13 novembre 2023
Conférence sur la décarbonation
Cerema
Le 17 octobre 2023 le Cerema, en partenariat avec les réseaux AITF, ATTF, ADGCF et la délégation régionale Normandie du CNFPT, a organisé une conférence pour décrypter les enjeux de la décarbonation. Ce fut l’occasion de présenter tout à la fois des méthodologies d’approche, mais aussi et surtout de faire un retour d’expérience sur des solutions concrètes mises en œuvre sur le territoire normand.

Cette journée d’échanges réunissant cadres et techniciens de l’ingénierie publique a permis de partager des regards et expériences entre experts et praticiens.

Le fil conducteur de la journée était le suivant :

Alors que la France a pris du retard par rapport aux trajectoires de baisse d'émissions de CO2, comment décliner localement l'approche du GIEC « Eviter, changer, améliorer » en prenant en compte la diversité des territoires, de financement et d'acceptabilité ? ».

Face à la multitude de textes de référence (loi de programmation sur l'énergie et le climat (LPEC), Stratégie nationale bas-carbone (SNBC), plan national d'adaptation au changement climatique (PNACC), programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE)...), quels sont les leviers et les solutions techniques offerts aux collectivités territoriales pour limiter les émissions de gaz à effets de serre (GES) ?

 

Témoignages de collectivités qui ont engagé d’ambitieux programmes d’action

matériaux bio et géo sourcésLors de cette première table ronde, il a été rappelé que l'objectif de neutralité carbone de notre pays à l'horizon 2050 interrogeait directement les compétences des collectivités territoriales.

Parmi les leviers à leur disposition figurent notamment :

  • La mobilisation de filières régionales biosourcées dans le secteur du bâtiment
  • La mise en place de politiques de mobilité ambitieuses, passant par le développement de modes alternatifs et de nouvelles approches de la voirie et du partage entre modes
  • La renaturation et l'adaptation des espaces extérieurs pour atténuer les effets du changement climatique

La Région Normandie a rappelé tout d'abord que les matériaux en eux-mêmes constituaient 56% de l’impact carbone total d’un bâtiment (calculé sur sa durée de vie complète). L'accompagnement à la massification de l'emploi des matériaux bio et géosourcés dans les projets de construction et d’aménagement constitue donc un impératif pour agir en matière de décarbonation. Aussi, la Région met en place des dispositifs d’animation et de soutien ambitieux à destination de la maîtrise d’ouvrage publique.

La FFB et FIBOIS sont ensuite venus présenter les actions de conseil et d’accompagnement qu’ils mettent en œuvre au bénéfice des collectivités et plus largement de l’écosystème normand de la construction.

Le Département du Calvados a présenté plusieurs réalisations concrètes de construction de bâtiments publics bas carbone à coût maîtrisé, tenant également compte du confort d’été. Les réalisations concernent plusieurs typologies de bâtiments et ont permis le recours massif aux ressources de type bois, paille, terre. L’expérience montre des retours très positifs de la part des utilisateurs et des équipes impliquées dans la construction, même si le mode de faire habituel doit impérativement être « bousculé ». Le plan stratégique immobilier 2022-2028 va, en outre, permettre d’ancrer encore davantage ces approches dans les pratiques. Des sujets supplémentaires seront approfondis, comme l’imperméabilisation maîtrisée des sols (construction en étage, système drainant, végétalisation…), l’intégration de davantage de systèmes de production d’énergie renouvelable et de systèmes de refroidissement passif, etc.

L'Agglomération Seine Eure a ensuite témoigné de son expérience en matière de politiques de mobilité, en lien avec l’adaptation des infrastructures. Elle est partie du constat que le transport était, en France, l’activité qui contribuait le plus aux émissions de gaz à effet de serre. L’action en profondeur sur ce sujet a été abordé par la collectivité sous plusieurs angles : adapter les infrastructures de nos territoires, initier de nouvelles pratiques de mobilité bas carbone et repenser les différents modèles.

Enfin, la ville de Sotteville-lès-Rouen a fait un retour d’expérience sur l’aménagement et la renaturation de l'une de ses cours d'école. Initialement goudronnée et pauvre en végétation, la cour participait à l’effet d’îlot de chaleur ainsi qu’au ruissellement des eaux pluviales lors de fortes pluies. La réflexion sur les cours d’école s’est inscrite dans la continuité des démarches de transition écologique et d’adaptation au changement climatique engagées par la Ville. Elle a permis de mener simultanément une réflexion pédagogique et de diversification des ambiances proposées aux enfants lors des récréations (quiétude, activité physique, espace de rencontre, …).

 

exemples de méthodologies d’approche proposées par le Cerema pour adapter les territoires

pont en pierres en BretagneLe Cerema accompagne les collectivités territoriales dans la gestion des services publics et la transition, en apportant des méthodologies reconnues et une expertise adaptée à chaque territoire.

Cette table-ronde a permis d’aborder une sélection de trois sujets majeurs en matière de transition : les infrastructures routières, les ouvrages d’art et la réutilisation des eaux usées traitées.

Disposer de réseaux d’infrastructures de transport résilientes est aujourd’hui fondamental pour la viabilité de nos territoires. Pour cela, le Cerema a développé une méthode appelée "Gestion intégrée des patrimoines d’infrastructures" qui consiste à adopter une approche systémique à l’échelle des réseaux entiers. La préservation des ressources naturelles dans la construction et la réparation des infrastructures (utilisation de matériaux alternatifs, recyclage des chaussées, ...) ont été réaffirmés comme des leviers importants pour atténuer les effets du changement climatique.

La question des ouvrages d’art constitue une problématique de fond pour les collectivités, car le patrimoine en France est globalement vieillissant et mal catalogué. Il est en outre sujet à de nombreuses agressions quotidiennes (humidité, agents agressifs, mouvements de sols, affouillement, charges routières) ou exceptionnelles (incendies, séismes, crues, …) qui ont tendance à se renforcer avec les dérèglements climatiques. Inventaire, surveillance, diagnostics et réparation sont donc à mettre en œuvre, avec une action différenciée selon les ouvrages afin de conserver une soutenabilité budgétaire. Des repères sont donnés par le Cerema en matière de moyens à consacrer à la gestion, l’entretien et la réparation d’un patrimoine d’ouvrages d’art par une collectivité.

Enfin, alors que la France est sujette depuis ces dernières années à des épisodes de sécheresse durables, qui pourraient être encore amplifiés par le dérèglement climatique, la ressource en eau et les usages doivent être réinterrogés. La réutilisation d’eaux usées et non conventionnelles apparaît dans ce cadre une opportunité, mais qu’il convient d’aborder avec méthode. Le Cerema recommande ainsi, lorsque cela est approprié, d'avoir recours à la Réutilisation des Eaux Usées Traitées (REUT) qui constitue l’une des solutions locales possibles à mettre en œuvre pour répondre à des enjeux spécifiques du territoire ou s’adapter à des tensions saisonnières sur l’eau. Si la REUT fait partie des solutions pour assurer une disponibilité de l’eau en période de sécheresse, il est important de veiller à maintenir les équilibres écologiques, en particulier dans les milieux recevant habituellement les eaux usées traitées.

 

De l’analyse des mobilités aux solutions alternatives pour les habitants

vélos libre service et bus à lilleL’organisation des mobilités et les modes de transport sont au cœur de nombreux enjeux sociétaux : transition écologique, cohésion sociale et territoriale, ère du numérique… L'objectif est donc de proposer la mise en œuvre de politiques et services de mobilités efficaces, sobres et accessibles à tous, adaptés aux spécificités des territoires et aux besoins des populations.

La première intervention a permis de rappeler les déterminants de l’impact carbone des mobilités, à savoir la demande de transport, le mode utilisé, le remplissage des véhicules, la consommation énergétique de ces derniers et l’intensité carbone de l’énergie utilisée. La séquence méthodologique suivante est présentée : éviter / changer / améliorer. Une politique de mobilité efficiente doit intégrer l’organisation spatiale des différentes fonctions du territoire, l’offre de transport existante et les possibilités réalistes de report modal, mais aussi tenir compte des attentes des habitants et acteurs économiques, ainsi que des freins psychologiques au changement.

Les enquêtes de mobilité et les outils de modélisation peuvent constituer des aides à la décision pour les acteurs publics. Le Cerema a rappelé quelques fondamentaux à avoir en tête, pour bien choisir l’outil le plus adapté à la question à résoudre : données à collecte active ou passive, avec en regard la question de l’échantillonnage, mais aussi les différents types de modèles de trafic et de déplacement (statiques / dynamiques).

En dernier lieu, il est présenté quelques lignes de recommandations pour l’aménagement des espaces en faveur des modes actifs (marche et vélo). Après quelques repères sur la répartition des modes utilisés pour les trajets supérieurs ou inférieurs à 10km, les attentes des usagers des modes actifs sont rappelées. Ces éléments doivent conduire les collectivités à assurer la continuité des itinéraires et résorber les coupures, sécuriser les aménagements liés aux usagers et planifier les infrastructures dédiées aux modes actifs. L’approche par la qualité d’usage, les aménagements provisoires et l’action sur l’environnement des modes actifs figurent parmi les principales recommandations.

 

Visite des Installations du Cerema

Grâce au soutien du programme CY Générations, les sites du Cerema à Grand Quevilly (76) et Trappes (78) accueillent la création de laboratoires vivants, respectivement sur les solutions techniques d’adaptation au changement climatique et sur la désimperméabilisation.

Le site de 20 hectares de Grand Quevilly permet notamment d’expérimenter des solutions pour la transition dans le bâtiment et de décliner le concept d’urbanisme régénératif.

visite

 

PITCH D’ENTREPRISES DE L’ÉCOSYSTÈME CEREMA LAB

Cerema Labest un dispositif d'accompagnement technique et territorial mis en place par le Cerema au profit des startups et des PME innovantes, pour accélérer la mise sur le marché de réponses aux besoins opérationnels des acteurs publics.

L’appel à projets lancé en 2023 sur le territoire Axe Seine (IDF et Normandie), en partenariat avec l’ESSEC Business School, BPI France, Normandie Incubation et l’Incubateur La Turbine de Cergy a permis de retenir de nouveaux lauréats.

Plusieurs solutions ont été présentées aux participants.

 

Prendre en compte les enjeux de l’environnement et de l’accessibilité :

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