13 juillet 2018
Affluence lors des journées nationales du management de la mobilité
Les 6 e Journées du Management de la Mobilité (JNMM), consacrées à « l’ère des nouveaux services », se sont tenues les 4 et 5 juillet 2018 à Toulouse. Plusieurs spécialistes du Cerema y sont intervenus, ainsi que le directeur général Pascal Berteaud, qui a rappelé l’aide apportée par le Cerema aux collectivités, dans le cadre des partenariats notamment.

Les 6 e Journées Nationales du management de la Mobilité ont battu leur record d’affluence : avec plus de 280 participants, ces Journées s’inscrivent de plus en plus comme l’évènement national de référence entièrement consacré aux management de la mobilité et aux dernières innovations qui en découlent.

Logo des journées nationales du management de la mobilitéElles ont permis, à travers des séances plénières et des ateliers, d’évoquer ces nouveaux services sous différents angles : accompagner les changements de comportement de mobilités, la place des modes actifs, le management de la mobilité dans les zones peu denses, les innovations sociales dans le champ de la mobilité, ou encore le développement du concept de "Mobility as a Service" (MaaS) (la mobilité conçue comme un service « sans couture » entre les offres publiques et privées).

Le Cerema a co-organisé ces JNMM avec l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe), le Centre national de la fonction publique territoriale (CNFPT), sans oublier le partenaire local, Tisseo Collectivités, autorité organisatrice des mobilités de la grande agglomération toulousaine qui regroupe 108 communes. Tout au long de ces deux journées, des innovations visant à réduire les déplacements et à répondre de façon maîtrisée aux enjeux de mobilité durable ont été abordées et présentées par les différents intervenants, dont le Cerema.

 

Le Cerema, l'ingénierie au service des territoires

Introduction des journées par Pascal Berteaud

Les Journées Nationales du Management de la mobilité ont été introduites par Jean-Michel Lattès, le président de Tisséo, et par Pascal Berteaud, le directeur général du Cerema. 

Jean-Michel Lattès a évoqué le projet Mobilités 2020.2025.2030 – priorité à l’emploi, qui vise à améliorer la desserte des zones d’emploi, avec notamment pour objectif de permettre une desserte par le réseau structurant de 65% emplois en 2025 contre 35% aujourd’hui. Ce projet comporte un important volet innovation, en lien avec la Smart City, qui a permis par exemple, via une collaboration avec le privé, d’offrir la 4G dans l’intégralité du métro toulousain.

Pascal Berteaud est intervenu ensuite, et a rappelé que le Cerema est aux côtés des collectivités pour les aider, via des partenariats, à développer de nouvelles offres de mobilité. Le directeur général a expliqué le positionnement du Cerema sur le champ de la mobilité : il est à la fois un expert public de référence sur le plan national et international, animateur de communautés métiers nationales, et présent auprès des collectivités pour les aider à trouver des solutions adaptées à leurs besoins. C’est par exemple l’objet de l’implication du Cerema dans le programme national French Mobility, qui vise à développer des solutions de mobilité innovantes dans les territoires, dans le cadre duquel il animera une plateforme de partage d’expériences.

En matière de nouveaux services à la mobilité, Pascal Berteaud a présenté l’action du Cerema :

  • En tant qu’acteur national, au bénéfice de l’ensemble de l’écosystème de la mobilité : Pascal berteaud a cité les travaux sur l’ouverture et la mise à disposition des données de transport, l’interopérabilité des systèmes, préalables indispensables au développement du MaaS (Mobility as a service), ou encore l’accompagnement des démarches innovantes d’approche des questions de mobilité par l’analyse des activités des personnes et des organisations.
  • Auprès des collectivités locales pour les aider à spécifier leurs besoins, les accompagner pour le montage et la mise en œuvre de leurs projets, l’évaluation. Le Cerema a développé un n ensemble d’offres de partenariats locaux pour construire avec les acteurs des territoires de nouvelles solutions sur le développement des modes actifs d’une part, les systèmes de covoiturage d’autre part.
  • Auprès des acteurs socio-économiques (entreprises, start-ups, mais aussi bureaux d’études, acteurs associatifs…), le Cerema aide à mettre en œuvre de solutions innovantes de mobilité, à les évaluer, voire à définir des spécifications permettant leur réplicabilité.

Une nouvelle gouvernance pour le management de la mobilité ?

Vélos en accès libre en villeBertrand Depigny, chargé de projet Gouvernance de la mobilité, est intervenu au cours d’un atelier sur le renouveau de la gouvernance du management de la mobilité.

Cet atelier a été l'occasion d'interroger le rôle de la planification territoriale dans le management de la mobilité, de montrer quelles synergies pouvaient exister entre les initiatives de la société civile dans le champ de la mobilité et les politiques portées par les collectivités locales, de mettre en exergue l'exemple bordelais de création d'un réseau de maisons des mobilités et d'analyser les formes de mobilité dans les territoires à énergie positive.

Ces interventions ont permis d'engager de nombreux échanges portant sur la question de l'articulation des compétences des différents niveaux de collectivités territoriales, des échelles pertinentes d'intervention sur les territoires ou encore de l'enjeu d'association de l'ensemble des parties prenantes au management de la mobilité sur le territoire (collectivités, entreprises, associations, usagers).

 

L’autopartage en territoire rural

Capture d'écran d'un article de France Info sur l'autopartage à PélussinMaxime Jean, du département Mobilités au Cerema centre-Est, a réalisé une intervention sur "L'autopartage : accompagner son développement sur un territoire rural" au sein de l'atelier du mercredi 4 juillet après-midi "Quel management de la mobilité dans les territoires peu denses ?".

Il a en particulier abordé plus en détail les expériences d'autopartage en milieu rural menées à Tinchebray et à Pélussin, du fait de l'originalité de leur montage avec un partenariat entre un opérateur privé et une structure publique. Ici, c'est la structure publique qui met à disposition un véhicule à partager et qui abonde les coûts d'exploitation pour assurer leur équilibre. Parmi les leviers de réussite :

  • la garantie d'utilisation régulière des véhicules via des conventions avec des entreprises ou structures publiques locales,
  • l'adaptation des tarifs à la clientèle rurale de particuliers et de professionnels,
  • l'intérêt d'un guichet sur place pour faciliter l'accès au service pour tous
  • l'avantage de l'insertion de l'offre d'autopartage dans un large réseau, en particulier pour la clientèle touristique.

Ces résultats paraîtront prochainement dans le cadre d’une publication Cerema, « L’autopartage : accompagner son développement sur un territoire ».

 

Accompagner le changement à partir de situations exceptionnelles

Périphérique de LilleUn spécialiste du Cerema Nord-Picardie, Joël Meissonnier, a présenté des travaux réalisés conjointement avec Cyprien Richer sur les changements de comportements possibles à la suite de situations de perturbation exceptionnelles.

L’organisation par le Cerema Nord-Picardie en 2014 d’un colloque international sur les « routines de mobilité » a confirmé l’intérêt de la recherche en sciences humaines et sociales pour cette thématique (Meissonnier, Richer, 2015)[1]. Les routines qui se construisent dans le temps apparaissent comme une pratique socio-spatiale indispensable et précieuse, par exemple pour gagner des marges de manœuvre dans la gestion du temps. Ainsi, l’injonction au changement de comportement ne peut pas faire l’impasse sur les conditions de construction et de réalisation des habitudes individuelles par ailleurs inclues dans un faisceau de contraintes collectives (travail, famille, …).

Avec ses partenaires (collectivités, recherche…), le Cerema poursuit son investissement sur les « Mobilités en transition » (Armoogum, Guilloux, Richer, 2015 [2]) en général et sur les évolutions des routines par le management de la mobilité en particulier. Ces travaux se réalisent en réponse aux besoins des territoires comme en témoigne le projet piloté par Joël Meissonnier « Heures de pointes, idées de pointes » co-financé par la Région Haut-de-France et la Métropole Européenne de Lille.

Une nouvelle perspective est aujourd’hui ouverte avec la construction d’une équipe-projet de recherche au Cerema s’intéressant aux perturbations des routines de mobilité. L’idée est de prendre en compte les situations dégradées comme des opportunités d’évolution des comportements de mobilité. C’est la question posée dans la contribution de Joël Meissonnier et Cyprien Richer aux 6èmes Journées Nationales du Management de la Mobilité : Dans quelle mesure les situations de crise ou les événements exceptionnels qui poussent à essayer des solutions alternatives peuvent-ils contribuer à l’évolution du comportement de mobilité quotidien en heures de pointe ?

Les résultats montrent que lorsque des situations de déplacement exceptionnelles surviennent, la disposition des salariés à essayer des solutions de transport ou des plannings alternatifs augmente. Ces situations donnent à la fois l’occasion de faire l’essai d’un nouveau comportement de déplacement et l’excuse de ne pas atteindre la destination aussi rapidement qu’en voiture. En obligeant les salariés à dépasser leurs routines de mobilités, les situations perturbées constituent potentiellement d’excellentes fenêtres d’actions pour le management de la mobilité et la promotion d’alternatives à la voiture solo.

 

Les espaces de coworking : quels impacts sur les pratiques de mobilité quotidienne ?

espace de coworking à San FranciscoEmmanuel Perrin, du Cerema Centre-Est, a ensuite présenté les travaux réalisés au sujet de l’impact du développement des espaces de coworking sur les déplacements en ville, lors de la séance plénière du jeudi 5 juillet 2018 après-midi.

En effet, les espaces de coworking connaissent depuis le milieu des années 2010 un développement croissant que ce soit dans les villes françaises ou dans les zones périurbaines et rurales. Si les collectivités territoriales appuient fréquemment ces initiatives au nom du soutien à l’économie locale et à l’innovation et l’économie locale, l’impact de la pratique du coworking sur les déplacements reste encore peu évalué. C’est la raison pour laquelle le Cerema Centre-est a réalisé des enquêtes quantitatives et qualitatives auprès d’utilisateurs d’espaces de coworking pour mieux appréhender cette dimension.

Il ressort de ces enquêtes que la réduction des déplacements est très rarement une raison essentielle dans le choix de faire du coworking. Il s’agit d’abord, de la part d’utilisateurs qui sont avant tout des travailleurs indépendants ou isolés, d’une volonté de rompre leur isolement et de rechercher des interactions sociales ou professionnelles. Le bilan sur la mobilité apparaît au final mitigé. Si certains utilisateurs fréquentent des espaces de coworking proches de leur domicile et en profitent pour s’y rendre en modes actifs ou en transports collectifs, pour d’autres la recherche d’interactions est synonyme de déplacements supplémentaires, qui se font quasi-exclusivement en voiture dès qu’on n’est plus dans le centre-ville d’une grande agglomération. Pour améliorer ce bilan, une des solutions consisterait à attirer davantage de télétravailleurs dans les espaces de coworking mais ceux-ci préfèrent généralement télétravailler à domicile.

 


[1] Meissonnier J., Richer C. (2015), « Métro-boulot-dodo : quoi de neuf dans nos routines de mobilité ? », Espace-Populations-Société, Édito du double numéro spécial, n°2015/1-2, en ligne. https://eps.revues.org/5931

[2] Armoogum J., Guilloux T., Richer C. (dir.) (2015), Mobilité en transitions Connaître, comprendre et représenter, Cerema-Ifsttar, ed. Cerema coll. Rapport d’études et de recherches, Mars 2015, 312 p. http://www.certu-catalogue.fr/mobilite-en-transitions-connaitre-comprendre-et-representer.html