte de QGIS.

Afficher les réponses (Afb)
Lecture des résultats demandés par la méthode

développements en cours

Plusieurs développements liés à la méthode nationale d’évaluation des fonctions des zones humides sont aujourd'hui en cours :

  • Pour améliorer la première version de la méthode, une version 2 est en préparation et paraîtra en 2019. Plus complète, elle inclura notamment les zones humides littorales et les aspects relatifs au dimensionnement de la compensation écologique (par ex. comment prendre en compte le risque d’échec d’une mesure de compensation ?).

  • En parallèle, le Cerema développe avec l’AFB et l’UMS PatriNat un outil web qui proposera aux acteurs utilisant la méthode, de renseigner et stocker, dans une base nationale, l'ensemble des observations et des données utiles à l'évaluation d'un site. Cet outil permettra donc de calculer automatiquement les indicateurs de la méthode (aujourd'hui ces calculs se font via une feuille Excel) et de capitaliser l'ensemble des études réalisées au niveau national par différents acteurs (Etat, bureau d'étude, organisme de recherche, etc).

 

Auteurs : Guillaume Gayet ( UMS PatriNat AFB - CNRS - MNHN ) et Antoine Lemot (Cerema Centre-Est)