En 2021, les terres excavées et matériaux meubles non pollués représentent plus de la moitié du gisement (52%) de déchets produits par le secteur de la construction et de l’aménagement en Auvergne - Rhône-Alpes, soit 16 millions de tonnes. La prévention et la gestion de ce gisement de déchets sont des enjeux-clés pour la préservation des ressources naturelles non renouvelables, la réduction de la production de déchets, leur réemploi et recyclage.
La Métropole de Lyon s’est accompagnée du Cerema pour dresser un état des lieux du gisement de terres excavées sur son territoire et projeter des actions de planification de cette ressource pour les dix années à venir, en vue de créer une filière pérenne promouvant le réemploi et le recyclage.
Anticiper la gestion des terres excavées à l'échelle de la région
Cette étude, menée sur le périmètre métropolitain, se décline en plusieurs phases (1) un état des lieux du gisement des terres excavées et de sa gestion actuelle sur la période 2018-2022, (2) une mise en perspective à horizons cinq puis dix ans et (3) la proposition d’un plan d’actions en faveur d’une économie circulaire des terres excavées.
Etat des lieux du gisement de terres excavées et gestion actuelle :
- Dans un premier temps, il s’agit d’identifier les différentes natures, qualités et performances de terres excavées localement (matériaux alluvionnaires, roches massives, moraines, limons, argiles, etc.). En fonction de leurs natures et performances potentielles, les terres excavées sont réemployables ou réutilisables pour des usages en technique routière (remblai, couche de forme, tranchée), aménagement (plateforme d’activité, merlons, terres supports de culture) ou recyclables (granulats, enrobés ou bétons).
- Dans un deuxième temps, l’ensemble des installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE) en capacité de traiter les terres excavées est recensé dans un rayon de chalandise de 30 à 50 km de la Métropole de Lyon. Ces ICPE ont des activités de valorisation (concassage, criblage, chaulage, transit, regroupement, tri, recyclage, remblaiement en carrière) ou d’élimination (ISDI) des terres excavées.
Enfin, une estimation des tonnages de terres excavées annuellement par territoire (Figure 1) est réalisée sur la base de l’analyse des permis de construire et permis d’aménager et d’entretiens menés auprès des opérateurs de la Métropole (infrastructures de mobilité, voies cyclables, réseau d’assainissement, sociétés publiques locales, etc.) ainsi que d’autres maitrises d’ouvrage (réseau ferroviaire, réseaux d’énergie, etc.).
Figure 1 : Répartition géographique des tonnages de terres excavées générés lors d’opérations de construction et d’aménagement annuellement entre 2018 et 2022
Mise en perspective à horizons cinq et dix ans : Afin de planifier la prévention et la gestion des terres excavées, les natures et quantités de gisement sont projetées à horizons cinq puis dix ans, notamment par l’intégration des grandes opérations de construction et d’aménagement à venir.
Les points clés
Ces deux premières étapes permettent de constater :
- La qualité intrinsèque des terres excavées et leur capacité à être recyclées en construction d’ouvrage de génie civil et d’aménagement ou plus généralement valorisées dans des filières déjà existantes ou à mettre en place ;
- Le bon maillage du territoire en matière de traitement des terres excavées ;
- Les principales filières de valorisation de proximité traitant les terres excavées ;
- La capacité de la Métropole de Lyon à agir directement sur le gisement de terres excavées dont elle est maître d’ouvrage ;
- L’année à partir de laquelle l’écosystème des terres excavées métropolitain pourrait saturer en raison de fermetures d’ICPE et/ou de production de terres excavées conséquente lors de grands projets à venir sur un territoire non pourvu en installations de traitement.
Partant de ces principaux constats, le Cerema proposera un plan d’actions, permettant de répondre aux différents enjeux actuels ou à venir en matière d’économie circulaire des terres excavées. Ces actions opérationnelles devront être portées par les élus métropolitains, les services techniques de la Métropole en qualité de maîtrise d’ouvrage, les opérateurs de la Métropole, ou d’autres maîtrises d’ouvrage locales publiques ou privées.