28 mai 2024
route secondaire
Pixabay
Les gestionnaires routiers ont besoin de connaître précisément l’état de leur réseau pour en optimiser l’entretien. Le Cerema a développé des méthodes pour l’auscultation et la gestion des réseaux routiers à différentes échelles. Des outils qui permettent aux gestionnaires d’anticiper et planifier les opérations d’entretien.

La connaissance du patrimoine routier permet d’en optimiser la gestion et l’entretien, en planifiant les interventions. Depuis quelques années, les méthodes numériques permettent de changer d’échelle dans l’entretien des routes, permettant une connaissance précise de l’état de l’ensemble d’un réseau routier. De nouveaux appareils à grand rendement peuvent scanner la surface de la route, et les méthodes d’identification des défauts ainsi que d’organisation des interventions d’entretien évoluent elles aussi.

Equipe SCRIM du Cerema

Le Cerema se positionne pour répondre à trois enjeux importants liés à l’entretien des routes :

  • disposer de méthodes simples et à grand rendement pour ausculter l’état des routes et identifier les dégradations, 
  • avoir des méthodes efficaces pour optimiser l’entretien.
  • définir des techniques d’intervention résilientes et à l’empreinte carbone limitée.

 

Le Cerema a mis au point des outils fonctionnels pour l’auscultation et le suivi des réseaux national et départemental, et développe actuellement une méthodologie pour l’auscultation et la gestion du réseau communal appelée GEVOC.

Ainsi, aujourd’hui, en France, plusieurs méthodes sont disponibles 
pour caractériser l’état d’une chaussée
et sont adaptées pour les différents types de patrimoine routier :
  • La méthode IQRN 3D, développée par le Cerema pour le réseau routier national. Cette méthode s’appuie sur l’outil Aigle 3D qui permet l’auscultation rapide des chaussées, et qui alimente une base de données depuis 2018.    
  • La méthode GRD, également développée par le Cerema pour le compte des collectivités locales notamment des départements, pour le suivi du réseau structurant.    
  • La méthode GERESE, également développée par le Cerema pour le compte des collectivités locales, adaptée au réseau secondaire.    
  • Une méthode en cours de développement pour le patrimoine communal, appelée GEVOC
  • La méthode DVDC (Durée de Vie Des Chaussées), développée par la communauté routière dans le cadre d’un projet partenarial national.

Fiabiliser les méthodes de caractérisation de l’état des chaussées

Dans le cadre de l’entretien des routes, la fiabilité des données et des matériels d’auscultation, qui se développent rapidement, est indispensable. Pour que les données obtenues par les différents prestataires, avec des appareils différents puissent être exploitées et comparées, le Cerema a défini une labellisation qui sera progressivement ouverte à tous les appareils de mesure, à la fois :

  • Pour les matériels qui permettent une auscultation non destructive et à grand rendement, générant un important volume de données. La labellisation doit garantir la fiabilité des données en assurant la reproductibilité de la mesure.
  • Pour les opérateurs, vis-à-vis de leur capacité à déterminer la validité de leur mesure et à pratiquer les essais.

Dans un premier temps, le Cerema a souhaité se focaliser sur des campagnes de tests avec trois types d’appareils de mesure destinés à mesurer : l’adhérence des chaussées, l’uni longitudinal et les dégradations de surface.

 

Article du Cerema au 27 e Congrès Mondial de la route sur la labellisation:

"Comment garantir la qualité de l'évaluation d'un réseau routier ?"

Le Cerema en lien avec les acteurs routiers pour définir de nouveaux standards

Par ailleurs, les référentiels techniques ne sont pas toujours adaptés aux dernières évolutions technologiques, et de nouveaux standards et indicateurs doivent être définis. Le projet de recherche Durée de Vie Des Chaussées (DVDC) auquel a participé le Cerema visait à définir des règles de description des dégradations, compréhensibles par tous, facilement quantifiables, pouvant être traduites simplement, et à localiser précisément les dégradations sur la surface de chaussée.

La méthode mise au point s’appuie sur un découpage de la surface de la chaussée en carrés élémentaires de petite taille (25 cm x 25 cm), dans lesquels les informations fournies par les systèmes automatisés sont synthétisées. Les dégradations comprises dans chaque maille élémentaire font l’objet d’une analyse supplémentaire pour exprimer un niveau de gravité par maille en fonction de seuils préétablis.

L’exploitation de ces informations permet de construire de nouveaux indicateurs qui permettent d’exprimer les quantités de dégradations par familles, en surface, en longueur ou en nombre à l’échelle de pas de 10 m de chaussée.

Des campagnes d’essais croisés de matériels LCMS et de mesures de déflexion ont été menées et ont permis d’améliorer la connaissance et la maîtrise de ces nouvelles technologies. L’objectif à terme sera de disposer de méthodes harmonisées et de données que l’on peut comparer, même si elles sont fournies par des technologies différentes.

 

Un besoin de gestion intégrée du patrimoine routier : GERESE pour la gestion du réseau secondaire

En complément des méthodes destinées à la gestion des réseaux national et communal, le Cerema a développé une méthode innovante pour aider les gestionnaires des voiries secondaires, comme les départements, à optimiser la gestion de leur patrimoine en évaluant et programment les travaux. Le projet GERESE (Gestion du réseau routier secondaire) a été mené en s’appuyant sur les retours d’expérience de 9 départements.

Cette méthode prend en compte, à travers des indicateurs dédiés, les données sur la chaussée ainsi que la signalisation, les ouvrages d’art et l’environnement de la route (accotements, assainissement…), ainsi que les acteurs, leurs différentes contraintes et les risques technologiques ou naturels liés à la gestion du patrimoine d’infrastructures.

Cette méthodologie d’auscultation et d’évaluation du patrimoine définit les indicateurs pertinents à suivre dans le cadre d’une évaluation innovante de l’état du patrimoine du réseau secondaire. Le gestionnaire sélectionne les indicateurs pertinents et chaque indicateur est évalué sur la totalité du réseau.

Le projet GERESE a aussi permis de mettre au point 
un processus décisionnel adapté au réseau secondaire à travers 6 composantes :
 
  • Technique : choix des techniques de travaux ;
  • Environnementale : impact des choix techniques sur l’environnement, le climat et les ressources naturelles. La dimension environnementale est prise en considération dans le choix des techniques de chaussées notamment (incorporation d’agrégats dans les couches en enrobés afin de préserver la ressource naturelle), dans l’entretien des dépendances vertes (interdiction ou limitation d’utilisation de produits phytosanitaires);
  • Budgétaire : coûts des travaux dans un cadre de plus en plus contraint ;
  • Exploitation : impact des travaux sur les conditions d’exploitation ;
  • Politique : pouvoir décisionnel des élus ;
  • Temporalité : période de l’année à laquelle les travaux peuvent être réalisés en raison de contraintes techniques (enduit superficiel d’usure, fauchage, curage de fosse, …), ou d’exploitation (période estivale dans les zones touristiques).
     

Article présenté au 27e congrès mondial de la route sur le projet GERESE :

"Adapter l'entretien de la voirie du quotidien aux nouveaux usages"