2 novembre 2022
Autocar BreizhGo dans un village du Finistère
Bus BreizhGo dans le Finistère - Wikimedia Commons
Écrire sa feuille de route, mettre en oeuvre des solutions, asseoir sa compétence mobilité en impliquant acteurs et habitants : tels sont les objectifs du plan de mobilité simplifié, un outil souple pour les AOM locales, à lancer avec un accompagnement. Alors que 53 % des communautés de communes sont désormais AOM locales, le Cerema présente les leviers d'action pour initier la démarche.

logo techni citésLa loi d’orientation des mobilités (LOM), n° 2019-1428 du 24 décembre 2019, a prévu que les autorités organisatrices de la mobilité (AOM) des collectivités de moins de 100 000 habitants puissent se doter d’un plan de mobilité simplifié (PDMS), dont le cadre juridique est volontairement réduit pour s’adapter aux spécificités du territoire.

Il s’appuie sur leur capacité à innover, fédérer, concerter et également créer des synergies entre la politique de mobilité et les autres politiques publiques, telles que l’urbanisme, l’environnement, la santé ou la politique sociale. Pour les collectivités de plus grande taille et soumises à plan obligatoire, le plan de déplacement urbain (PDU) devient le plan de mobilité (PDM). Cet article du Cerema paru initialement dans Techni Cités présente les outil pour le mettre en oeuvre...

 

L’essentiel

  • Le PDMS est conçu pour les villes moyennes et les territoires peu denses.
  • Le cadre juridique est simple, le contenu technique est libre.
  • Parmi les accompagnements possibles, un appel à partenariat à destination des villes moyennes est lancé par le Cerema.

Un outil à destination des AOM locales

Carte des AOM au 1er avril 2022
Carte des AOM au 1er avril 2022

Un peu plus de la moitié des communautés de communes ont pris la compétence mobilité, et sont devenues AOM locales au 1er juillet 2021. Ainsi, un chantier nouveau s’ouvre à elles. La possibilité de mettre en oeuvre un PDMS se situe dans la continuité directe d’une telle évolution pour une collectivité, afin de lancer une dynamique dans ce domaine.

C’est le chemin suivi par la communauté de communes (CC) Ardèche Rhône Coiron. Dans ce territoire, la compétence d’AOM a été prise afin de construire et mettre en oeuvre une stratégie de mobilité : Pour y parvenir, le PDMS s’est présenté comme l’outil naturel.

Il a pour enjeux notamment d’étudier les besoins de continuités de transport collectif, en lien avec les deux communautés d’agglomération voisines ou encore d’investir les déplacements domicile-travail en partenariat avec les grands employeurs à proximité.

Le PDMS n’est pas seulement l’outil de planification de la mobilité pour les territoires peu denses. Il intègre et reprend la plupart des principes de l’ancien plan de mobilité rurale (PMRU), en apportant un changement important. Il est destiné également aux territoires structurés autour de villes moyennes.

La communauté d’agglomération Ardenne Métropole, non soumise à obligation de plan de mobilité (ex-plan de déplacements urbain, PDU) avait néanmoins opté avant la LOM pour une démarche de PDU volontaire, du fait de sa population de plus de 120 000 habitants pour l’ensemble du territoire.

Mais elle a finalement élaboré un PDMS, qui s’est révélé une opportunité car plus souple qu’un PDM, car plus libre dans son contenu, et adapté à ses enjeux.

Il a en particulier permis une combinaison originale des politiques publiques, pour répondre à la fois aux besoins en logement et en déplacements, en rassemblant dans une même stratégie et un même document le programme local de l’habitat (PLH) et le PDMS.

Mémo

Le plan de mobilité en pratique

  • Qui : l’AOM locale ou à une échelle plus large (Scot, PETR), sur la totalité du ressort territorial.
  • Quoi : le contenu n'est pas défini par la loi, et les étapes usuelles sont conseillées (cadrage, diagnostic, stratégie, programme d’actions, concertation, mise en oeuvre).
  • Quelle concertation : au minimum, les consultations obligatoires et à la demande (trois mois), participation du public (trois semaines).
  • Quand ? non défi ni par la loi, mais à la suite de la prise de compétence mobilité paraît opportun.
  • À quel coût ? 30 000 à 60 000 euros environ.

Souplesse et adaptabilité

En milieu rural, ici à Saint-Martin-en-Vercors (Drôme), des alternatives à la voiture individuelle classique sont proposées : véhicule électrique, covoiturage, ou encore deux-roues motorisé.
En milieu rural, ici à Saint-Martin-en-Vercors (Drôme), des alternatives
à la voiture individuelle classique sont proposées : véhicule électrique,
covoiturage, ou encore deux-roues motorisé.

Le PDMS est un outil simple. Son cadre juridique est réduit à l’essentiel. Non obligatoire, il ne nécessite pas d’enquête publique, ni d’évaluation environnementale. Il n’implique pas d’opposabilité ni de lien réglementaire de compatibilité avec d’autres documents de planification.

Les principaux impératifs réglementaires concernent son périmètre (l’AOM dans son intégralité) et le dispositif de concertation. Ce dernier est relativement peu conséquent et dans la plupart des PDMS réalisés ou en cours, les collectivités choisissent librement de dépasser ce cadre minimal de concertation.

Elles lui donnent une véritable dimension de mobilisation des partenaires et des habitants, intégrant ainsi cette vocation essentielle du PDMS : bâtir une démarche partagée. Cette participation est en effet intéressante à d’autres moments que celui de la concertation officielle.

En particulier à l’étape de l’établissement du diagnostic, afin de coconstruire et partager celui-ci, et à l’étape de la définition des actions avec les acteurs de la mobilité concernés – qui seront amenés pour partie à les mener et les financer.

Dans les Hautes-Alpes, la CC du Briançonnais a volontairement étoffé le dispositif de concertation de son PDMS. Confrontée à une gestion des transports collectifs partagée entre plus de dix acteurs, source importante d’insatisfactions, elle est allée à la rencontre de chacune des communes et a mobilisé à plusieurs reprises la conférence des maires.

Le contenu technique du PDMS est défini par son maître d’ouvrage. Contrairement aux plans de mobilité, où les thèmes à traiter sont impératifs, nombreux et très définis, dans le PDMS le choix des volets de la mobilité est à l’entière discrétion de la collectivité.

Cela permet de donner le champ libre à l’innovation locale, et de mettre à profit les ressources locales existantes.

La CC de Somme sud-ouest a ainsi pu investir les différentes familles de solutions de mobilité, tout en centrant son projet sur une innovation principale : la création d’une « plateforme de mobilité » en régie.

Celle-ci s’appuie en particulier sur la déspécialisation, soit l’ouverture à tous les publics du transport scolaire, mais offre également du transport extrascolaire, associatif et à la demande.

 

Les outils du Cerema :

 

Être accompagné dans sa démarche

Un accompagnement national est mis en oeuvre pour aider les collectivités à s’approprier cette démarche. Certains dispositifs sont développés plus spécifiquement à destination des territoires peu denses. Les cellules régionales d’appui France mobilités auxquelles le Cerema participe proposent un soutien en ingénierie pour développer des solutions innovantes, là où la voiture individuelle constitue le principal mode de déplacement.

Par ailleurs, l’appel à manifestation d’intérêt (AMI) "Territoires de nouvelles mobilités durables", dit Tenmod, apporte une aide technique et un financement aux territoires ruraux et périurbains. Dans son édition 2021, l’axe 1 a été consacré à la stratégie et à la planification de la mobilité. Vont ainsi être accompagnés des projets tels que la réalisation d’un PDMS et sa déclinaison en schéma des mobilités douces dans la CC de l’ouest vosgien ; ou encore l’élaboration d’une stratégie de mobilité ou d’un PDMS, qui vise une mobilité durable et inclusive pour tous les publics, dans la CC de Montesquieu (Gironde).

Pour répondre aux besoins spécifiques des villes moyennes, un partenariat "Plans de mobilité simplifiés en villes moyennes" est également être déployé par le Cerema et permet d'accompagner 8 territoires

La méthode de travail est basée, d’une part, sur le partage d’expérience des collectivités, et inclut, d’autre part, une participation du Cerema à leurs projets respectifs, par un apport individualisé d’expertise à chacune.

Des ressources méthodologiques et des connaissances sont disponibles en ligne pour les maîtres d’ouvrage, ainsi qu'un outil d'aide au diagnostic de mobilité en ligne, CapaMob.

Par ailleurs, un outil web pour réaliser un diagnostic ou prédiagnostic territorial de mobilité, préalable à la définition d’une stratégie, est actuellement développé par le Cerema pour une publication attendue en 2022.

 

Par Mathias Gent, chef de projet planification de la mobilité au Cerema

Dans le dossier Le plan de mobilité simplifié : les outils du Cerema

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