22 mars 2018
Quand l'espace public créé de la donnée
Pour mieux connaître l'espace public, les outils de mesures et de recueil des informations issues de l'usager se développent fortement. Il s'agit d'une dimension forte du numérique : documenter l'espace public à partir des usages, pour aider à la prise de décision ou à l'action.

Cet article fait partie du dossier "Enjeux du numérique sur l’espace public".

MESURER AUTOMATIQUEMENT LE REEL

Différents types de capteurs peuvent fournir des données relatives aux usages de l'espace public, dans le but d'améliorer ou d'optimiser le fonctionnement, ou pour préparer de nouveaux projets. L'exemple de l'expérimentation de la Place de la Nation, à Paris, permet d'avoir une vision des dimensions et des enjeux de la captation de données. En prévision d'un réaménagement, plusieurs types de recueils de données ont en effet été mis en place :

  • des capteurs d'ambiance et d'état : qualité de l'air, températures, humidité...
  • le traitement de la vidéo pour compter les différents flux de déplacements ;
  • les connexions des usagers aux bornes wifi, pour estimer la fréquentation.

Si ces dispositifs permettent d'éclairer la décision publique, la question de l'utilisation de données personnelles, fournies passivement par les usagers, se pose. Ainsi les données vidéos sont par exemple détruites dès qu'elles ont permis le comptage des flux, qui se fait en temps réel. Toujours dans une optique de transparence, les données récoltées sont diffusées via le portail opendata de la ville.

 

RECUEILLIR L'INFORMATION AUPRÈS de l'USAGER

En parallèle au recueil de données automatique, il est possible d'inciter les usagers à fournir de l'information. Ainsi plusieurs villes et territoires mettent en place des applications pour permettre aux habitants de signaler des problèmes. L'exemple de Fix My Street à Bruxelles est tout à fait représentatif. Les usagers peuvent y signaler les défauts de la chaussée ou des trottoirs, les dysfonctionnements de signalisation, les problèmes liés au mobilier urbain, etc.

Là aussi la volonté de transparence est forte, et une carte donne accès à tous les signalements, et à leur état de traitement ("signalé", "en traitement", ou "clôturé").

Carte des problèmes signalés - Fix My Street Bruxelles
Carte des problèmes signalés - Fix My Street Bruxelles

 

UNE DocumentATION CITOYENNE DE l'espace public

De manière plus volontaire, voire militante, on voit se développer plusieurs projets relevant du crowdsourcing urbain (d'après le terme documenté par l'IDDRI). C’est le cas par exemple de la cartographie des espaces cyclables réalisée par La Ville à Vélo à Lyon, en se basant sur OpenStreetMap. Cette carte contributive détaille les types d'aménagements cyclables (bandes, pistes, voies de bus...) et le sens autorisé.

D'autres exemples existent, comme les Cartoparties accessiblité d'OpenStreetMap ayant pour but de recenser les dispositifs d'accessibilité dans l'espace public, ou encore l'application RIVAGES développée par le Cerema pour un suivi décentralisé du trait de côte. Il s’agit de démarches de documentation de l’espace public, dont la force est de solliciter une communauté d’usagers, qui peuvent ainsi restituer leur propre pratique de l’espace.

 

Ces différentes méthodes pour recueillir de l'information sur ou à partir de l'espace public ont en commun leur volonté d'améliorer la ville, et d'augmenter la transparence de l'action publique. La question de l'utilisation des données produites, en lien avec la protection de la vie privée, reste un enjeu fort. La démocratisation de la production de données peut également constituer un enjeu de pouvoir.

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