15 juillet 2024
Vercors
Le 25 juin dernier, le Cerema organisait, à destination des lauréats d’Avenir Montagne Mobilités, un webinaire dédié à la concertation et la participation citoyenne. Croisant les regards d’experts et les retours d’expériences, cet évènement a permis de poser des jalons essentiels aux projets de mobilité.

 

Pourquoi mettre en place une participation citoyenne à l’occasion d’un projet de mobilité ? C’est la question à laquelle Gilles Bentayou et Karine Lallemand ont tenté de répondre dans un temps dédié à une présentation globale de cette question. Au-delà des exigences « obligatoires » de concertation, les temps et les raisons pour mettre en place une participation sont multiples : améliorer les connaissances, sensibiliser, recueillir de nouvelles idées… Selon les objectifs et les situations, de nombreux outils sont disponibles, de la réunion publique aux jeux sérieux, en passant par la pensée design ou les diagnostics en marchant.

 

Le travail de recherche-action mené à Loos-en-Gohelle, présenté par Marielle Cuvelier et Catherine Gabaude, est venu parfaitement illustrer cette approche. Dans une commune habituée à mettre en place des outils de participation, il s’agissait de construire une transition vers une mobilité plus durable, en testant deux hypothèses : l’échelle de la commune est un cadre pertinent pour mettre en place une dynamique de changement de comportement ; le numérique est un outil pertinent dans ce cadre. A travers des phases de diagnostic (mobilisant un questionnaire), d’ateliers, de défi, deux enjeux sont ressortis : la mobilité active et la mobilité inclusive et solidaire. Par ailleurs, la mise en place d’entretiens motivationnels a permis d’enclencher des phases de changement de comportement. In fine, il apparaît que la commune reste un cadre pertinent de participation mais que, dans le cas de Loos-en-Gohelle, l’outil numérique n’est pas le plus adapté à cette dynamique.

 

La participation à différentes phases du projet

Après ce temps d’exposition large des dynamiques de participation, deux exemples ont permis d’illustrer la participation à différentes phase du projet.

Tout d’abord, dans une phase stratégique, d’élaboration d’un plan des mobilités alternatives et durables. C’est ce qu’a présenté la communauté de communes du Val d’Amboise, qui a mobilisé de nombreux outils pour aboutir à ce plan : questionnaire, cartographie participative, panel citoyens, entretiens techniques, ateliers thématiques. Ainsi, le questionnaire et la cartographie ont permis d’affiner le diagnostic, alors que les entretiens et ateliers ont permis d’avancer sur la stratégie et le plan d’action. Au-delà de cette approche fonctionnelle, ce retour d’expérience fait aussi apparaître la diversité des publics à faire participer. Il s’agit d’une part des citoyens ou des collectifs organisés, mais aussi, dans une communauté de communes, de l’ensemble des acteurs institutionnels : région, département et communes, chacun ayant des compétences propres à mobiliser pour la réussite du projet.

 

 

 

 

 

 

L’expérience de la communauté de communes Vallée de l’Hérault porte sur une autre phase du projet, celui de l’élaboration d’un service, en l’occurrence un Transport à la Demande (TAD). Là encore, plusieurs outils ont été mobilisés : questionnaire, entretiens (auprès de citoyens, d’acteurs institutionnels, de transporteurs…) et des ateliers participatifs avec des élus, des partenaires et des usagers volontaires. C’est dans ce cadre qu’a été mobilisé la pensée design, et la volonté de centrer les ateliers sur « l’expérience usager », à travers la mobilisation de personas (jeune de moins de 18 ans, personne âgée...). Ceux-ci devaient permettre de regarder en détail le parcours d’un l’usager et de mieux cerner les besoins dans le cadre de la mise en place du TAD. L’ensemble de ce travail a permis de calibrer l’offre pour un service mis en place au 1er juillet 2024.

 

 

Quelle place pour les acteurs locaux ?

La participation n’est pas qu’une affaire de citoyen individuel ou d’élus à mobiliser. Des acteurs locaux, organisés, peuvent aussi s’inscrire dans cette dynamique. L’Agence Lozérienne de Mobilité aborde cette question à travers son expérience locale de montage de projets et d’accompagnement des chargés de mission mobilités sur le département. Camille Le Bras pointe ainsi la nécessité d’une bonne répartition des rôles entre les différents acteurs et pour mobiliser les bonnes personnes. Ainsi, dans un travail avec un PETR, celui-ci peut relayer vers les élus des communes et des communautés de communes, alors que l’ALM va se positionner auprès des acteurs associatifs et des collectifs. Les expériences portées par l’ALM montrent aussi l’importance d’une association des collectifs d’usagers, qui seront nécessaires pour porter le services et le faire vivre, particulièrement en milieu rural. Organiser le rapport entre ces différents acteurs (élus, collectifs d’usagers…) ayant des enjeux différents, des agendas différents, des temporalités différentes est une démarche essentielle dans une dynamique de participation.

C’est sur cette base qu’Alain Faure, directeur de recherche au CNRS, conclut ce webinaire par une prise de recul et le questionnement des pratiques. La montée en compétence et l’utilisation d’une méthodologie robuste, d’outils divers et multiples nécessite de rester vigilant quant à une trop grande professionnalisation qui masquerait certains enjeux (« On peut se laisser aveugler par notre professionnalisme »). De même, la place centrale laissée aux citoyens et à leurs ressentis ou leurs sentiments ne suffit pas à faire une politique publique. Cette parole citoyenne doit aussi être questionnée. Le triangle élu/expert/citoyen est au coeur de ces dispositifs de participation et l’enjeu principal est celui de la médiation entre ces différents points de vue, que la question de la seule méthodologie ne peut suffire à résoudre.

 

Le replay :

 

supports de présentation

Dans le dossier Le Cerema accompagne les territoires de montagne dans leurs transitions, en intégrant leurs spécificités et leur diversité

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