15 novembre 2018
Conférence Prisme
Les 10 et 11 octobre 2018, le Cerema a participé aux journées professionnelles du Club Prisme à Caen. Le Cerema a pu ainsi présenter les études qu’il mène depuis 2013 sur le patrimoine de la reconstruction en particulier en Normandie (Le Havre, Caen, Rouen et Vire), en vue d’étudier les possibilités de réhabilitation énergétique de ce parc de copropriété, tout en préservant leur intérêt patrimonial. L’expertise du Cerema dans ce domaine est actuellement mobilisée sur le patrimoine de la ville de Dunkerque.

Les enseignements des différentes études du Cerema relatifs à l’atelier « Réactiver la modernité »

Ce patrimoine a été conçu il y a maintenant 70 ans et, malgré ses nombreuses qualités techniques et architecturales bien identifiées aujourd'hui, il devient obsolète sur différents points. Son enveloppe thermique, ses systèmes de ventilation et de chauffage, l'usage de certaines parties communes ont besoin d’être remis au niveau des attentes et usages actuels. Requalifier ce patrimoine de la reconstruction, c'est le rendre attractif, concurrentiel et moderne. Ces bâtiments reconstruits possèdent encore de nombreuses qualités originelles et un potentiel important d'évolution. De nombreux éléments, modernes à l'époque (toiture terrasses, ventilation naturelle, espaces très lumineux, etc.) parfois oubliés ou perdus depuis, ne demandant qu'à être réactivés et complétés par des techniques du XXIème siècle pour rendre ces nombreux logements, pleinement adaptés à la demande actuelle et future. 

Patrimoine de la reconstruction

Le Cerema a pu présenter lors de cet atelier plusieurs des études qu’il a menées. Il a permis de mettre en avant quelques points de modernité des années 1950 à ré-exploiter aujourd’hui :

La luminosité
  • La luminosité : les appartements et parties communes sont lumineux de par les nombreux modes d'accès à la lumière naturelle pensés à la conception (briques de verre, grandes baies sur loggias ou balcon, grandes fenêtres dans chaque pièce). Les protections solaires ont en général été bien conçues notamment en cas de de fortes chaleurs. Cependant, les déperditions thermiques des menuiseries d'époque sont importantes. Il est important d’améliorer thermiquement ces parois vitrées tout en conservant les systèmes bien pensés de protection solaire.
Matériaux de construction
  • Les matériaux de construction : les nouveaux matériaux employés à l'époque (pierre de taille, briques, béton préfabriqués ou non) sont solides dans le temps, denses et procurent une bonne inertie thermique pour les logements mais aucune isolation thermique (bien qu'un double mur avec lame d'air existe dans la plupart des constructions de la reconstruction). Aussi, les structures sont propices aux ponts thermiques, surtout en cas d'isolation par l'intérieur. Il faut maintenant améliorer les enveloppes thermiques de ces bâtiments avec des solutions techniques d’isolation par l’intérieur intégrant la problématique des ponts thermiques (matériaux, ventilation) et en veillant à préserver un minimum d’inertie, favorable au confort d’été de ces logements. 
Ventilation
  • La ventilation : la modernité de l'époque. La ventilation naturelle était présente dans tous les logements pour les pièces de services comme les cuisines, les salles de bain et WC. La mise en place des conduits de ventilation individuels et de type Shunt a permis une amélioration considérable de la qualité sanitaire des logements. Cependant, ces types de ventilation ne permettent aucune maîtrise des débits (sur ventilation hivernale) entraînant des surconsommations énergétiques ou ont parfois été modifiées entraînant un mauvais renouvellement de l‘air des logements (suppression des grilles par la pose de meuble, de papier peint, etc.). Des études au cas par cas doivent être menées pour maîtriser ces débits via l’installation de systèmes mécaniques.
Chauffage
  • Les systèmes de chauffage : systèmes collectifs à eau chaude ou à vapeur, la distribution du chauffage était également présente dans tous les logements et toutes les pièces. Aujourd’hui, les systèmes sont obsolètes et peu efficaces, souvent très déséquilibrés créant à certains endroits des surchauffes et à d'autres des sous-chauffes. La problématique de vétusté de ces systèmes est souvent bien comprise des copropriétés qui les remplace par des systèmes plus efficaces. Cependant, il est important de rappeler aux propriétaires que l’isolation du bâti et le remplacement des fenêtres doit précéder (si la vétusté des systèmes le permet) le changement de chaudière, afin de bien dimensionner celle-ci aux nouveaux besoins énergétiques.
Toiture terrasse
  • Les toitures terrasses : les toitures terrasses ont été le témoin de la modernité architecturale de l'époque de la reconstruction. Aujourd'hui, lieux très techniques, ces espaces pourraient être retransformés et servir de tremplin à ces bâtiments avec des projets tels que la surélévation, la création d'espaces partagés, la création d’espaces verts avec production énergétique, etc.

Une étude en cours à Dunkerque

Dunkerque

 Les élus de la Communauté Urbaine de Dunkerque (CUD) ont constaté que les problématiques étudiées par le Cerema dans le cadre du plan de rénovation énergétique des bâtiments pouvaient être profitables pour le territoire dunkerquois en matière de réhabilitation énergétique des copropriétés, de reconstruction, et de redynamisation des centres-villes reconstruits.

Le Cerema travaille donc actuellement à la caractérisation du parc reconstruit Dunkerquois en vue de sa valorisation et travaille également sur des préconisations d'amélioration globale de l'habitat. En complément de l'approche bâtiment, un diagnostic habitat c'est-à-dire une étude du marché local et des profils d'habitants ainsi qu’une enquête menée auprès des acteurs publics locaux et des habitants du centre reconstruit sont mises en œuvre pour permettre de croiser l'ensemble des thématiques et guider au mieux les acteurs public et privés locaux pour la réhabilitation des bâtiments du centre reconstruit Dunkerquois.